L’ancien président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva et Dilma Rousseff, qui lui a succédé au pouvoir, le 7 avril 2018. / NELSON ALMEIDA / AFP

Emprisonné depuis avril pour corruption, l’ancien président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva est mis en accusation dans une nouvelle affaire pour blanchiment d’argent au cours de transactions avec la Guinée équatoriale, a annoncé lundi 26 novembre le parquet de Sao Paulo.

« En utilisant son prestige international, Lula a influé sur les décisions du président de la Guinée équatoriale, Teodoro Obiang, obtenant ainsi le développement des affaires du groupe [de BTP] brésilien ARG dans ce pays africain », explique le parquet dans un communiqué.

Organisation criminelle

En échange, l’ex-président de gauche (2003-2010) aurait reçu 1 million de reais (environ 227 000 euros au taux de change actuel) de pots-de-vin sous forme de dons à l’Institut Lula, de septembre 2011 à juin 2012. Des accusations rejetées en bloc par l’institut en question : « Tous les dons reçus par l’Institut Lula sont légaux, dûment déclarés (…) et utilisés pour les activités de l’institut, sans aucune contrepartie. »

D’après le parquet, un cadre d’ARG « a demandé à l’ex-président de jouer les intermédiaires » avec M. Obiang pour que cette entreprise puisse poursuivre ses activités dans son pays, notamment la construction de routes.

Lula, 73 ans, purge déjà à Curitiba dans le sud du pays une peine de douze ans et un mois de réclusion. Il est accusé d’avoir reçu un appartement en bord de mer de la part d’une autre société de BTP, en échange de faveurs pour l’obtention de marchés publics. L’ancienne icône de la gauche brésilienne est également mise en cause dans cinq autres dossiers et clame son innocence dans l’ensemble de ces affaires.

Vendredi, l’ex-ouvrier métallurgiste a été inculpé d’appartenance à une organisation criminelle, au même titre que d’autres hauts dirigeants du Parti des travailleurs, dont l’ex-présidente Dilma Rousseff, qui lui a succédé en 2011 et a été destituée cinq ans plus tard.

Lula est accusé d’avoir été le chef de file de cette organisation qui aurait orchestré un vaste réseau de détournements de fonds de la compagnie pétrolière d’Etat Petrobras. Pour ses avocats, la mise en accusation de lundi s’inscrit dans « la continuité de persécutions politiques sans précédent » dont Lula serait la victime.

Relations troubles

La Guinée équatoriale entretient des relations troubles avec le Brésil, où le fils de M. Obiang, et vice-président, Teodoro Nguema Obiang, s’est rendu à plusieurs reprises ces dernières années, notamment pour le carnaval de 2015. L’école de samba qui défilait sur le thème de son pays avait remporté le titre, mais avait été fortement critiquée en raison de son financement présumé par le régime du président Obiang.

Le mois dernier, la police fédérale brésilienne a ouvert une enquête contre le vice-président Teodoro Obiang pour deux affaires de blanchiment d’argent après l’acquisition d’un appartement à Sao Paulo et la saisie de plus de 16 millions de dollars en espèces et bijoux dans les bagages de sa délégation en septembre.