Emmanuel Ramazani Shadary, candidat de la coalition au pouvoir à l’élection présidentielle du 23 décembre en République démocratique du Congo, présente son programme, le 19 novembre 2018, à Kinshasa. / Kenny-Katombe Butunka / REUTERS

Emmanuel Ramazani Shadary, candidat adoubé par Joseph Kabila pour l’élection présidentielle du 23 décembre en République démocratique du Congo, a tenu, lundi 26 novembre, sa première réunion publique à Lubumbashi, principale ville de la région minière du Katanga (sud-est) que se disputent le pouvoir et l’opposition.

« J’ai été choisi candidat à l’élection présidentielle par le président Joseph Kabila, un Katangais. Le Katanga m’a tout donné », a lancé Emmanuel Ramazani Shadary, natif de la province du Maniema (est) mais qui a fait une partie de ses études à Lubumbashi.

« Nous sommes rassurés du soutien de l’électorat du Haut-Katanga », s’est félicité le porte-drapeau de la coalition présidentielle Front commun pour le Congo sur son compte Twitter à l’issue de son meeting dans un stade de la ville.

Joseph Kabila est originaire du Tanganyika, une province de l’ex-Katanga où son père, Laurent-Désiré, a animé une rébellion dès les années 1960 avant de prendre le pouvoir en 1997. Joseph Kabila avait succédé à son père après l’assassinat de celui-ci, en 2001. Il avait été réélu en 2011, sur fond de contestation. Son deuxième et, selon la Constitution, dernier mandat s’est achevé en décembre 2016.

Proches de Moïse Katumbi

Lubumbashi était aussi le fief de Moïse Katumbi, dernier gouverneur du Katanga avant son redécoupage en quatre provinces en 2015. Aujourd’hui opposant en exil, M. Katumbi soutient la candidature de Martin Fayulu. Samedi, ses proches ont pu manifester sans heurts dans la ville au nom de la coalition de l’opposition Lamuka, qui soutient M. Fayulu. Ces dernières semaines, les manifestations de l’opposition étaient interdites à Lubumbashi.

A Kinshasa, lundi soir, Martin Fayulu a présenté son équipe de campagne, où les proches de Moïse Katumbi et de l’ex-chef de guerre Jean-Pierre Bemba se taillent la part du lion. Le katumbiste Pierre Lumbi est nommé directeur de campagne, avec pour adjointe et porte-parole Eve Bazaiba, une proche de M. Bemba. La communication est confiée à Olivier Kamitatu, un autre proche de M. Katumbi.

« Ma coalition est la plus grande du Congo. Il y a toutes les parties du Congo », s’est félicité M. Fayulu. Il a de nouveau tendu la main à l’autre candidat de l’opposition, Félix Tshisekedi, qui doit rentrer mardi à Kinshasa avec son allié Vital Kamerhe. MM. Tshisekedi et Kamerhe se sont retirés au bout de vingt-quatre heures d’un accord entre sept opposants désignant Martin Fayulu « candidat unique de l’opposition ».

Pas d’observateurs européens

Les cruciales élections présidentielle, législatives nationales et provinciales du 23 décembre ne seront pas supervisées par des observateurs de l’Union européenne (UE) : ceux-ci n’ont pas été invités, à la différence de leurs collègues de l’Union africaine (UA), a appris l’AFP lundi auprès d’un responsable de la Commission électorale nationale indépendante (CENI).

« La CENI a invité des observateurs de l’UA, de la Communauté pour le développement de l’Afrique australe, de l’Organisation internationale de la francophonie. Est-ce que les élections ne sont valables que si l’UE et le Centre Carter sont là ? », s’est emporté ce responsable. Le Centre Carter, qui ne sera donc pas non plus sollicité, est une organisation de promotion de la démocratie et des droits humains fondée en 1982 par l’ancien président américain et prix Nobel de la paix Jimmy Carter.

L’UE a sanctionné une quinzaine de personnalités congolaises (par un gel des avoirs et des visas) pour atteinte aux droits humains après la fin du mandat du président Joseph Kabila, fin 2016, et le report des élections. Parmi elles figure Emmanuel Ramazani Shadary, ancien ministre de l’intérieur.

En février 2012, le Centre Carter avait estimé que les résultats de la présidentielle et des législatives de 2011 manquaient de crédibilité à cause des irrégularités constatées au cours des opérations électorales. Dans un autre rapport en novembre 2017, l’organisation a estimé que plus de 750 millions de dollars (environ 660 millions d’euros) de recettes minières ne pouvaient être retracés dans les livres de compte de l’Etat congolais.

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