Jean-Yves Le Drian et Sergueï Lavrov, à Paris, le 27 novembre. / Thibault Camus / AP

L’incident près du détroit de Kertch reliant la mer Noire à celle d’Azov et l’arraisonnement, dimanche 25 novembre, de trois navires militaires ukrainiens avec leurs équipages par les forces russes rappelle que le conflit dans l’est de l’Ukraine peut se rallumer.

C’était la première confrontation militaire directe entre les deux pays depuis l’annexion de la Crimée par la Russie au printemps 2014, d’où l’inquiétude des capitales européennes et de Washington qui demandent une désescalade et tentent d’affirmer une position commune de fermeté face à Moscou. Non sans quelques dissonances de forme, sinon de fond. Toutes exigent la libération des marins ukrainiens capturés – dont douze ont déjà été condamnés mardi – mais plusieurs dirigeants politiques européens évoquent de nouvelles sanctions économiques contre Moscou. 

« La France en appelle aux parties pour qu’elles favorisent un apaisement de la situation et que chacun fasse preuve de retenue. Nous souhaitons en particulier qu’une initiative russe puisse permettre d’apaiser cette tension », a affirmé mardi le ministre des affaires étrangères français, Jean-Yves Le Drian, lors d’un point de presse conjoint avec son homologue russe, Sergueï Lavrov, marquant sa préoccupation face à « la remilitarisation » de cette zone.

L’Allemagne reste ferme

Des propos sur mesure pour ménager son interlocuteur qui renvoient dos à dos les deux parties et n’évoquent pas « la liberté de navigation » dans le détroit de Kertch et la mer d’Azov, pourtant rappelée haut et fort la veille à l’ONU dans un texte commun des pays européens siégeant actuellement au Conseil de sécurité.

Les autorités allemandes restent fermes. « Cette affaire montre que l’annexion de la Crimée reste un problème de sécurité pour tout le monde en Europe », a souligné le ministre des affaires étrangères allemand, Heiko Maas, demandant « que la Russie respecte de nouveau le droit international et qu’elle ne viole pas la souveraineté territoriale de ses voisins ».

Au regard du droit maritime il n’y a guère d’ambiguïté : un accord signé en 2003 entre Kiev et Moscou garantit la liberté de navigation pour les navires civils et militaires des deux pays dans ce détroit séparant la Crimée et le territoire russe. Admettre qu’il s’agit d’eaux territoriales russes c’est reconnaître le fait accompli de l’annexion alors quasi unanimement condamnée.

Plusieurs dirigeants européens évoquent de nouvelles sanctions économiques dont la ministre autrichienne des affaires étrangères, Karin Kneissl, proche de l’extrême droite et dont le pays préside l’Union Européenne ce semestre. Sans surprise, le président polonais, Andrzej Duda, a annoncé que son pays était prêt à soutenir de telles mesures.

Le ministre estonien de la défense, Juri Luik, a estimé que des sanctions « seraient le moyen le plus efficace de montrer au gouvernement russe » que les Européens sont déterminés. Mais elles doivent être prises à l’unanimité et Rome a déjà fait savoir son opposition par la voix du vice-premier ministre d’extrême droite, Matteo Salvini.

Violents affrontements en mer entre la Russie et l’Ukraine
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