L’un des marins ukrainiens capturés par les services de sécurité russes, devant le tribunal de Simferopol (Crimée), le 27 novembre 2018. / AP

Le sort des vingt-quatre marins ukrainiens capturés à bord de trois navires interceptés dimanche 25 novembre en mer Noire par les services de sécurité russes risque fort de générer de nouvelles crispations. Transférés depuis Kertch, douze d’entre eux ont comparu dès mardi 27 novembre devant un tribunal de Simferopol, la capitale administrative de la péninsule annexée par la Russie en 2014. En fin d’après-midi, tous ont été condamnés à deux mois de détention préventive, moins de 48 heures après les graves incidents qui ont tourné à une bataille navale entre les deux pays.

Le premier de ces marins, Vladimir Varimez, né en 1992 dans la région d’Odessa, a été inculpé au titre de l’article 322 du code pénal russe pour « franchissement illégal de la frontière commis par un groupe de personnes, ou par un groupe organisé, avec utilisation de la violence ou la menace de son utilisation ». Puis ce fut le tour, pour les mêmes motifs, de Vladimir Bespaltchenko, Andreï Oprysko, Vladimir Terechchenko, Sergueï Tsybizov, et Youri Budzylo, d’être placés en détention provisoire jusqu’au 25 janvier. Au total, douze membres d’équipage ukrainiens ont été condamnés à la même peine.

Pour l’autre moitié du groupe – vingt-quatre marins ont été arrêtés dimanche par le FSB, les services russes de sécurité – les audiences devaient reprendre mercredi avec selon toute probabilité, le même jugement.

Période de trente jours

Trois officiers du SBU, les services de sécurité ukrainiens, qui se trouvaient selon Moscou à bord des deux petits bateaux d’artillerie et du remorqueur, devraient cependant être jugés à part. Dès la saisie de ces navires par la force, alors qu’ils tentaient de relier la ville ukrainienne de Marioupol depuis Odessa en passant par le détroit de Kertch, Kiev a exigé leur libération immédiate, avant d’instaurer la loi martiale dans ses territoires limitrophes de la Russie pour une période de trente jours. Soit, peu ou prou, la même que celle fixée par le tribunal de Simferopol aux marins ukrainiens.

Recevant à Paris le même jour son homologue russe, Sergueï Lavrov, le ministre français des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, s’est fait l’écho de la « préoccupation » exprimée par les pays occidentaux et l’OTAN, en demandant de nouveau la libération des marins et des navires russes :

« La France en appelle aux parties pour qu’elles favorisent un apaisement de la situation (…). Nous souhaitons en particulier qu’une initiative russe puisse permettre d’apaiser cette tension. »

La veille, la chancelière allemande, Angela Merkel, avait tenté également d’intercéder en ce sens en téléphonant à Vladimir Poutine. Sans succès.

De son côté, le parquet militaire d’Ukraine, qui a également ouvert une enquête pénale, accuse, à distance, huit militaires russes d’avoir fait usage de la force pour s’emparer des bateaux et de leurs équipages, afin de « préparer et de mener une guerre d’agression ».

Moscou, qui affirme avoir agi « en stricte conformité avec le droit international » accuse Kiev de « provocation » délibérée pour des raisons de politique intérieure tout en cherchant à renforcer les sanctions contre la Russie. Mardi, la ministre des affaires étrangères autrichienne, dont le pays assure la présidence de l’Union européenne, a annoncé que la question de nouvelles sanctions serait étudiée lors d’une réunion en décembre.

Ukraine : comprendre les origines de la crise en cinq minutes
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Images : Le Monde.fr