Pendant le discours d'Emmanuel Macron à l'Elysée, le 27 novembre 2018. / Jean-Claude Coutausse / French-Politics pour «Le Monde»

« Fin du monde et fin du mois, nous allons traiter les deux et nous devons traiter les deux. » Emmanuel Macron s’est exprimé, mardi 27 novembre, depuis l’Elysée pour redonner le cap de la transition écologique, à l’occasion de la présentation de la programmation pluriannuelle de l’énergie, et tenter de trouver une sortie de crise au mouvement des « gilets jaunes ». « Nous devons entendre les protestations d’alarme sociale » mais « sans renoncer à nos responsabilités », car « il y a aussi une alarme environnementale », a estimé Emmanuel Macron lors de la présentation de la programmation pluriannuelle de l’énergie.

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Voici ce qu’il faut retenir de son discours.

« Gilets jaunes » : une fiscalité des carburants adaptée

Evoquant le mouvement des « gilets jaunes », qui a « donné lieu à des manifestations importantes et aussi à des violences inacceptables », le président a souligné ne pas « confondre » les casseurs avec « la manifestation sur laquelle ils se sont greffés ». « Je ne confonds pas les casseurs avec des concitoyens qui veulent faire passer un message », a-t-il assuré.

Emmanuel Macron a annoncé que la fiscalité des carburants sera adaptée aux fluctuations des prix afin d’en limiter l’impact pour les Français qui utilisent beaucoup leur voiture. « Je refuse que la transition écologique accentue les inégalités entre territoires et rende plus difficile encore la situation de nos concitoyens qui habitent en zone rurale ou en zone périurbaine », a déclaré le chef de l’Etat.

Le président a, par ailleurs, demandé à François de Rugy, le ministre de la transition écologique, de recevoir des membres des « gilets jaunes » mardi après-midi à l’Elysée.

Une « grande concertation » sur la transition écologique

Emmanuel Macron a annoncé une « grande concertation de terrain sur la transition écologique et sociale », qui doit permettre « dans les trois mois qui viennent » de répondre à la colère des « gilets jaunes » en élaborant des « solutions », des « méthodes d’accompagnement ». Cette concertation devra être déclinée sur tout le territoire et associer associations, élus et représentants des « gilets jaunes », notamment.

« Je retiens de ces derniers jours qu’il ne faut pas renoncer au cap quand il est juste, mais qu’il faut changer de méthode, car les concitoyens ont considéré qu’on leur imposait ce cap d’en haut. Par des décisions et changements de règles ou par des taxes, sans leur apporter de solutions concrètes », a précisé le chef de l’Etat.

Nucléaire et charbon

  • Entre quatre et six fermetures de réacteurs d’ici à 2028

Le président de la République a rappelé que son engagement était une trajectoire de réduction du nucléaire, en aucun cas, une sortie. « Le nucléaire nous permet de bénéficier d’une énergie bas carbone et à bas coût », a-t-il expliqué.

Emmanuel Macron a fixé à 2035 la date de réduction à 50 % du nucléaire dans la production d’électricité, contre 75 % aujourd’hui. Pour ce faire, le gouvernement va proposer de fermer deux réacteurs nucléaires en 2027 et 2028 – en plus des deux réacteurs de la centrale alsacienne de Fessenheim, qui doivent s’arrêter au printemps 2020.

Deux autres pourraient fermer sur la période, si le développement des énergies renouvelables se fait à un rythme soutenu. Soit un total de quatre réacteurs. Ce scénario est inférieur à celui évoqué par Nicolas Hulot lors de sa démission. L’ancien ministre défendait la fermeture de huit réacteurs avant 2028, dont les deux de Fessenheim.

  • Quatorze fermetures d’ici à 2035

Dans le détail, les fermetures de réacteurs pourraient s’accélérer après 2028, avec six à huit fermetures supplémentaires sur la période. Concrètement, si le plan du gouvernement se déroule comme prévu, cela pourrait conduire à fermer quatorze réacteurs entre 2020 et 2035, soit 20 % du parc actuel. Ces décisions devraient concerner certains des plus vieux réacteurs, notamment sur les sites de Bugey (Ain), Tricastin (Drôme), Cruas (Ardèche), Gravelines (Nord) et Dampierre (Loiret), Blayais (Gironde), Chinon et Saint-Laurent.

Le gouvernement précise toutefois qu’aucune centrale ne sera complètement fermée pour limiter les conséquences sociales et économiques pour les territoires. Ce scénario est relativement conforme à celui avancé par EDF, qui défendait l’idée d’atterrir en 2035 avec une douzaine de fermetures. Mais le groupe espérait que ces décisions se concentrent sur la période 2028-2035.

  • Pas de construction de nouvel EPR

Le président de la République a, par ailleurs, annoncé qu’il n’y aurait pas de nouvel EPR annoncé pendant le quinquennat. Mais il n’a pas exclu d’autres constructions à terme. Il a proposé à la filière nucléaire et à EDF de proposer d’ici mi-2021 un plan pour la construction de nouveaux réacteurs.

  • Les centrales à charbon fermées d’ici à 2022

« Il faut aussi pour réussir cesser de produire ces énergies carbonées sur nos territoires. L’ensemble des centrales à charbon seront fermées d’ici à 2022 », a confirmé le président de la République.

Développer « les énergies renouvelables »

« Nous devons transformer notre production d’électricité », a également affirmé Emmanuel Macron. « C’est un défi encore plus important demain avec plus de véhicules électriques. » Il a évoqué « un mix électrique qui reposera évidemment sur l’essor des énergies renouvelables. (…) Le parc d’éolien devra être triplé et le photovoltaïque devra lui être multiplié par cinq. »

« L’éolien en mer sera aussi développé », a précisé le président, qui a évoqué quatre nouveaux appels d’offres d’ici la fin du quinquennat et veut aussi renforcer l’énergie hydraulique.