Le nouveau Musée des civilsations noires sera inauguré à Dakar, le 6 décembre 2018. / SEYLLOU / AFP

Le ministre sénégalais de la culture, Abdou Latif Coulibaly, a affirmé mardi 27 novembre que le Sénégal souhaitait la restitution par la France de « toutes les œuvres identifiées comme étant celles du Sénégal », quelques jours après la publication d’un rapport sur le patrimoine africain commandé par le président Emmanuel Macron. « Nous sommes disposés à trouver des solutions avec la France. Si nous avons 10 000 [pièces identifiées comme étant originaires du Sénégal], nous souhaitons avoir les 10 000 », a déclaré M. Coulibaly lors de la présentation à la presse du Musée des civilisations noires, qui sera inauguré à Dakar le 6 décembre.

Emmanuel Macron doit prendre une décision après le dépôt le 23 novembre, à sa demande, du rapport de l’universitaire et économiste sénégalais Felwine Sarr et de l’historienne d’art professeuse au Collège de France Bénédicte Savoy. Ce rapport suggère notamment un changement radical de la loi française sur le patrimoine pour redonner à l’Afrique une partie de son patrimoine.

Les travaux du nouveau musée « avancent bien ». « Nous serons prêts le 6 décembre pour l’inauguration » par le président Macky Sall, a déclaré le directeur du Musée des civilisations noires (MCN), Hamady Bocoum, lors de la conférence de presse. « On dispose de tout ce qu’on veut » pour le lancement du MCN : des vestiges sur les premiers hominidés, apparus en Afrique il y a plusieurs millions d’années, aux créations artistiques actuelles, a précisé M. Bocoum, citant notamment « l’outillage lithique » (en pierre) de ces hominidés, des collections de peintures et de sculptures.

Un bâtiment de 14 000 m2

Des ministres et des professionnels de la culture de plusieurs pays à travers le monde sont attendus pour l’occasion dans la capitale sénégalaise. « Le gouvernement du Sénégal est fier d’avoir réussi à mettre en place ce joyau », s’est félicité M. Coulibaly. Le gigantesque bâtiment, situé dans le centre-ville de Dakar, est un don de 20 milliards de francs CFA (près de 30,5 millions d’euros) de la Chine, « qui l’a également équipé pour deux à trois milliards de francs CFA » (3 à 4,5 millions d’euros), a-t-il ajouté, interrogé par l’AFP.

L’idée d’un Musée des civilisations noires au Sénégal avait été lancée par le président Léopold Sédar Senghor, premier chef d’Etat du Sénégal (1960-1980), lors du premier Festival mondial des arts nègres organisé en 1966 au Sénégal. Mais les travaux n’ont été lancés que sous la présidence d’Abdoulaye Wade (2000-2012).

L’architecture du nouveau musée, en face du Grand Théâtre national, est inspirée des cases rondes africaines, en particulier celles de Casamance, la région du sud du Sénégal, selon M. Bocoum. « C’est un projet panafricain. Il y aura une facette de chaque partie de l’Afrique », a précisé son directeur, M. Bocoum, chercheur à l’Université Cheikh-Anta-Diop de Dakar et archéologue de formation.

Pouvant accueillir 18 000 pièces sur une surface de 14 000 m2, il prévoit de mettre en exergue « la contribution de l’Afrique au patrimoine culturel et scientifique. La métallurgie du fer a été découverte en Afrique 2 500 ans avant Jésus-Christ », a souligné M. Bocoum, en regrettant toutefois que « d’initiateur, nous sommes devenus un désert » industriel. « Nous n’allons pas rester dans la contemplation. L’objectif de ce musée, c’est surtout de se projeter sur l’avenir », a-t-il ajouté.

Felwine Sarr : « La restitution des œuvres africaines n’est pas un geste du prince »