Cindy Hyde-Smith après sa victoire au Sénat américain, le 27 novembre à Jackson, dans le Mississippi. / Drew Angerer / AFP

Donald Trump a consolidé sa majorité républicaine au Sénat avec la victoire dans le Mississippi d’une candidate controversée pour des propos aux échos racistes, à l’issue du dernier scrutin des élections de mi-mandat qui débouchent sur un Congrès américain divisé.

Deux meetings à la veille du vote, tweet d’encouragement à l’ouverture des urnes : le président américain n’avait pas ménagé ses efforts pour assurer la victoire de Cindy Hyde-Smith. Sa réélection, a priori garantie dans cet Etat profondément conservateur, était en effet soudainement apparue compromise ces derniers jours après des propos aux teintes racistes qui avait choqué, dans un Mississippi encore profondément marqué par le passé violent de la ségrégation.

Large victoire

Cet Etat pauvre et conservateur a finalement confirmé son statut de fief républicain, en donnant un confortable avantage à la sénatrice républicaine sortante : Cindy Hyde-Smith a battu mardi son opposant démocrate, Mike Espy, lors de ce deuxième tour, avec quelque 55 % contre 45 % des voix, selon les chaînes NBC et Fox.

« Nous sommes tous très fiers de vous ! » a rapidement tweeté Donald Trump, la félicitant pour la « grande VICTOIRE ».

« Monsieur le président, merci pour toute votre aide, a déclaré Cindy Hyde-Smith après les résultats. Cette victoire tient à nos valeurs conservatrices. »

Après des élections de mi-mandat toujours perçues comme un référendum sur le président aux Etats-Unis, les républicains renforceront donc leur contrôle du Sénat à la prochaine rentrée parlementaire en janvier, avec 53 sièges sur 100, contre 51 aujourd’hui.

Mais la « vague démocrate » s’est en revanche bien matérialisée à la Chambre des représentants, où l’opposition à Donald Trump détiendra une nette majorité.

Devant ses supporteurs dans le Mississippi, le président républicain avait donc martelé lundi soir avoir « besoin de tous les votes républicains possibles au Sénat » pour défendre son programme sur l’immigration, le droit de porter des armes, les baisses d’impôts et la lutte contre l’avortement.

Connotation raciste

Moins d’un point séparait Cindy Hyde-Smith de Mike Espy lors du premier tour, le 6 novembre (41,5 % contre 40,6 %). Mais la républicaine avait alors souffert de la candidature d’un candidat d’extrême droite, qui avait siphonné 16,5 % des voix. Depuis, les sondages internes des partis avaient dû être assez serrés pour que les états-majors se rangent en ordre de bataille. Face à la tournée de Donald Trump lundi, les démocrates avaient récemment déployé deux sénateurs noirs populaires : Kamala Harris et Cory Booker.

C’est Cindy Hyde-Smith elle-même qui avait grippé la campagne bien huilée pour sa réélection, avec plusieurs commentaires immédiatement perçus comme ayant une connotation raciste dans cet Etat où la mémoire des nombreux lynchages de Noirs, perpétrés jusqu’à la fin des années 1960, reste douloureuse.

En présentant l’un de ses partisans devant quelques supporteurs, Cindy Hyde-Smith, 59 ans, a ainsi affirmé qu’elle se placerait « au premier rang » si celui-ci l’invitait à une « pendaison publique ». A une autre occasion, elle a salué la « superbe idée » de restreindre l’accès aux urnes des étudiants progressistes, alors que plusieurs Etats ont été accusés de limiter le vote des minorités. Des mots maladroits qui ont été détournés, s’est défendue Cindy Hyde-Smith.

Rembourser les fonds

Les critiques n’ont pas cessé pour autant dans cet Etat où la population noire (37 %) est la plus élevée des Etats-Unis. Un journal local a révélé ce week-end que la sénatrice sortante, puis sa fille, avaient étudié dans des écoles privées permettant d’éviter aux élèves blancs de partager les salles de classe avec des camarades noirs.

Google, les supermarchés Walmart, la ligue américaine de baseball : plusieurs grands noms ont publiquement demandé à Cindy Hyde-Smith qu’elle leur rembourse les fonds versés à sa campagne.

Ayant fait campagne sur un message rassembleur pour tenter de mobiliser l’électorat noir, les abstentionnistes mais aussi plus de 20 % des Blancs nécessaires à sa victoire, Mike Espy, ancien élu noir de la Chambre et ex-membre du cabinet de Bill Clinton, avait affirmé vouloir « combler les différences ». En vain. Mais à 64 ans, il s’est montré optimiste après la défaite, sur Twitter, avec la prochaine sénatoriale et l’élection présidentielle de 2020 en vue : « Ne vous y trompez pas, ce soir n’est que le début. »