Tuchel saute dans les bras de son capitaine Thiago Silva, et hurle au visage de Gianluigi Buffon. / FRANCK FIFE / AFP

C’est le meilleur des maux dont le Paris Saint-Germain pouvait être accusé, en cet automne où l’on reproche au club de la capitale d’acheter ses titres, de contourner les règlements européens ou de pratiquer le fichage ethnique : voilà Paris devenu vicieux. C’est Jürgen Klopp qui s’en est plaint, si bien intégré à l’Angleterre qu’il lui prend de donner des leçons de fair-play. Les Parisiens, a grogné l’entraîneur de Liverpool, ont passé leur temps par terre. Surtout Neymar, a-t-il ajouté. « C’était pas cool », a dit l’Allemand sous sa casquette, avant de reconnaître : « Mais c’était malin. »

Malin, et surtout inattendu de la part d’un club dont l’une des principales lacunes au niveau européen était de manquer d’expérience, de ne pas savoir tenir un score quand cela s’imposait, y compris en se roulant par terre plus que de raison. Cela lui avait manqué à Chelsea, en quart de finale de la Ligue des champions 2014. Et bien évidemment à Barcelone, en 2017, lors de l’inoubliable « remontada ».

Au vu de cette fin de match irrespirable où les Reds, pour inoffensifs qu’ils étaient, n’étaient jamais qu’à une tête sur corner d’égaliser, on peut se risquer à écrire qu’avec Daniel Alves et Neymar dans ses rangs, Paris n’aurait pas pris trois buts en dix minutes à Barcelone. Les petits gains de temps de l’expérimenté Daniel Alves, les provocations balle au pied et les jérémiades de Neymar ont eu leur part dans la victoire parisienne.

Un contenu de cette page n'est pas adapté au format mobile, vous pouvez le consulter sur le site web

Buffon : « Je n’imaginais pas que Paris pouvait être comme ça »

Ce n’est pas le plus glorieux des ingrédients nouveaux que le PSG a mis dans ce match. Paris a surtout joué et défendu, en deuxième période, avec une intensité et une solidarité jamais vues cette saison. Cela lui avait manqué à Liverpool et contre Naples, où l’équipe de Thomas Tuchel s’était comportée comme si elle affrontait ses vassaux de Ligue 1.

« Quand je jouais à la Juve, je n’imaginais pas que Paris pouvait être une équipe comme ça, a souri le néo-Parisien Gianluigi Buffon. Avec cet état d’esprit, nous pouvons aller très loin. »

Contrairement aux apparences, Marquinhos et Thiago Silva se félicitent mutuellement. / FRANCK FIFE / AFP

La célébration rageuse de Marquinhos et Thiago Silva pour un sauvetage défensif restera comme le symbole de la détermination parisienne, mais les signes étaient partout, mercredi au Parc des Princes, de cette hargne qui a trop souvent manqué au PSG en Coupe d’Europe. Ainsi des innombrables harangues de Neymar à l’adresse du public du Parc, dont on a fini par se demander si elles n’étaient pas, elles aussi, des conditions inscrites dans sa prime d’éthique ; des poings rageurs de Thilo Kehrer après ses interventions ; ou des rentrées pleines d’envie de Daniel Alves, Eric-Maxim Choupo-Moting et même d’Adrien Rabiot, pourtant une fois de plus remplaçant et sifflé par le Parc des Princes à son entrée en jeu.

Mbappé : « On a donné notre corps à la science »

« On a joué avec une mentalité incroyable, et c’était nécessaire de montrer que nous pouvons jouer et lutter face à Liverpool, a dit Thomas Tuchel, insistant sur l’implication de ses joueurs, quitte à limiter la portée de ses choix tactiques payants. L’attitude était extraordinaire mais c’était la dernière occasion de montrer que nous sommes capables de jouer comme une équipe. (…) Tout le monde a été prêt à souffrir pour les autres, c’était vraiment la mentalité nécessaire pour affronter Liverpool. »

« Dans les vestiaires, les joueurs étaient morts mais c’est important, parce qu’après ça ils sont fiers. C’était important de faire cette expérience ensemble pour créer une atmosphère spéciale dans les prochaines semaines. »

Il y avait certes quelque chose d’un peu étrange à voir ce collectif s’étonner de ce qu’il ait pu faire son travail avec l’implication nécessaire. Mais il n’est jamais trop tard pour découvrir les limites de son corps, à l’instar de Kylian Mbappé, touché à l’épaule, mal inspiré mercredi mais heureux d’avoir prouvé « que ça fait partie de (leur) tempérament ».

« On a montré qu’à defaut de faire parfois du très beau jeu, on était des hommes et qu’on pouvait aller au combat, et on a donné notre corps à la science pour le PSG. »

Il leur reste deux semaines pour le récupérer : les Parisiens seront accueillis par des fourches à Belgrade, où l’on ne digère pas les accusations de match truqué lors de la confrontation au Parc des Princes.