Pendant une perquisition dans la propriété de la famille Gupta, des hommes d’affaires d’origine indienne proches de Jacob Zuma, le 16 avril 2018 à Johannesburg. / STRINGER / AFP

Le parquet sud-africain a annoncé, mercredi 28 novembre, l’abandon des charges qui pèsent sur des alliés de l’ancien président Jacob Zuma, dont un membre de la famille Gupta, faute de coopération de la part des autorités indiennes.

Selon le parquet, 20 millions de dollars (17,2 millions d’euros) d’argent public destinés à des éleveurs laitiers dans la province de l’Etat libre (Free State, dans le centre du pays) ont été détournés au profit d’hommes d’affaires de la richissime famille Gupta, d’origine indienne, et de leurs associés.

Parmi les huit personnes poursuivies dans ce dossier figure un neveu des trois frères Gupta, qui se trouvent au cœur de nombreuses allégations de corruption impliquant Jacob Zuma quand il dirigeait l’Afrique du Sud (2009-2018).

Présidence bis

Le parquet avait jusqu’au 30 novembre pour formellement inculper les suspects. « Les enquêteurs travaillaient avec des responsables indiens pour rassembler des informations […] mais cela se fait lentement, et [celles-ci] ne nous parviennent pas aussi rapidement que nous l’aurions espéré », a déclaré son porte-parole, Phaladi Shuping, à l’AFP. « Nous avons pris la décision d’abandonner provisoirement les charges », a-t-il expliqué, ajoutant qu’elles pourraient être rétablies à l’avenir.

Selon un rapport de la médiatrice de la République sud-africaine, publié en 2016, les trois frères Gupta ont été impliqués dans la gestion des affaires de l’Etat, via des pressions pour obtenir de juteux contrats publics, mais pas seulement. Selon plusieurs témoignages recueillis par la médiatrice, leur propriété de Saxonwold, à Johannesburg, était devenue une sorte de présidence bis, où les frères ont offert des postes de ministre.

Cet immense scandale a contribué à faire chuter le président Jacob Zuma, qui a été contraint par son parti, le Congrès national africain (ANC), de remettre sa démission en février. Son vice-président Cyril Ramaphosa lui a succédé et s’est engagé à lutter contre la corruption.

Pour l’Alliance démocratique (DA), principal parti d’opposition, la décision annoncée mercredi par le parquet « envoie le message que l’Afrique du Sud est un pays où les puissants et l’élite dotée de relations politiques n’ont pas de comptes à rendre ».