La famille d’Alexia Daval (de gauche à droite) : sa sœur Stéphanie, sa mère, Isabelle Fouillot, son mari, Jonathann, et son père, Jean-Pierre Fouillot, lors d’une marche silencieuse à Gray, le 5 novembre 2017. / SÉBASTIEN BOZON / AFP

Jonathann Daval, soupçonné du meurtre de sa femme, Alexia, est interrogé, jeudi 29 novembre, par le juge d’instruction du tribunal de grande instance de Besançon sur les nombreuses zones d’ombre du dossier.

Il s’agit de son premier interrogatoire depuis celui du 27 juin, au cours duquel l’informaticien de 34 ans était revenu sur ces aveux et avait accusé son beau-frère, Grégory Gay, d’être le meurtrier d’Alexia.

Nouveaux éléments

Deux éléments sont encore apparus ces derniers jours dans la presse. Le premier est la découverte dans le véhicule professionnel de Jonathan Daval – qui aurait servi au transport du corps de son épouse – d’un cheveu de la mère du suspect, Martine Henry. Celle-ci s’est défendue mercredi 28 novembre de toute « complicité ».

Le second est une analyse toxicologique révélée par Le Parisien : la banquière de 29 ans, tuée à Gray-la-Ville dans la nuit du 27 au 28 octobre 2017, aurait ingéré plusieurs substances dans les mois précédant sa mort. Trois molécules liées à des médicaments ont été retrouvées dans les prélèvements sanguins et capillaires effectués sur la dépouille : du zolpidem (un hypnotique utilisé comme somnifère), du tétrazépam (un décontractant musculaire) et surtout du tramadol (un antalgique opiacé).

Les deux premières molécules ont été découvertes en faible quantité et avaient été prescrites occasionnellement à Alexia par le passé. Concernant le tramadol, en revanche, l’expertise toxicologique évoque une « consommation répétée », et ce notamment à la fin de 2016 – toujours selon Le Parisien.

S’exprimant quelques minutes avant le début de l’interrogatoire de son client, MSchwerdorffer, avocat de Jonathann Daval, a déclaré que la présence de tramadol n’était « pas anodine », relevant « les conséquences de ce type de produits sur la personnalité et les changements d’humeurs significatifs que cela provoque ». Ceux-ci auraient notamment pu être à l’origine des fameuses « crises » de la jeune femme évoquées par son client.

Selon Me Schwerdorffer, cette question devait figurer parmi les « points importants » abordés lors de l’interrogatoire. Comme on lui demandait si Alexia avait pu être droguée à son insu, Me Schwerdorffer a répondu qu’il n’avait « jamais été question de préméditation dans cette affaire, Jonathann Daval n’a jamais été soupçonné par la justice d’être un empoisonneur ».

Depuis un an, rebondissements et zones d’ombre alimentent la chronique de ce qui aurait pu être l’histoire tristement courante d’une femme tuée par son conjoint, comme 130 autres en France l’an dernier.

Volte-face

Après avoir affirmé qu’elle avait disparu durant un jogging, Jonathann Daval avait été arrêté en janvier et mis en examen pour « meurtre sur conjoint » face aux « éléments accablants » découverts lors de l’enquête – comme l’utilisation de sa voiture en pleine nuit et d’un drap appartenant au couple pour envelopper le corps. A l’issue de sa garde à vue, il avait avoué avoir étranglé sa femme au cours d’une dispute, tout en niant avoir brûlé le cadavre.

Au début de l’été, l’informaticien avait fait volte-face, assurant qu’il n’était pas responsable du meurtre et que sa femme avait en fait été étranglée par son beau-frère, Grégory Gay, au domicile des parents d’Alexia. Tous auraient ensuite conclu « un pacte secret » pour dissimuler les faits.

Emprisonné à Dijon, Jonathann Daval sera de retour le 7 décembre à Besançon pour deux confrontations distinctes, avec la sœur d’Alexia et son mari, Stéphanie et Grégory Gay, puis avec les parents de la victime, Isabelle et Jean-Pierre Fouillot. Tous parties civiles, ils avaient réclamé ces confrontations après avoir été mis en cause par Jonathann Daval.