Le PDG d’EDF Jean-Bernard Lévy à la centrale nucléaire de Civeaux (Vienne), en mars 2016. / GUILLAUME SOUVANT / AFP

Ce n’est pas vraiment un cri de joie, plutôt une satisfaction discrète. Mais elle mérite d’être remarquée, tant EDF a été soumise à des vents contraires ces dix-huit derniers mois. Dans un message envoyé aux collaborateurs du groupe que Le Monde a pu consulter, le PDG d’EDF, Jean-Bernard Lévy, se félicite des orientations prises par le gouvernement dans le cadre de la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). « Ce projet de PPE fait clairement de l’électricité l’énergie de l’avenir. C’est une excellente nouvelle pour EDF », note le patron d’EDF.

L’orientation voulue par les pouvoirs publics est aussi pour EDF « synonyme d’une transition industrielle vers une production encore moins carbonée », note M. Lévy, qui reconnaît la date de 2022 pour la fermeture des deux centrales à charbon d’EDF, au Havre (Seine-Maritime) et à Cordemais (Loire-Atlantique), « sauf impératif lié à la sécurité d’approvisionnement ».

Surtout, le PDG du groupe se félicite de l’orientation prise sur le nucléaire. En repoussant à 2027 les premières fermetures de réacteurs, le gouvernement a choisi un scénario relativement proche de celui de l’entreprise. « Lors des travaux préparatoires de la PPE, nous avions indiqué que pour mieux gérer la décroissance du parc nucléaire (…) nous entendions arrêter progressivement certains réacteurs nucléaires à partir de 2029 (…). C’est le principe général qu’a retenu le gouvernement et il nous appartiendra de définir les sites concernés, le choix des réacteurs devant être confirmé trois ans avant leur mise à l’arrêt », détaille Jean-Bernard Lévy, qui promet que l’entreprise sera vigilante « pour bien traiter chaque situation personnelle » lors des fermetures de sites.

« Nous avons été entendus »

Enfin, M. Lévy ne cache pas sa satisfaction sur la volonté du gouvernement de réformer le mécanisme qui oblige EDF à vendre à prix fixe l’électricité du parc nucléaire à ses concurrents. Ce système appelé Arenh (Accès régulé à l’électricité nucléaire historique) est jugé très défavorable à EDF par la direction et M. Lévy a fait campagne activement contre ce dispositif. « Nous avons été entendus et le gouvernement a indiqué rechercher une nouvelle régulation qui devra à la fois prémunir les consommateurs contre de trop fortes hausses de prix de marché et préserver les intérêts économiques d’EDF », résume la lettre.

C’est précisément la crainte de plusieurs concurrents d’EDF : qu’une réforme de ce mécanisme ne renforce encore la domination du groupe dans le marché de l’électricité. Plus de 80 % des ménages sont toujours clients d’EDF, plus de dix ans après l’ouverture de la concurrence.

Le PDG du groupe encourage ses équipes se mettre en ordre de bataille pour présenter en 2021 « une analyse complète », qui permettra au gouvernement de trancher sur la construction de nouveaux EPR.

Dernier point, et pas des moindres, Jean-Bernard Lévy évoque également la structure d’EDF : « Le gouvernement m’a aussi demandé de faire des propositions pour dire comment notre groupe intégré entend s’organiser pour rester le champion qu’il est dans les domaines du nucléaire, des énergies renouvelables, des services énergétiques et des réseaux. »

Le PDG du groupe prend acte de la volonté du gouvernement de modifier la structure d’EDF et assure qu’il entend être partie prenante de cette discussion. Selon plusieurs sources proches du dossier, M. Lévy a confirmé il y a plusieurs semaines en Conseil d’administration que les services d’EDF ont été sollicités par l’exécutif sur le sujet et qu’ils aient fourni des éléments. Une perspective qui alarme les syndicats du groupe, qui ont déjà fait part de leur opposition à tout « démantèlement » du groupe.