De gauche à droite, le président du Conseil européen, Donald Tusk, la première ministre britannique, Theresa May, le président des Etats-Unis, Donald Trump, et la chancelière allemande, Angela Merkel, au sommet du G7 de La Malbaie (Québec), en juin. / IAN LANGSDON/POOL / AFP

A l’ère de Donald Trump, l’exercice le plus emblématique des grand-messes internationales relève quasiment de la mission impossible : la rédaction d’un communiqué final commun, sorte de profession de foi censée engager tous les pays participants, et dont chaque virgule est négociée pied à pied par des nuées de « sherpas ».

Le sommet du G20, qui se tient à Buenos Aires (Argentine), vendredi 30 novembre et samedi 1er décembre, témoigne de cette nouvelle donne. « Ça va être coton », prédit-on à l’Elysée. « Les discussions sont très compliquées avec une position américaine très dure, ajoute-t-on à Bercy à propos des travaux préparatoires. Le débouché est incertain. » Le doute devrait planer jusqu’à la dernière minute, compte tenu du cavalier seul des Etats-Unis sur le commerce et le climat, conjugué au caractère imprévisible du président américain.

« La déclaration finale se prononcera sûrement pour la libéralisation du commerce et contre l’isolationnisme (…). Mais il est difficile de prédire quelle sera la teneur du Tweet du matin suivant », ironise l’assureur-crédit Euler Hermès dans une note sur le commerce publiée jeudi. En juin, quelques heures après la fin du G7 de La Malbaie (Québec), M. Trump avait torpillé le compromis laborieusement négocié par un double Tweet signifiant qu’il retirait sa signature.

Enjeu existentiel

Quelques jours plus tôt, l’assemblée annuelle de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) s’était achevée sans communiqué final. Tout comme, en novembre, le sommet des pays de la Coopération économique pour l’Asie-Pacifique (APEC), miné tout du long par la rivalité sino-américaine.

Certains diront qu’une absence de textes communs vaut peut-être mieux qu’un catalogue de bonnes intentions sans portée réelle. Mais l’enjeu est plus existentiel pour le G20, dont les dirigeants se sont réunis pour la première fois en 2008, afin de trouver des solutions face à la grande crise financière.

Voilà aujourd’hui ce forum attaqué au cœur de sa mission : faire dialoguer entre elles les principales économies du globe (85 % du produit intérieur brut planétaire) et rechercher le compromis sur les grands défis économiques mondiaux. « Le G20 doit faire ses preuves, dix ans après sa création, résume-t-on à l’Elysée. Il lui faut pour cela préserver son unité, mais sans réduire son engagement. »