Les Françaises ont subi la loi des Russes pour l’entame de leur Euro à domicile. / JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP

Elles avaient averti : « On a tendance à démarrer les compétitions comme un diesel. » Et le moteur de l’équipe de France féminine de handball a mis du temps à chauffer, jeudi 29 novembre, et fini par caler. Opposées à une Russie inspirée, dans une revanche de la dernière finale olympique, les Françaises ont peiné pour leur entame de l’Euro à domicile. Les coéquipières de la capitaine Siraba Dembélé s’inclinent au terme d’un duel étouffant (23-26).

« C’est comme d’habitude, donc pas d’inquiétude, a ironisé la doyenne Alexandra Lacrabère après la rencontre. J’aurais été inquiète si on avait gagné le premier match. » L’entame ardue est une spécialité française, et l’an passé, au Mondial, elles avaient connu pareille mésaventure face à la Slovénie. Leur prochain adversaire à l’Euro, face à qui elles n’auront plus le droit à l’erreur après ce faux pas initial.

Etait-ce le nouveau maillot qu’elles étrennaient pour l’occasion ? Ou l’anxiété d’une entame d’une compétition à domicile ? Les joueuses de l’équipe de France ont semblé empruntées dans l’entame de match. Si Amandine Leynaud, dans ses cages, maintenait l’ordre face aux offensives adverses, les Bleues calaient en attaque. Muettes jusqu’à la septième minute, elles ne parvenaient pas à prendre à revers la défense mise en place par Evgenii Trefilov.

Les bons coups de Kanor

L’entame digérée, un combat de tranchée débute. En cette première période, les Bleues naviguent à portée de canon des Russes. De Kanor surtout. La jeune messine, parfaite au tir, maintient ses coéquipières à flots quand la France balbutie en attaque. Et sitôt qu’elles se rapprochent à un but de l’adversaire, les Russes réaccélèrent, ou les Françaises oublient la balle en route. A la pause, les deux équipes sont dos à dos (11-11).

Dans la moiteur d’un palais des sports Gentilly de Nancy ayant fait salle comble – près de 5 000 spectateurs –, les Françaises ont cru avoir inversé la tendance en début de seconde période. Sur les ailes d’une Orlane Kanor poursuivant sa moisson (6 buts, à 6 sur 7 au tir), les joueuses d’Olivier Krumbholz prennent rapidement trois buts d’avance.

En vain. Les joueuses russes revenaient, comme autant de vagues de froid glaçant les supporteurs français. Et profitant des erreurs françaises – notamment en contre-attaque, où les Bleues ont raté des occasions de revenir –, les Russes ont bouclé leur défense et la rencontre.

« On s’est fait tuer par une jeune qu’on ne connaissait pas », a reconnu Alexandra Lacrabère. La jeune Daria Dmitrieva, auteure de 8 buts, a puni les Bleues tout au long de la partie. « On ne s’est pas fait une montagne de cette rencontre. C’est la Russie qui est une montagne, avec des joueuses extraordinaires les unes à côté des autres, à commencer par Dmitrieva, a constaté Olivier Krumbholz, rendant hommage à la jeune femme (23 ans). Elle ne nous a pas battues à elle toute seule, mais quand les filles vont revoir la vidéo, elles vont se rendre compte à quel point elle a influé sur le résultat. »

« C’est l’enfer à jouer »

Et le sélectionneur, désabusé, de feindre l’étonnement face à la profondeur de l’effectif russe, de retour au sommet après deux années : « je ne sais pas comment ils font, mais ils sortent des dizaines de jeunes joueuses à la technique exceptionnelle. Elles ne perdent quasiment pas de balle, et ne ratent pas de tir. C’est un peu l’enfer à jouer. » « On en broie une, deux, trois, et puis finalement la quatrième et la cinquième arrivent et nous posent des problèmes, a poursuivi Allison Pineau. C’est ça la Russie, un réservoir énorme, comme leur pays. »

Si rien n’est perdu pour la suite de la compétition, en raison de sa formule alambiquée, les Françaises devront serrer le jeu face à la Slovénie (dimanche) et le Monténégro (mardi) pour espérer se hisser au tour principal. Tout en sachant que les points perdus contre la Russie ne se rattraperont pas. « On espère qu’elles s’échapperont devant », a insisté le coach français. Et toutes les Bleues ont insisté pour ne pas céder à l’abattement après cette entame ratée. « Il y a encore un long chemin à parcourir », a rappelé la capitaine Siraba Dembélé.

En début de semaine, Allison Pineau soulignait l’importance de « ne pas griller de joker » d’entrée. Les Françaises ont brûlé cette carte. « Mais on a progressé par rapport aux matchs [de préparation], a relativisé Orlane Kanor. Et on compte encore progresser. » A elles de reprendre le jeu en main, dès dimanche, face à la Slovénie. « Elles n’ont pas du tout le même jeu que la Russie, a insisté Olivier Krumbholz, soucieux de remettre son équipe sur les rails du succès. Et on a bien analysé les raisons de notre défaite l’an passé. »