Des « gilets jaunes » du Vaucluse sur l'autoroute Avignon-Nord, le 24 novembre. / ARNOLD JEROCKI / DIVERGENCE POUR LE MONDE

Le gouvernement tablait à la fois sur un essoufflement du mouvement et un ras-le-bol de l’opinion. C’est l’inverse qui se produit. Semaine après semaine, les sondages d’opinion montrent un soutien massif et en progression des Français pour le mouvement des « gilets jaunes ». Les trois dernières études révèlent des chiffres impressionnants deux semaines après la première journée de blocage, le 17 novembre.

Selon les données recueillies par l’institut Odoxa pour Franceinfo et Le Figaro, dans une étude publiée le 28 novembre, 84 % des Français trouvent cette mobilisation « justifiée », soit sept points de plus que la semaine précédente (dix depuis le 16 novembre). Les chiffres des instituts Elabe et IFOP sont légèrement moindres avec respectivement 75 % et 71 % de personnes interrogées qui approuvent le mouvement. Mais eux aussi connaissent une hausse de 5 points en une semaine.

Ce regard positif est particulièrement partagé parmi les catégories populaires, selon l’étude d’Elabe. Ainsi, il se tasse, voire recule, chez les cadres (56 %, – 9 points), mais grimpe chez les classes moyennes (75 %, + 10) et les classes populaires (83 %, + 8). C’est parmi les personnes déclarant vivre une situation financière tendue que la sympathie est la plus forte, atteignant 84 %. Le soutien est très variable selon les lieux d’habitation. Les sondés des territoires ruraux et des petites et moyennes agglomérations sont massivement derrière les barrages. L’institut IFOP note ainsi que près de trois habitants des communes rurales sur quatre (72 %) soutiennent la mobilisation, tandis qu’Elabe précise que 77 % des habitants des communes de banlieues approuvent les « gilets jaunes ».

Hausse atypique

D’un point de vue politique, les sympathisants du Rassemblement national (66 %) et ceux de La France insoumise (64 %) sont les plus fervents défenseurs du mouvement, selon l’IFOP. Les électeurs PS et LR, eux, décrochent après les heurts sur certains barrages routiers. Un tel niveau de soutien est très rare. Au printemps, l’approbation de la grève des cheminots atteignait environ 40 % et celle du mouvement contre la réforme du droit du travail, en septembre 2017, 53 %.

Le plus inquiétant pour le gouvernement est l’augmentation du soutien alors qu’Emmanuel Macron a tenté de calmer la colère, mardi. S’ils sont près des deux tiers à avoir écouté son discours, une écrasante majorité (78 %) n’a pas trouvé le chef de l’Etat convaincant, selon Odoxa. Une telle hausse est atypique. Elle avait déjà eu lieu lors des grandes grèves de 1995, et le ressenti de l’opinion avait beaucoup compté dans le recul du premier ministre de l’époque, Alain Juppé.

Cette empathie semble se diffuser dans l’ensemble de la population française. Au point que de nombreuses personnalités ont affiché leur sympathie. Patrick Sébastien a affirmé sur TV5 Monde que les « gilets jaunes » « étaient sa France ». L’humoriste Gérald Dahan a, lui, appelé à les « protéger des CRS » en « formant une première ligne de personnalités », dans le cortège, samedi, à Paris.

Franck Dubosc a posté une vidéo sur Facebook dans laquelle il déclare : « Il faut que l’on soit avec vous, nous les favorisés. (…) J’en parle aux copains. » L’animateur Cyril Hanouna, lui, a longuement invité des « gilets jaunes » à s’exprimer sur son plateau au cours de la semaine. Et Brigitte Bardot, Michel Polnareff ou encore de Pierre Perret ont également affiché leur sympathie.

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