LES CHOIX DE LA MATINALE

En cette fin de semaine, pourquoi ne pas aller écouter l’épopée de Gilgamesh revue par Zad Moultaka à Metz, faire le plein d’histoires dans différents cafés parisiens, danser au rythme de la Furia, de Lia Rodrigues, à Chaillot ?

OPÉRA. L’épopée de Gilgamesh par Zad Moultaka, à Metz

« Gilgamesh », de Zad Moultaka, avec l’ensemble Mezwej, création le 30 novembre 2018 dans la Grande Salle de l’Arsenal de Metz. / CITÉ MUSICALE ‐ METZ

En 2010, avec Zajal, œuvre mêlant français, arabe dialectal, théâtre, chant, vidéo et musique, Zad Moultaka disait vouloir en finir « avec le fantasme de l’opéra ». C’était un premier pas réussi. Cette fois, c’est avec un opéra sans voix, Gilgamesh, que le compositeur franco-libanais clôturera une résidence de deux ans à l’Arsenal de Metz en mettant en sons et images l’une des plus célèbres épopées du monde antique méditerranéen. Douze tablettes rédigées en akkadien relatent l’histoire du héros mésopotamien, roi de la cité d’Uruk et dieu mythologique des Enfers, dont la démesure a attiré le courroux de la déesse Aruru au point de lui envoyer son double antagonique, Enkidu, pour modérer ses excès. Mais les deux « hommes » se lieront d’une amitié indéfectible au point qu’à la mort d’Enkidu, au terme d’un audacieux et périlleux périple, Gilgamesh, désespéré, partira à la recherche de l’immortalité. Composée sous la forme d’un opéra en huit actes pour huit musiciens, électronique et vidéo, cette création sera assurée par l’ensemble Mezwej, qui marie aux instruments traditionnels grecs le son des violes de gambe baroques. Marie-Aude Roux

« Gilgamesh », de Zad Moultaka. Avec l’ensemble Mezwej. Grande Salle de l’Arsenal de Metz, 3, avenue Ney, Metz (Moselle). Tél. : 03-87-74-16-16. Tarifs : de 10 € à 16 €. Le 30 novembre à 20 heures.

CONTES. Des histoires d’Europe et d’ailleurs, à Paris

L’entrée du café associatif La Commune au 3, rue d’Aligre (Paris 12e). / ASSOCIATION LA COMMUNE LIBRE D’ALIGRE

Les amateurs de contes seront gâtés en cette fin de semaine dans la capitale. Plusieurs conteurs et conteuses s’installent, dans des cafés notamment, pour raconter leurs histoires venues d’autres pays européens ou de leur imaginaire. Ainsi, Teresa Hogie partagera contes et chants de son Portugal natal dans les locaux de l’association Age d’or de France (Paris 12e), samedi 1er décembre à partir de 16 h 45 (gratuit sur inscription). Nelly Bernard et Patrick Crespel feront une « escale de nuit » en duo au café associatif La Commune (Paris 12e) pour la soirée de clôture du festival Contes en quartiers (Théâtre des mondes), également samedi à partir de 19 heures ; la contée (gratuite sur réservation) sera suivie par une scène ouverte et un repas. Nathalie Prokhoris conviera à un voyage dans le merveilleux à travers les contes grecs du Santour au rythme de la musique d’Ourania Lampropoulou, au café littéraire associatif Le Petit Ney (Paris 18e), samedi à partir de 21 heures (avec une scène ouverte et un repas avant le spectacle, en accès payant). Enfin, pour les lève-tôt, l’association La Huppe galante tiendra son petit-déjeuner mensuel « caf’contes » au café Bords de Seine (Paris 1er), dimanche 2 décembre de 10 heures à midi. Au menu, une discussion sur le thème « Aliments nourriciers, magiques ou vénéneux ». Cristina Marino

DANSE. L’art de la survie selon Lia Rodrigues, à Chaillot

« Furia », de Lia Rodrigues, au Théâtre national de Chaillot, puis au Centquatre, à Paris, dans le cadre du Festival d’automne. / SAMMI LANDWEER

La chorégraphe brésilienne Lia Rodrigues prend le groupe à bras-le-corps pour poser sur le plateau une communauté de danseurs happés par le même sens aiguisé du geste. Avec Furia, son nouvel opus pour dix interprètes, elle s’inscrit dans une nouvelle recherche sur l’individu et le collectif, la solitude et le soutien de l’autre, pour raconter l’art de la survie dans un pays comme le Brésil. Travaillant depuis 2004 dans la favela de Maré où elle pilote l’Ecole libre de danse de Maré en y accueillant aussi les habitants de la favela, elle s’immerge dans la vague puissante d’une danse organique qui parle aux tripes tout en affirmant une écriture chorégraphique claire. Inspirée par des écrivains comme l’auteure brésilienne Clarice Lispector, Lia Rodrigues , qui a créé sa compagne dans les années 1990 après avoir collaboré avec Maguy Marin en France, fait entendre une voix résolue dans le monde de la danse contemporaine. A l’enseigne du Festival d’automne. Rosita Boisseau

« Furia », de Lia Rodrigues. Théâtre national de Chaillot, Paris 16e, du 30 novembre au 7 décembre. Puis au Centquatre, Paris 19e, du 12 au 15 décembre. Dans le cadre du Festival d’automne.

RÉCIT. Le combat de Gaël Leiblang face à la mort, au Lucernaire

Sur l’affiche de ce seul-en-scène, intitulé Tu seras un homme, papa, à l’affiche du Lucernaire (Paris 6e) jusqu’au 8 décembre, on voit en gros plan les mains de son auteur et interprète Gaël Leiblang. Il en train de les bander comme un boxeur qui se prépare au combat. Et c’est précisément un combat qu’a dû livrer ce père de famille, il y a quelques années : celui contre la mort qui a fini par emporter son fils Roman, grand prématuré, au bout de treize jours sous couveuse. Quand il a décidé de mettre en mots cette expérience traumatisante, l’ancien journaliste sportif et documentariste a choisi de filer la métaphore sportive. Sur scène, il s’entraîne, saute à la corde, se place dans des starting-blocks imaginaires, tout en relatant dans le détail, comme s’il tenait une sorte de journal de bord, les heures d’angoisse passées à l’hôpital à attendre l’issue, hélas fatale, de ce combat. Il décrit les liens avec le reste de sa famille (il a déjà deux filles) et ses amis, avec le corps médical. Un témoignage bouleversant et juste sur cette douleur indicible qu’est la perte d’un enfant. C. Mo.

« Tu seras un homme, papa », écrit et interprété par Gaël Leiblang, mis en scène par Thibault Amorfini. Lucernaire, 53, rue Notre-Dame-des-Champs, Paris 6e. Tél. : 01-45-44-57-34. Du mardi au samedi à 21 heures. Jusqu’au 8 décembre.

EXPOSITION. L’art des Jomons, à la Maison de la culture du Japon

« Vénus Jomon » en terre cuite haute de 27 centimètres, Jomon moyen (-3000 – -2000). / CHINO CITY, NAGANO

Il ne reste que quelques jours pour découvrir, à la Maison de la culture du Japon à Paris, l’exposition consacrée à l’art des premiers habitants de l’archipel nippon présentée dans le cadre de Japonismes 2018. Une soixantaine d’œuvres – figurines ­anthropomorphes (« dogu ») en argile cuite, jarres, masques, bijoux – ont été réunies sous vitrine dans une scénographie sobre et élégante. Elles témoignent de la culture et de la spiritualité d’une civilisation préhistorique qui vécut sur l’Archipel de 13 000 à 400 avant notre ère. Une civilisation pacifique et prospère de chasseurs-pêcheurs-cueilleurs vivant dans des villages, mais ne pratiquant ni l’élevage ni l’agriculture. La poterie y apparaît bien plus tôt qu’en Europe, et affiche un degré de sophistication étonnant pour l’époque, dont témoignent les pièces présentées, dont plusieurs classées « trésor national ». Sylvie Kerviel

« Jomon. Naissance de l’art dans le Japon préhistorique ». Maison de la culture du Japon, 101 bis, quai Branly, Paris 15e. Du mardi au samedi de 12 heures à 20 heures. Entrée : 7 € (réduit 5 €). Jusqu’au 8 décembre.

ART CONTEMPORAIN. La foire Galeristes, au Carreau du Temple

Visuel pour la 3e édition du salon Galeristes au Carreau du Temple (Paris 3e), jusqu’au dimanche 2 décembre 2018. / CARREAU DU TEMPLE

On ne naît pas collectionneur, on le devient : tel est la devise de cette jeune foire d’art contemporain qui joue la singularité à plein régime. Une trentaine de galeries, sélectionnées pour leur passion pour l’art plus que pour leur place dans le marché dominant… La déambulation sous la verrière du Carreau du Temple propose des rencontres intimistes avec les œuvres, dans un accrochage presque domestique. Et des tarifs abordables pour quiconque voudrait se lancer dans l’aventure de la collection. A ne pas manquer, les dessins, réalisés en collaboration avec différents champignons, de Dove Allouche, chez Dilecta ; les charbonneux tirages Fresson de Julien Mignot chez Intervalle ; les tapisseries commandées à des plasticiens comme Ulla von Brandenburg par les éditeurs de multiples We Do Not Work Alone, et surtout un intense dialogue entre les gravures de Fred Deux, dernier des surréalistes, avec les dessins troublants de la jeune Mélanie Delattre-Vogt, chez le Lyonnais Michel Descours. Emmanuelle Lequeux

Galeristes, 3e édition, Carreau du Temple, 4, rue Eugène Spuller, Paris 3e. Tarifs : de 5 € à 10 €. Jusqu’au 2 décembre, de 13 heures à 19 heures.

MARIONNETTES. Le Pyka Puppet Estival, à L’Atalante

La 4e édition du Pyka Puppet Estival se tient non pas en juin, mais du 30 novembre au 21 décembre 2018. / PYKA PUPPET ESTIVAL

Fondé en 2015 par Alain Alexis Barsacq, directeur de L’Atalante (Paris 18e), et Grégoire Callies, directeur de la compagnie Le Pilier des Anges, le Pyka Puppet Estival, festival de marionnettes, théâtre d’objets et formes animées ‒ qui se tenait jusqu’à présent en juin, d’où son nom ‒, propose, du 30 novembre au 21 décembre, une 4édition résolument européenne avec des compagnies venues de Belgique (Cie Gare Centrale), de Finlande (Livsmedlet Theater), de France (Cie Espace Blanc, Cie Zaï, Les Anges au plafond, Cie Daru-Thempô, Le Pilier des Anges, Cie Hubert Jappelle), de Grande-Bretagne (Stephen Mottram’s Animata) et de Lituanie (compagonnage entre Le Tas de sable – Ches Panses Vertes et Jurate Trimakaite). En complément de cette programmation de douze spectacles, seront également proposés une table ronde, un atelier, des stages hors les murs. C. Mo.

4e Pyka Puppet Estival. Théâtre de L’Atalante, 10, place Charles Dullin, Paris 18e. Tarifs : de 7 € à 15 € (pass pour les douze spectacles à 45 €). Tél. : 01-46-06-11-90. Du 30 novembre au 21 décembre.