Mauricio Macri et Emmanuel Macron à Buenos Aires, le 29 novembre. / HO / AFP

En visite officielle à Buenos Aires, jeudi 29 novembre, à la veille du sommet du G20, Emmanuel Macron a salué la politique libérale de son homologue argentin, Mauricio Macri, alors que le pays traverse une grave crise économique. Comme lui, M. Macri est accusé d’être « le président des riches » et fait face à des manifestations contre sa politique et le coût de la vie.

L’hommage du chef de l’Etat français semblait d’ailleurs faire étrangement écho à sa propre situation. « Le président Macri a décidé de ne pas céder à la facilité, et veut transformer en profondeur l’économie argentine », a-t-il souligné dans un entretien avec le quotidien conservateur La Nacion. « Mais de telles transformations sont impopulaires, en particulier au début, lorsque les coûts sont visibles sans que les résultats soient encore tangibles. Il faut savoir maintenir le cap », a-t-il ajouté.

« L’enfant parfait »

Plus tard, devant la communauté française de Buenos Aires, il a évoqué directement les tensions qui règnent en France. « J’entends la colère légitime, l’impatience, la souffrance d’une partie du peuple qui veut vivre mieux plus vite », a-t-il martelé, tout en affirmant vouloir « poursuivre avec force » sa politique de réformes.

Ironie du sort : à sa descente d’avion, mercredi soir, alors que la délégation officielle argentine n’était pas encore sur place pour l’accueillir, le président français a serré la main d’un agent portuaire vêtu d’un gilet jaune réfléchissant. Cette image insolite a aussitôt inondé les réseaux sociaux.

Mais loin de la France, et pour sa première visite en Amérique latine, M. Macron a tenu à privilégier culture et mémoire. Et au passage, profiter de quelques bains de foule, bravant le protocole et les strictes mesures de sécurité : à la sortie d’une librairie traditionnelle de Buenos Aires, après une rencontre avec la veuve de l’écrivain Jorge Luis Borges, ou sur la mythique place de Mai, haut lieu de la résistance à la dictature militaire (1976-1983), où le couple Macron s’est promené comme de simples touristes.

Baptisé « l’enfant parfait » par les médias du pays, M. Macron fascine de nombreux Argentins par sa jeunesse et sa romanesque histoire d’amour avec son ancienne professeure de français.

« Fractures »

La visite bilatérale précédait la tenue d’un G20, le 30 novembre et le 1er décembre dans la capitale, qui s’annonce comme l’un des plus houleux depuis la création de cette instance il y a dix ans. « La réforme du système multilatéral, la lutte contre les inégalités, la promotion d’un agenda international ambitieux pour protéger la biodiversité et lutter contre le dérèglement climatique sont autant de sujets sur lesquels la France et l’Amérique latine parlent d’une même voix », a déclaré M. Macron à l’issue de son entrevue avec M. Macri, jeudi matin à la Casa Rosada, le palais présidentiel.

Or, a-t-il poursuivi dans la soirée, dans une allusion à l’isolationnisme de Donald Trump : « On le voit autour de la table du G20, les doutes sont là, des formes d’agressivité ont repris le dessus, des fractures réapparaissent. » Aucune rencontre bilatérale n’est prévue, à Buenos Aires, entre M. Macron et le président américain.