Se voir. Ou pas. Le suspense dure quant à la tenue d’un tête-à-tête, même informel, entre Emmanuel Macron et son homologue états-unien, Donald Trump, en marge du sommet du G20 à Buenos Aires, vendredi 30 novembre et samedi 1er décembre. Tandis que le locataire de la Maison Blanche est censé rencontrer la chancelière allemande, Angela Merkel, ou le premier ministre japonais, Shinzo Abe, aucune entrevue bilatérale n’est prévue avec M. Macron.

« Il y aura sans doute un aparté, on ne sait pas encore », évoquait vendredi en début d’après-midi un conseiller élyséen. Que ce « moment de discussion » ait lieu ou non, l’ambiance semble s’être singulièrement rafraîchie entre M. Trump et son ami « Emmanuel ». La relation de proximité qu’entretenaient les deux chefs d’Etat, en dépit de différends politiques de fond, s’est enrayée depuis les cérémonies du 11-Novembre et la proposition de M. Macron de créer une armée européenne, jugée « insultante » par Donald Trump. S’est ensuivie une volée de tweets sarcastiques du président des Etats-Unis, raillant la faible cote de popularité d’Emmanuel Macron ou le protectionnisme supposé des Français en matière de vin.

Influencer Donald Trump en misant sur la relation personnelle

Dans l’entourage du président français, on dément que le dialogue soit rompu. Les deux
hommes, rappelle-t-on, se sont encore entretenus récemment. A l’occasion, justement, des
commémorations à Paris pour le centenaire de l’Armistice. Il n’empêche, jusqu’ici les deux dirigeants ne manquaient jamais de mettre en scène leur excellente entente, entre chaleureuses embrassades et déclarations d’amitiés appuyées. Un lien que s’est efforcé de soigner Emmanuel Macron, depuis son arrivée au pouvoir, au point de passer pour l’interlocuteur privilégié de M. Trump en Europe. M. Macron affirmait qu’il ne pouvait en aller autrement concernant le président d’un pays, les Etats-Unis, allié de la France et de l’Europe depuis des décennies. Au-delà, cette stratégie visait à tenter d’influencer Donald Trump en misant sur la relation personnelle entre les deux hommes. In fine, Paris a malgré tout échoué à garder Washington à bord de l’accord de Paris sur le climat ou de celui sur le nucléaire iranien.

A Buenos Aires, le président états-unien semble moins enclin que jamais à jouer le jeu du multilatéralisme. Le sommet du G20 est avant tout l’occasion pour lui d’avancer sur des dossiers personnels, tels que la signature du nouveau traité de libre-échange nord-américain, ou les préparatifs de son dîner, samedi, avec le président chinois, Xi Jinping. Donald Trump ne montre en revanche aucune appétence pour les sujets liés à la lutte contre le réchauffement climatique ou à la défense d’un système commercial basé sur des règles, dont les Français ont fait leurs priorités. Quitte à dynamiter les débats du G20 et empêcher la négociation d’un compromis commun.

Emmanuel Macron a-t-il désormais la moindre chance de ramener son interlocuteur au sein de l’enceinte multilatérale ? « Il n’y a pas de facilité, mais il n’y a pas de nouveauté », confiait
vendredi un proche de l’Elysée, qui soulignait qu’une discussion entre les deux hommes n’aurait pas vocation à dissiper un quelconque malentendu, mais bien davantage à lui dire une nouvelle fois l’importance de jouer collectif sur les enjeux globaux. « Le risque est celui d’un tête-à-tête entre la Chine et les Etats-Unis et d’une guerre commerciale qui serait
destructrice pour tous »
, s’est ému M. Macron dans une interview au quotidien argentin La
Nacion
, à la veille du sommet.