Sur ce cliché pris le 29 octobre 2018, Hayarpi, à droite, sa sœur et son frère prient avec des fidèles dans l’église de la rue Thomas Schwenckestraat, à La Haye, aux Pays-Bas. / MAARTEN BOERSEMA / AP

Un marathon de messes, ininterrompu depuis cinq semaines : c’est la solution qu’a trouvée le pasteur d’une petite église protestante de La Haye pour protéger une famille arménienne menacée d’expulsion. Aux Pays-Bas, la police n’a pas le droit de pénétrer dans un lieu de culte pendant un office religieux.

Plus de 500 pasteurs se relaient jour et nuit. La famille loge au premier étage du lieu de culte. Arrivée il y a neuf ans, Hayarpi Tamrazyan, 21 ans, s’est vu refuser sa demande d’asile, synonyme d’une expulsion imminente vers l’Arménie. L’étudiante en économétrie a frappé, paniquée, à la porte de l’église le 25 octobre, accompagnée de ses parents, de sa sœur de 19 ans et de son frère de 14 ans.

« Ouverture et hospitalité »

La famille a dû fuir l’Arménie à cause du militantisme politique du père, menacé de mort, explique le magazine en ligne Dutch Review. Elle a cru pouvoir bénéficier du « children’s pardon » : une loi qui permet aux familles avec enfants depuis plus de cinq ans dans le pays d’obtenir un permis de résidence. Mais leur demande a été refusée.

La communauté de l’église de la rue Thomas Schwencke a décidé de les accueillir en accord avec le principe d’« ouverture et d’hospitalité de l’Eglise », rapporte le journal. « Il y avait urgence », témoigne Derk Stegeman, pasteur et porte-parole improvisé de l’église, soudainement mise sous le feu des projecteurs.

L’histoire de cette famille attire fidèles et pasteurs de tout le pays. « J’ai perdu le compte du nombre de sermons délivrés sur le Bon Samaritain », ajoute le pasteur Axel Wicke, cité par le journal DutchNews.nl. L’église n’a pas l’intention d’arrêter, affirme le journal, malgré le refus des autorités d’accorder le droit d’asile à titre d’exception.

Ce n’est pas la première polémique mettant en cause la sévérité des lois néerlandaises sur l’immigration. En septembre, deux adolescents arméniens, dont l’expulsion avait suscité une vive émotion, ont en fin de compte été autorisés à rester aux Pays-Bas.