Les partisans de l’opposant Grigol Vashadze applaudissent l’ancien président Mikheil Saakachvili. / Shakh Aivazov / AP

Des dizaines de milliers de Géorgiens protestaient, dimanche 2 décembre, dans les rues de la capitale Tbilissi contre le résultat de l’élection présidentielle. Mercredi, Salomé Zourabichvili, ex-diplomate française et candidate du pouvoir en place a, en effet, largement remporté l’élection avec 59,52 % des voix : un résultat que les manifestants estiment truqué après un premier tour très serré.

L’opposition géorgienne, qui s’était présentée à l’élection relativement unie derrière la candidature de Grigol Vachadzé, a d’ailleurs refusé de reconnaître les résultats. Réclamant des élections législatives anticipées, les manifestants ont afflué sur l’avenue Roustaveli, imposante artère de la capitale géorgienne sur laquelle est notamment situé le Parlement.

Un scrutin libre mais des « intimidations »

L’ancien président Mikheil Saakachvili, aujourd’hui en exil aux Pays-Bas, a fait une apparition sur un écran géant sous les vivats de ses milliers de partisans. Il était arrivé au pouvoir en 2003 à la faveur d’un soulèvement pacifique, la révolution des Roses. Mais ses presque dix années à la tête du pays ont été chaotiques, certains l’accusant de dérives autoritaires, et il avait finalement perdu la présidence en 2012 au bénéfice de Bidzina Ivanichvili, l’homme le plus riche du pays, dont Mme Zourabichvili est l’héritière politique.

Entre les deux tours, M. Ivanichvili, officiellement retiré de la politique, était sorti de son silence pour promettre aux électeurs plus de dépenses sociales et l’annulation des petites dettes bancaires de plus de 600 000 citoyens. Dans le fond, les deux candidats défendent pourtant un programme similaire, faisant du rapprochement avec l’Occident et de l’adhésion de leur pays à l’UE et à l’OTAN un objectif essentiel. Ces deux organisations suivaient d’ailleurs de près la bonne tenue du vote.

« Le second tour du scrutin était concurrentiel et les candidats ont pu faire campagne librement », a noté l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) dans un rapport publié au lendemain du vote, soulignant toutefois « l’utilisation abusive » des ressources de l’Etat ainsi que la « potentielle intimidation » d’électeurs. Salomé Zourabichvili doit être investie à son poste dimanche 16 décembre.