Le « Ballon d’or ». / CHRISTOPHE ENA / AP

Luka Modric ? Cristiano Ronaldo ? Antoine Griezmann ? Kylian Mbappé ?… Le lauréat du Ballon d’or sera révélé lundi 3 décembre dans la soirée. Lorsqu’il soulèvera le trophée, sous la nef du Grand Palais, à Paris, le footballeur ainsi distingué comme « meilleur joueur de l’année 2018 » sera peut-être un peu ému, mais il ne sera pas surpris.

Il aura en effet appris la bonne nouvelle quelques jours plus tôt par un appel téléphonique de Pascal Ferré, le rédacteur en chef de France Football, le magazine fondateur du trophée en 1956. En amont de la cérémonie, il aura même donné une interview à la revue pour son numéro qui paraîtra dans les kiosques mardi 4 décembre.

« C’est un peu un retour aux sources de France Football », glisse Pascal Ferré, le 28 novembre, à propos du coup de téléphone qu’il vient de passer au vainqueur. Difficile aujourd’hui d’imaginer, tant le Ballon d’or est associé à la cérémonie de remise, que le prix a longtemps été décerné directement au lauréat par les journalistes de la revue lancée en 1946.

L’heureux élu était interviewé dans le plus grand secret, et le public devait attendre la parution de l’hebdomadaire du mardi pour connaître son nom.

Un partenariat avec la FIFA pas concluant

Cette tradition a pris fin en 2010, quand la récompense est passée dans le giron de la Fédération internationale de football, la FIFA, à la suite d’un accord aux contours financiers restés confidentiels.

« La Fédération a alors décidé que le Ballon d’or serait remis chaque année lors d’une grande cérémonie à Zurich », rappelle Jérôme Cazadieu, directeur des rédactions de L’Equipe et de France Football – deux titres du groupe Amaury, également propriétaire du Tour de France.

Ce partenariat ne durera pas. Il a cessé en 2016, « sans avoir été nécessairement bénéfique à France Football », de l’aveu même de Jérôme Cazadieu. « En termes de visibilité, le “FIFA Ballon d’or”, ce n’est pas la même chose que le “Ballon d’or France Football” », poursuit-il.

Surtout, le magazine avait largement perdu la main sur son trophée, le nom du vainqueur n’étant communiqué à la rédaction que quelques heures avant le verdict.

Le scandale de corruption qui a éclaté à la FIFA au printemps 2015, impliquant notamment son président, Sepp Blatter, et par contrecoup Michel Platini, son homologue à l’UEFA, a achevé de convaincre France Football de retrouver son indépendance.

Effet limité sur les ventes

Le show télévisé planétaire impulsé par la FIFA a toutefois survécu à ce divorce. « Les joueurs nous ont fait comprendre qu’ils aimeraient conserver cette cérémonie, pendant laquelle ils sont mis à l’honneur comme les grands acteurs pour les Oscars », confie Pascal Ferré.

Il faut dire que les revenus générés par un tel événement ne sont pas négligeables pour le groupe L’Equipe et pour France Football, dont les ventes sont passées de 176 000 exemplaires en 2006 à 76 000 au dernier trimestre 2018, bien qu’elles restent stables depuis trois ans.

La chaîne de télévision L’Equipe, sur laquelle est retransmise en direct la cérémonie, ne manque pas de revendre ses images au prix fort aux diffuseurs du monde entier.

L’enjeu de cette diversification est d’autant plus grand qu’« il y a un léger sursaut des ventes pour le Ballon d’or », explique Pascal Ferré, tout en concédant que le trophée ne génère pas pour le journal la « meilleure performance de l’année, qui reste le guide de la Ligue 1 à l’été ».

Et si France Football revendique avoir gagné 30 000 abonnés numériques entre mai et août 2018 à la faveur de la Coupe du monde, L’Equipe se taille la part du lion de l’audience en ligne dans le domaine du football.

Pour la première fois cette année, un Ballon d’or féminin sera également décerné lundi soir. Une évolution – jugée tardive par certains –, qui permettra peut-être à France Football d’élargir son audience à un nouveau public.

Ballon d’or : quelques contenus à lire avant la cérémonie

Le portrait du Croate, Luka Modric, fait au terme de la Coupe du monde et de la défaite de la Croatie, en finale.

Le récit de la nouvelle stature acquise par Kylian Mbappé en équipe de France.

Un reportage à Madère, sur les terres d’un Ronaldo, en plein cœur de l’affaire Mayorga.

Un zoom sur le rôle d’Antoine Griezmann au sein des Bleus.

Les souhaits formulés par Michel Platini, ex-patron de l’UEFA, trois fois le Ballon d’or dans sa carrière de joueur (1983, 1984 et 1985).

Le portrait de la Brésilienne Marta Vieira da Silva, l’une des favorites pour l’attribution du Ballon d’or féminin.

Une chronique de Jérôme Latta, des Cahiers du football, qui explique pourquoi il n’y aura « pas de Ballon d’or pour les Bleus » et pourquoi « c’est tant mieux ».