Avec un petit sourire de contentement, Xavier Niel, le fondateur de Free (et actionnaire à titre individuel du Monde) a annoncé, mardi 4 décembre, la sortie de la Freebox Delta. Cette box Internet s’ajoute aux anciennes offres Internet de Free, qui demeurent. Son positionnement tarifaire est très haut de gamme : l’abonnement Internet coûte 50 euros mensuels, le boîtier multimédia 10 euros mensuels supplémentaires pendant quatre ans, ou 480 euros en un seul versement.

Légèrement plus élevé que les offres haut de gamme de SFR et d’Orange, ce tarif élitiste force Free à sortir le grand jeu. La nouvelle offre est composée d’un abonnement à Internet, d’une box Internet et d’un boîtier multimédia d’un nouveau genre. Un objet en forme de triangle dont l’esthétique minimaliste fait penser à certains produits Apple sortis dans les années 2000. Ce boîtier intègre une avalanche d’options audio et vidéo, ainsi qu’un assistant personnel et une alarme anti intrusion. En attendant de pouvoir le tester, voici un tour d’horizon de ses fonctionnalités.

La Freebox Delta a été dessinée par Jasper Morrison, un designer anglais au style minimaliste. / FREE

Un haut-parleur haut de gamme

Le lecteur multimédia de la Freebox Delta intègre une véritable barre de son. Free a sollicité l’expertise de l’entreprise française Devialet, qui commercialise déjà une enceinte connectée haut de gamme, la Phantom. La Freebox Delta est une version un peu moins performante de cette enceinte réputée. Elle peut-être pilotée à distance avec la nouvelle application smartphone de Free. On peut aussi la raccorder aux bibliothèques musicales Spotify, Deezer et Quobuz.

Cette barre est censée offrir un son cinéma. Elle tente de restituer les effets sonores en trois dimensions des films à grands budgets en donnant, par exemple, l’illusion qu’un hélicoptère passe dans le dos du spectateur. Pour y arriver, elle oriente deux haut-parleurs vers le mur, pour que le son rebondisse vers l’arrière de la pièce. Cela impose en revanche de positionner la Freebox Delta juste en dessous de la TV, contre le mur, ce qui ne sera pas possible dans tous les foyers.

Quelle est la qualité sonore ? Selon Franck Lebouchard, le PDG de Devialet, interrogé par Le Monde, les enceintes de la Freebox Delta se rapprochent de la Soundbox de Devialet, une barre de son conçue pour l’opérateur anglais Sky. Ce produit a reçu de bonnes critiques du média anglais spécialiste du son What Hi-Fi ? et du magazine américain technophile Wired. Reste à savoir si l’effet 3D du son sera au niveau des meilleures barres de son cinéma du marché, les modèles de Samsung ou Yamaha.

Une télévision améliorée avec Netflix inclus

Avec sa nouvelle offre haut de gamme, Free triple le nombre de chaînes, avec désormais six cents canaux disponibles. Quelques chaînes habituellement payantes sont intégrées sans surcoût, comme Eurosport et National Geographic. Le service de VOD Netflix est également intégré sans surcoût, avec la qualité vidéo la plus basse (480p), qui ne fait pas honneur au positionnement premium du boîtier. Il faut ajouter 6 euros supplémentaires pour bénéficier de la qualité 4K.

La Freebox Delta s’appuie sur son propre logiciel, et non sur Android, le logiciel de Google, qui équipe pourtant un autre modèle de Freebox, la Mini 4K. Il n’est ainsi pas certain que d’autres services de VOD, comme celui d’Amazon, soient compatibles avec ce logiciel de Free.

En revanche, la Freebox Delta peut lire les vidéos en 4K HDR, qui offrent théoriquement un contraste plus frappant et plus naturel. Quelques centaines de films sont disponibles à l’achat dans ce format, issus des catalogues des studios Fox, Sony, Warner, Universal, Gaumont, Pathé et StudioCanal.

La qualité des images TV devrait progresser avec la Freebox Delta, puisque Free augmente le débit vidéo à 15 Mbit/s, du moins dans les foyers qui disposent d’une bonne connexion Internet. Il faudra vérifier que l’amélioration est bien visible et que la qualité d’image est supérieure à la concurrence.

La nouvelle offre Internet inclut également l’abonnement à un millier de titres de presse issus du catalogue du service LeKiosk, lisibles sur smartphone. Plusieurs quotidiens nationaux et régionaux sont proposés, et des centaines de magazines, dont des titres à forte notoriété comme Elle, Réponses Photo, Les Inrocks, Maison et Travaux, etc.

L’assistant vocal d’Amazon

« OK Google » a désormais son équivalent « OK Freebox ». On peut demander à voix haute à la Freebox Delta : « Montre-moi des films avec Jean Dujardin. » L’assistant vocal de Free est en réalité une version personnalisée d’Alexa, l’assistant vocal d’Amazon. Ce produit très à la mode est toutefois loin d’être parfaitement optimal : beaucoup de recherches aboutissent à de mauvais résultats, ce qui peut décourager d’y recourir.

Selon nos tests, Alexa fonctionne cependant plutôt bien lorsqu’on se contente de l’utiliser pour lancer de la musique. On peut espérer qu’il en soit de même pour rechercher des films, séries et programmes TV. En revanche, aucune précision n’a été donnée par Free, lors de la conférence de presse, sur le destin des données personnelles récoltées par Alexa à travers la Freebox Delta – ni, d’ailleurs, de celles que recueillera le logiciel Freebox OS.

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Une alarme avec caméra de surveillance

L’inventaire à la Prévert se poursuit avec un pack de sécurité très complet, fourni d’office avec la Freebox Delta. Il comprend une caméra à vision nocturne, un détecteur de mouvement, un détecteur d’intrusion pour porte ou fenêtre. La Freebox Delta peut détecter les bruits suspects et diffuser une sirène à 105 décibels. Free fournit une petite télécommande pour piloter le tout. En cas d’intrusion, la box alerte son propriétaire par un message sur son mobile. On peut alors consulter la caméra de surveillance à distance.

L’alarme et le système d’alerte par SMS fonctionnent même en cas de brève coupure de courant : la Freebox Delta embarque une petite batterie et une puce de communication mobile Sigfox. Tous les logements ne sont toutefois pas couverts par cet opérateur.

Une vitesse de connexion améliorée ?

Free insiste sur les améliorations apportées à la connexion Internet de la Freebox Delta. Ce sont les abonnés à l’ADSL qui devraient en profiter le plus : leur connexion sera doublée d’une liaison mobile 4G sans surcoût. Free promet des débits bien plus rapides que les meilleures connexions ADSL, montant jusqu’à 200 Mbit/s.

Cette promesse très théorique devrait déboucher sur des réalités contrastées. Tous les foyers ne sont probablement pas couverts par un bon réseau 4G. En outre, la rapidité des antennes relais 4G change selon les quartiers et selon les heures de la journée. Si toutes les box d’un quartier s’y connectaient simultanément en soirée, le débit pourrait chuter.

Les foyers connectés à la fibre ne devraient pas beaucoup profiter de l’accélération de la connexion, qui passe à 10 Gbit/s. Mais la connexion ne peut atteindre cette vitesse qu’à la condition qu’un ordinateur, quelque part sur Internet, puisse envoyer des données à une vitesse de 10 Gbit/s. C’est rarement le cas. En revanche, Free promet une accélération de la vitesse d’envoi des documents. Cela pourrait effectivement améliorer la transmission des documents lourds comme les vidéos.

La Freebox Delta intègre une antenne Wi-Fi accélérée, à la norme AC4400. Ici encore, très peu d’appareils en profiteront : la plupart des smartphones, tablettes ou PC sont dotés d’antennes moins rapides.

Télécommande à écran tactile

Free fournit une nouvelle application pour smartphone qui permet de piloter la Freebox Delta à distance, et lancer l’enregistrement d’un programme à l’autre bout de la France, par exemple. La Freebox Delta est fournie avec deux télécommandes. La seconde innove en intégrant un petit écran tactile, dont les touches changent en fonction du contexte. Cette télécommande se recharge sans le moindre fil, lorsqu’on la pose sur la Freebox Delta. Celle-ci intègre un chargeur par induction à la norme Qi qui pourra aussi servir à recharger un smartphone.

La nouvelle box intègre également un petit serveur de 1 To. Il peut servir, entre autres, à sauvegarder le contenu de son smartphone grâce à l’application Free. Il est amovible et les clients Free en seront propriétaires. Les fonctions domotiques de la Freebox sont en revanche moins enthousiasmantes. Pour le moment, la Freebox Delta n’est compatible qu’avec deux gammes d’objets connectés, Philips Hue et Somfy. On est loin du catalogue de l’assistant Google, compatible avec plus de mille objets connectés.

En conclusion

Le tarif de la Freebox Delta est difficile à digérer : 60 euros, voire même 66 euros, si l’on désire regarder Netflix en qualité 4K, et non en basse qualité. Mais ce tarif inclut plusieurs coûteux abonnements presse et TV. En outre, le boîtier multimédia de la Freebox Delta est prometteur : il intègre presque tout ce qu’un salon connecté peut offrir en 2018, dont une bonne barre de son et un assistant vocal. Le tout est intégré dans un seul boîtier, ce qui offre la promesse d’une installation et d’un usage faciles. Une telle promesse n’est généralement pas si facile à tenir : il faudra vérifier que l’ergonomie de la Freebox Delta est à la hauteur.

Par contre, elle s’adresse en priorité aux personnes qui n’ont pas déjà investi dans ce type d’appareils connectés, qui risquent de faire doublon. Mais Free ne force personne à s’offrir la Freebox Delta : les anciennes offres de Freebox demeurent disponibles. En outre, la Freebox Delta n’est pas la seule box annoncée par Xavier Niel mardi. Apparaît également dans les offres de l’opérateur la Freebox One, facturée 40 euros mensuels, Netflix inclus. Son dessin est tout aussi minimaliste. Elle profite des mêmes améliorations de la qualité vidéo que sa grande sœur. Elle offre aussi plus de liberté aux consommateurs : on peut l’agrémenter des enceintes de son choix et de l’assistant personnel qu’on préfère.

La Freebox One est la seconde offre annoncée par Free mardi 3 décembre. Elle est facturée 40 euros, Netflix inclus. / FREE