L’éditeur de « Fortnite » se lance dans la bataille des plates-formes de distribution numérique de jeux vidéo. / Epic

Branle-bas de combat dans l’industrie du jeu vidéo. L’entreprise américaine Epic Games, qui surfe depuis un an sur le succès phénoménal de Fortnite, a annoncé mardi 4 décembre le lancement de sa propre plate-forme de distribution de jeux vidéo. Baptisée Epic Games Store, elle sera mise en ligne sur PC, Mac, puis Android « et autres plates-formes ouvertes » en 2019, précise l’éditeur sur son blog :

« Ces cinq dernières années, nous avons construit des outils permettant à Epic d’amener directement ses jeux aux joueurs. Nous avons développé l’Epic Games launcher [un logiciel de lancement de programmes] sur PC et Mac pour “Fortnite” et [la bibliothèque d’outils de développement] Unreal Engine ; nous avons bâti un écosystème commercial en ligne acceptant des douzaines de méthode de paiement, et nous avons réalisé d’importantes économies d’échelle grâce à la croissance de “Fortnite”. »

Epic Games promet une rétribution très avantageuse pour les studios et les éditeurs : 88 %, et la gratuité d’utilisation de moteur Unreal Engine 4. L’annonce résonne tout particulièrement avec l’actualité compliquée du numéro un occidental de la distribution en ligne sur ordinateur, Steam, qui a révélé le 1er décembre avoir modifié sa grille de partage des revenus rétroactivement au 1er octobre en faveur des plus grosses ventes. La société derrière la plate-forme phare laissera désormais 80 % des revenus aux jeux ayant généré plus de 50 millions de dollars, 75 % de 10 à 50 millions, et seulement 30 % en dessous.

Plusieurs studios se sont par ailleurs inquiétés que les nouveaux algorithmes de Steam mettent désormais davantage en avant les superproductions, au détriment des jeux indépendants ayant fait son succès.

Guerre des plates-formes

Alors que l’industrie se prépare à l’arrivée du modèle Netflix, de nombreux acteurs ont lancé ces dernières années leur propre plate-forme, qu’il s’agisse de CD Projekt (The Witcher) avec GOG.com, d’Electronic Arts (FIFA, Battlefield) avec Origin ou Ubisoft (Assassin’s Creed) avec Uplay, souvent avec un succès limité. Ces derniers mois, itch.io, réservé aux jeux expérimentaux, a pris de plus en plus d’importance, tandis que le déploiement en Occident de WeGame, la solution maison du géant chinois Tencent, a été annoncé.

L’idée d’une guerre des plates-formes de jeux vidéo en ligne a par ailleurs droit à un rebondissement pour le moins cocasse. Sergey Galyonkin, programmeur à l’origine du compte Steam Spy (« l’espion de Steam »), qui estimait grâce à des calculs complexes les ventes de jeu sur Steam, au point de s’imposer comme une référence dans l’industrie, a révélé qu’il travaillait depuis des années sur le projet concurrent d’Epic.