La façade du Trump International Hotel à Washington. / Alex Brandon / AP

Le président des Etats-Unis, Donald Trump, risque d’être obligé de produire des documents financiers qu’il s’est jusqu’ici refusé à communiquer, dans le cadre d’une enquête pour corruption portant sur les revenus perçus par son hôtel de Washington auprès d’officiels étrangers.

Les procureurs de Washington et de l’Etat voisin du Maryland vont adresser prochainement des assignations à treize entités privées liées au milliardaire républicain, dont son trust et le management des hôtels Trump, pour obtenir ces documents, ont fait savoir leurs services mardi 4 décembre.

Ils vont également adresser des injonctions à cinq entités publiques, dont le Trésor qui dispose de toutes les déclarations fiscales, et à 18 établissements concurrents de l’hôtel Trump, ont-ils ajouté au lendemain d’une décision d’un juge ayant autorisé ces assignations.

« Clause sur les émoluments »

Les procureurs, Karl Racine et Brian Frosh, accusent le président des Etats-Unis de percevoir des fonds de gouvernements étrangers en violation de la Constitution.

La « clause sur les émoluments » interdit à toute personne occupant une fonction publique d’« accepter cadeau, émolument, fonction ou titre de quelque sorte que ce soit d’un roi, prince, ou d’un Etat étranger » sans accord du Congrès.

Pour les plaignants, Donald Trump est coupable de conflits d’intérêts, n’ayant pas suffisamment pris ses distances avec son groupe économique. Après son installation à la Maison Blanche, en janvier 2017, le magnat de l’immobilier a confié à ses fils la gestion de ses affaires, mais a conservé toutes ses parts dans la Trump organization.

Concurrence déloyale

Désireuses de s’attirer les bonnes grâces du président des Etats-Unis, certaines délégations étrangères privilégient le Trump International Hotel, près de la Maison Blanche, dénoncent les procureurs qui y voient une concurrence déloyale pour les autres hôtels de la capitale.

Selon les médias américains, depuis l’élection du milliardaire en 2016, son hôtel a accueilli des événements organisés par les ambassades du Koweït, du Bahreïn et des Philippines. Il aurait également reçu de nombreux dignitaires saoudiens.

Le ministère de la justice avait cherché à faire classer la plainte sans suite arguant que la clause d’émoluments visait à empêcher les agents publics d’empocher des pots-de-vin et non de faire des affaires.

Au-delà de ce dossier, Donald Trump est visé par une plainte de l’Etat de New York pour détournement de fonds au sein de sa fondation, et par les plaintes de deux femmes avec lesquelles il aurait eu des liaisons. Il est également concerné par la tentaculaire enquête sur les soupçons de collusion entre la Russe et son équipe de campagne de 2016.