Didier Deschamps, le 12 novembre, à Clairefontaine. / BENOIT TESSIER / REUTERS

Le 15 juillet, au stade Loujniki de Moscou, Didier Deschamps a parfait sa légende en devenant le troisième homme à remporter la Coupe du monde comme joueur puis sélectionneur. Le patron des Bleus a rejoint, au panthéon, le Brésilien Mario Zagallo (1958 et 1962 comme joueur, 1970 comme sélectionneur) et l’Allemand Franz Beckenbauer (1974 et 1990). Contrairement à ses prédécesseurs Michel Hidalgo et Aimé Jacquet, partis par la grande porte après les sacres à l’Euro 1984 et au Mondial 1998, Deschamps a choisi d’honorer son bail – prolongé en octobre 2017 – à la tête de l’équipe de France.

Sous contrat jusqu’en 2020, le sélectionneur le plus capé de l’histoire des Tricolores (89 matchs dirigés depuis août 2012) l’assure : « Le jour où j’aurai moins cette envie, il sera temps pour moi. Mais là, je ne me suis même pas posé la question. La passion est encore au maximum car je suis convaincu que la route continue : on a encore de belles choses à faire ensemble. »

Finaliste malheureux à l’Euro 2016, battu (1-0) en prolongation par le Portugal, Deschamps aspire à remporter avec l’équipe de France le tournoi continental, dans deux ans. En cas de succès, il deviendrait ainsi le premier à réaliser le doublé après son titre acquis, en 2000, comme capitaine des Bleus. Sacré en 1996 comme sélectionneur de l’Allemagne, Berti Vogts n’avait, lui, pas disputé la moindre minute de jeu lors du triomphe de la RFA, en 1972.

Retour sur le banc d’un club ?

« Je ne cours pas après ça, insiste Deschamps. Ma première vie en tant que joueur m’a apporté tellement de choses. Je suis là car il y a ce maillot et ce qu’il a toujours représenté pour moi. En 2018, c’est ma victoire, mais c’est à travers les joueurs. C’est d’abord la leur, comme quand j’étais acteur en 1998 et 2000. Demain, cela ne me gêne pas du tout si je ne suis pas dans la lumière. J’avais une vie avant 1998 et avant cet été. »

Après six ans et demi en poste, quel est son carburant ? « C’est satisfaisant quand la réussite se répète dans une carrière professionnelle, estime-t-il. Je suis là pour ça. Cela ne m’intéresse pas de faire ça simplement pour m’amuser. Sinon, je ferais autre chose. Je ne cherche pas à laisser une trace. Mais les résultats sont ce qu’ils sont : on est vice-champion d’Europe et champion du monde. »

Interrogé sur ce que lui inspire son homologue allemand Joachim Löw, en poste depuis douze ans et sous contrat jusqu’en 2022, mais aujourd’hui soumis à des fortes critiques compte tenu des mauvais résultats de la Nationalmannschaft, Deschamps salue « un bel exemple de longévité et de continuité ». Tout en relevant : « Cela s’est mal passé en Russie. Etait-il le meilleur lors du sacre mondial de 2014 et, aujourd’hui, fait-il partie des moins bons ? Non, je ne crois pas ça. Il dépend de ses joueurs. »

Deschamps lui, assure aujourd’hui qu’il ne se pose pas la question de savoir ce qu’il fera au terme de son mandat de sélectionneur et si, éventuellement, il pourrait retourner sur le banc d’un club, lui qui fut coach à succès de Monaco (2001-2005), de la Juventus Turin (2006-2007) et de l’Olympique de Marseille (2009-2012). « Je verrai en temps voulu. On est dans un tambour de machine à laver quand on est entraîneur en club qu’on fasse bien ou mal, considère-t-il. Il y a la fatigue. Là, je fais un autre métier. Passionnément. »