Le fondateur de The Wild Immersion, Adrien Moisson, à Paris, le 22 novembre. / JOEL SAGET / AFP

Outre leur programmation traditionnelle, deux salles parisiennes de cinéma Pathé Gaumont – Beaugrenelle et La Villette – proposaient, dès mercredi 5 décembre, des films en réalité virtuelle destinés à plonger une vingtaine de spectateurs en immersion dans des réserves animalières. Equipés d’un casque sur les yeux, ils peuvent découvrir, pour 10 euros, deux courts-métrages de 12 minutes signés The Wild Immersion. Ces petits films, axés sur la jungle à La Villette et le monde marin à Beaugrenelle, ont pour ambition de « reconnecter sensoriellement les spectateurs avec la nature », affirme la direction des cinémas.

La caméra filme au plus près, ici un volumineux serpent, là un troupeau d’éléphants en Afrique, le cou d’une girafe ou un koala qui mâche des feuilles, là encore un vol de flamants roses. Le spectateur peut effectuer une rotation de 360 degrés pour se promener dans la savane. Pour les fonds sous-marins, une étonnante richesse sonore accompagne la plongée à côté des tortues ou des raies manta.

Selon Jacques Durand, directeur de l’innovation des cinémas Pathé Gaumont, « cette première tentative pilote permettra de tester les réactions du public, avant de la déployer en Suisse et aux Pays-Bas ». Ce nouveau service « correspond à une politique de diversification des contenus, des expériences, et devrait nous permettre de toucher le public des 15-25 ans avec un message à la fois très porteur et positif ». The Wild Immersion mène des négociations avec d’autres exploitants de cinéma, notamment à Anvers, en Belgique.

Des bons sentiments pour attirer le public, qui préfère les séries aux salles obscures ? Le fondateur de The Wild Immersion, Adrien Moisson, a pris conscience, en lisant le dernier bilan du Fonds mondial pour la nature (WWF), que « sous la pression de l’homme, la Terre [avait] vu ses populations de vertébrés sauvages décliner de 60 % entre 1970 et 2014 ».

« Un projet qui fasse sens »

L’aventure de ce quadragénaire tatoué ressemble à la conversion de saint Paul sur le chemin de Damas. Vétérinaire de formation et diplômé d’école de commerce, cet ancien publicitaire, qui « faisait entre 200 et 300 productions par an avec des millions de chiffre d’affaires », a tout laissé tomber en s’apercevant que « la publicité [poussait] à la surconsommation, au gâchis ». Il a voulu consacrer sa vie à « un projet qui fasse sens et ait un impact positif sur la planète ».

Ses films, à l’ambition également éducative, seront diffusés dans des écoles en Finlande, en Chine ou encore dans plusieurs musées d’histoire naturelle américains. M. Moisson a également noué des partenariats avec des maisons de retraite afin d’étudier l’impact de la nature filmée sur des malades souffrant d’Alzheimer.

L’éthologue et anthropologue britannique Jane Goodall, l’une des premières à s’être intéressée à la vie des chimpanzés, a aidé Adrien Moisson à accéder aux endroits les plus préservés de la planète pour pouvoir filmer les animaux. Ces petits films virtuels – quatre autres sont en cours de finalisation – permettront de créer des réserves naturelles qui, elles, seront bien réelles et qui, contrairement aux zoos, laisseront toute liberté aux animaux. « Les premières réserves devraient voir le jour en Tanzanie et en Inde, souligne M. Moisson. Elles seront financées par quatre biais : un petit pourcentage des recettes des films (3 %), les bénéfices de The Wild Immersion, du financement participatif et un appel à des investisseurs. »