La future gare de Nanterre-La Folie, dans le quartier des Groues, à Nanterre (Hauts-de-Seine). / Guller/Loukat

Nanterre (Hauts-de-Seine) accueillera, d’ici à 2030 et 2035, deux nouvelles gares, Nanterre-La Folie et Nanterre-La Boule, situées sur les lignes de métro 15 et 18 du Grand Paris Express. Et, dès 2022, La Folie sera reliée au prolongement de la ligne E du RER (Eole), qui la mettra à une vingtaine de minutes du centre de Paris Rive droite (gare Saint-Lazare, gare du Nord). Le prolongement de la ligne 1 du tramway irriguera, en outre, la ville de dix stations, permettant de relier enfin ses quartiers entre eux.

Cette ville morcelée par l’urbanisme des années 1970, vaste zone d’extension du quartier d’affaires de la Défense – qui va y doubler sa surface –, est déjà très active, puisqu’elle compte autant d’emplois que d’habitants, et deviendra un nœud d’interconnexion de l’Ouest parisien, déplaçant à lui seul le centre de gravité de la Défense.

Rééquilibrer l’habitat et mieux répartir les logements sociaux

La création de deux quartiers autour de ces nouvelles gares, Les Groues et La Boule, est l’occasion, pour la mairie, de rééquilibrer l’habitat et de mieux répartir les logements sociaux, qui représentent 50 % du parc de logements familiaux, voire 56 %, selon la comptabilité de la loi solidarité et renouvellement urbains qui intègre les chambres d’étudiants et de maisons de retraite.

Aux Groues, la friche actuelle de 76 hectares et 300 habitants sera transformée pour en accueiller 12 000.

Autour de la gare La Folie, les Groues, onzième quartier de la ville, comme aime à le désigner le maire Patrick Jarry (ex-PC, divers gauche), va transformer cette friche de 76 hectares, dont 47 de foncier ferroviaire, semée d’entrepôts et où ne résident, aujourd’hui, que 300 personnes. Il accueillera 12 000 habitants et autant d’emplois, donc des bureaux.

Le leader mondial du secteur du BTP, Vinci, y a déjà entamé la construction de son siège mondial, jusqu’ici basé à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine). Ses 4 000 salariés seront, en 2020, les premiers à venir travailler aux Groues, dans cinq bâtiments reliés par des passerelles, au sein d’un vaste programme qui prévoit également une tour-hôtel de 100 mètres de haut.

Vocation industrielle

Le chantier, complexe car il enjambe les faisceaux ferroviaires et s’emboîte avec la nouvelle gare, est mené conjointement par Vinci et la SNCF. « Nous souhaitons conserver la vocation industrielle du lieu où se trouvait un des centres d’entretien de la SNCF, avec 2 500 cheminots, précise Céline Crestin, codirectrice de l’aménagement à l’établissement public Paris La Défense, aménageur du secteur. Nous garderons une partie des entrepôts et des halles, pour y héberger des ateliers de recherche, de développement et de prototypage pour de grandes entreprises, comme Engie, ou des start-up. La SNCF y conservera d’ailleurs des ateliers d’entretien de son matériel roulant. »

Le programme de logements est, à la demande de la ville, diversifié entre HLM (30 %) et accession à la propriété à prix maîtrisé : « Nous combattons la spéculation immobilière, affirme Patrick Jarry, en fixant des prix maximums de revente que la pression foncière nous contraint, cependant, à augmenter : nous atteignons aujourd’hui 5 200 euros le mètre carré, contre 7 000 euros dans les communes voisines de Puteaux et Courbevoie. »

Autre combat pour le maire, modérer la densité qu’exigent les aménageurs : « La surdensité, on connaît, avec les 34 tours du quartier Picasso, alors nous souhaitons limiter les hauteurs de bâtiment. »

Mme Crestin confirme que la négociation a été serrée : « A l’exception de quelques émergences, les immeubles ne dépasseront pas huit étages, comme autour de la place d’Arras, nouveau cœur de quartier où nous voulons une certaine intensité urbaine, ou de la future gare de La Folie. Ailleurs, nous modulerons les hauteurs, les pavillons seront conservés et, à la demande des habitants, nous faisons plus de place aux espaces verts. »

Le grand boulevard de la RN13, autrefois saignée routière, sera urbanisé et végétalisé.

Le square passe de 4 000 à 10 000 mètres carrés, le grand boulevard de la RN13, autrefois saignée routière, sera urbanisé et végétalisé, ménageant de larges trottoirs et des passages piétons. Enfin, une promenade verte cheminera en belvédère, le long de la voie ferrée.

A rebours de la tendance actuelle, qui limite sévèrement la place de la voiture, Nanterre choisit la modération : « J’ai un peu diminué, de 1 à 0,9 par logement, l’obligation de créer des places de parking dans les immeubles neufs, explique Patrick Jarry. Les transports en commun vont, bien sûr, beaucoup progresser dans la ville, les nouvelles lignes soulageront les existantes, complètement saturées, et le confort sera meilleur. Donc, l’usage de la voiture diminuera, mais pas forcément sa possession et, s’il n’y a pas de parkings, les automobiles encombrent l’espace public. »

De nouveaux moyens de transports pour le quartier de la Boule

L’autre quartier, celui de la Boule, au centre de la commune, nommé d’après la place de la Boule, est d’emblée plus urbain. Bien que doté d’équipements publics majeurs, le Théâtre des Amandiers, le Palais des sports, la piscine et la toute nouvelle Arena, à la fois stade et salle de spectacle, il est assez mal desservi et ses 4 000 habitants attendent les nouveaux moyens de transport avec impatience.

Son aménagement permet de le requalifier, avec, à la demande des habitants, des circulations douces et une canalisation de l’intense trafic automobile. Premier acte visible et symbolique : la démolition – imminente – d’une barre HLM de 18 étages datant des années 1960, très énergivore, propriété du bailleur social France Habitation.

« Le relogement des 280 locataires s’est déroulé selon leurs souhaits, dans les immeubles HLM en face ou ailleurs dans la ville, se félicite Alexandre Guillemaud, conseiller municipal (UDI) et président de l’Union nationale des locataires indépendants de Nanterre. Cela a pris du temps, entre 2011 et aujourd’hui, mais il n’y a pas eu de difficultés. »

Ici, un programme d’écoquartier prévoit bureaux, immeubles de tout standing, dont certains habillés de verdure, et commerces, le tout raccordé au réseau de chauffage urbain de la Défense qui, lui, fera de plus en plus appel à des énergies renouvelables.

Cet article fait partie d’un dossier réalisé en partenariat avec l’établissement public foncier d’Ile-de-France.