Démonstration de Florian Kohler vendredi 30 novembre à la Tour Eiffel. / CAP

Verra-t-on de la chute libre indoor (nom officiel du vol en soufflerie) et du billard aux Jeux olympiques de 2024, à Paris ? Lobbying intense, conférences de presse… Depuis plusieurs semaines, ces deux sports font feu de tout bois, multipliant les démarches et les initiatives pour détailler la réalité de leur pratique et en vanter les mérites. Avec un objectif : décrocher une place d’invité au bal olympique, en France, dans cinq ans.

La réponse appartiendra au comité d’organisation des Olympiades (COJO) de Paris dans un premier temps, avant une décision finale du Comité international olympique (CIO). Sachant qu’il n’y aura que « deux, trois, peut-être quatre » sports qui seront invités, s’ajoutant aux 28 déjà programmés, comme le rappelle le COJO de Paris, le nombre total de sportifs étant plafonné à 10 500 (contre près de 11 000 quatre ans plus tôt à Tokyo).

La chute libre indoor et le billard sont loin d’être les seuls prétendants : 37 sports répondent potentiellement au critère d’éligibilité fixé par le CIO. La pétanque, le squash, ou encore le ski nautique ont aussi rendu publiques leurs candidatures. Par ailleurs, cinq sports qui ont d’ores et déjà été ajoutés aux JO de Tokyo, en 2020 (karaté, surf, escalade, skate et baseball/softball), seront à nouveau candidats à une présence en 2024.

Pour ce rendez-vous à Paris, le processus de désignation des nouveaux sports accueillis aux JO a toutefois été modifié. Désormais, c’est le comité national qui contacte les fédérations qui l’intéressent, à charge pour celles-ci de présenter un projet, ou non - le COJO regarde malgré tout les candidatures « spontanées ».

Quelles sont les fédérations qui ont été contactées ? Ni Tony Estanguet, triple champion olympique de Canoë (2000, 2004, 2012) et président du COJO de Paris, ni #Paris2024 ne veulent répondre à cette question.

Enchaîner sept figures imposées le plus vite possible

Cela n’empêche pas, dans l’immédiat, la chute libre indoor et le billard d’essayer de se « vendre ». La première met en avant son côté spectaculaire, télégénique, ciblant les jeunes : cette pratique, née en 1998, consiste à enchaîner sept figures imposées le plus vite possible (plus de 1 figure par seconde) dans un tube de verre vertical dans lequel est propulsé de l’air à très haute vitesse - 270 km/h par exemple dans le tube le plus haut d’Europe (14 m pour 4,5 de diamètre) installé au Vill’up de La Villette.

Cette activité souligne également qu’elle est adaptée aux nouvelles contraintes olympiques : l’épreuve peut s’organiser sur une journée et le lieu parisien est déjà trouvé.

Discipline jeune (la première soufflerie a ouvert en 1998 en Floride), la chute libre indoor compte cependant peu de licenciés : en France, 250 000 personnes ont volé en soufflerie en 2018, pour une centaine de licenciés en parachutisme spécialisés dans la chute indoor.

Le vol en soufflerie nécessite par ailleurs une installation lourde, même si le coût environnemental a été réduit : 300 kWatt/h, climatisation incluse, par exemple à La Villette (entièrement fournis par des énergies vertes).

Trois types de billard

Le billard, pour sa part, avance son universalité (des antennes dans 135 pays) et le fait qu’il ait été le premier sport à organiser un championnat du monde en 1813. Il souligne aussi son aspect télégénique (1,6 milliard de foyers ont suivi le dernier championnat du monde de snooker, selon la Confédération mondiale des sports de billard, WCBS) et le faible coût de l’organisation d’une compétition.

Trois types de billard candidatent en l’occurrence aux JO : le carambole, ex-billard français à trois billes et sans poches ; le snooker, plus grand de 20 %, avec 6 poches et 22 billes non numérotées ; et le billard américain, plus petit, avec 15 billes numérotées plus une blanche et 6 poches.

La pratique compte 16 000 licenciés en France et 280 millions de pratiquants dans le monde, principalement aux Etats-Unis (40 millions), en Chine, en Inde et en Afrique. Peu physique, elle reste très masculine, de l’aveu même du président de la Fédération française de billard, Jean-Paul Sinamian, qui souligne « l’impérative nécessité d’accueillir un nouveau public : jeunes, femmes, handicapés ».

Au final, une première liste des possibles futurs heureux élus sera connue fin mars 2019 : elle sera communiquée par le COJO qui la soumettra au CIO. Une sélection sera ensuite finalisée en octobre 2019, la décision finale devant être rendue par le CIO en décembre 2020. Le temps d’observer, lors des Jeux de Tokyo, comment se comportent les sports additionnels qui y auront fait leur apparition.