Lors de la victoire (3-1) face au Brésil, le 10 novembre, à l’Allianz Riviera de Nice. / ERIC GAILLARD / AI / REUTERS / PANORAMIC

Nous sommes le 8 juillet 2019, les Champs-Elysées sont noirs de monde. Un bus à impériale descend l’avenue parisienne, personne n’ordonne au chauffeur d’accélérer le mouvement. Le président, Emmanuel Macron, peut bien attendre pour la réception, les maîtresses des horloges s’appellent Amandine Henry, Wendie Renard, Eugénie Le Sommer et leurs coéquipières.

La veille, à Lyon, au stade des Lumières, elles sont devenues championnes du monde de football face aux favorites américaines. Leur sélectionneuse, Corinne Diacre, n’était donc pas présomptueuse quand elle affichait les ambitions dès décembre 2018. « A domicile ou partout ailleurs, quand on démarre une compétition, c’est pour gagner. »

Ceci n’est encore qu’un rêve. Avant de chercher à la gagner, la France va d’abord organiser la 8e édition de la Coupe du monde féminine, du 7 juin au 7 juillet, dont le tirage au sort a lieu ce samedi 8 décembre à Boulogne-Billancourt. Et en soi, il s’agit déjà d’une première victoire pour cette pratique longtemps ignorée, si ce n’est méprisée dans le pays.

C’était entendu, pour ses détracteurs, le football féminin n’est ni du football ni féminin. Le chroniqueur et polémiste Pierre Ménès pouvait encore dire en 2013 : « Avant [dans le foot féminin], t’avais des grosses dondons qui étaient certainement trop moches pour aller en boîte le samedi soir. Aujourd’hui, ça n’a rien à voir, elles ont progressé (…). Mais par rapport à une équipe masculine, ça vaut que dalle ! »

Tous les voyants au vert

Cinq ans plus tard, Canal+ – le groupe auquel collabore M. Ménès – propose tous les week-ends deux matchs du championnat de France. TF1 diffusera 25 rencontres de la Coupe du monde cet été, dont tous les matchs de l’équipe de France. Qui pouvait l’imaginer il y a encore dix ans ?

L’effervescence est palpable, les médias toujours plus demandeurs, le service de presse de la Fédération française de football (FFF) filtre désormais les demandes d’entretien. En 2009, le sélectionneur de l’époque, Bruno Bini, regrettait encore « que les journalistes sportifs ne trouvent pas digne d’intérêt le football féminin ».

Infographie Le Monde

Entre-temps, il y a eu la 4e place lors de la Coupe du monde 2011 en Allemagne, cette victoire homérique contre l’Angleterre en quart de finale, la défaite romantique face aux intouchables Américaines aux portes de la finale.

Alors que le football français panse encore ses plaies un an après la mutinerie de Knysna (avec la grève d’un entraînement pendant le Mondial sud-africain), ces « filles » lui offrent un coin de ciel bleu et pas mal de fraîcheur. La France découvre la technique raffinée de Louisa Necib, l’abattage d’Elise Bussaglia, institutrice de métier à l’époque, ou encore l’assurance de Laura Georges en défense.

Absentes des trois premières éditions, entre 1991 et 1999, les Bleues sont installées depuis dans le gotha des nations qui comptent. Tous les voyants sont au vert. La pratique se démocratise et le nombre de licenciées explose. A son arrivée à la tête de la FFF, en 2011, Noël Le Graët confie un plan de féminisation à l’ancienne internationale Brigitte Henriques. L’objectif était d’atteindre le cap des 100 000 joueuses licenciées dans l’Hexagone, contre 54 000 à l’époque – et il a été franchi en février 2016. Aujourd’hui, elles sont 165 000 licenciées.

La vitrine brille aussi. Du côté des clubs, l’Olympique lyonnais a remporté la Ligue des champions à cinq reprises (2011, 2012, 2016, 2017 et 2018) et a perdu une fois en finale (2013), tout comme le Paris-Saint-Germain, défait à deux reprises à l’ultime stade de la compétition phare européenne (2015 et 2017).

Il manque juste l’étincelle pour accélérer le mouvement, pour entrer définitivement dans le cœur du public, créer une histoire. Pour que la fête soit la plus belle possible et que le soufflé ne retombe pas trop vite, les coéquipières de la capitaine, Amandine Henry, ont reçu les demi-finales pour ordre de mission.

Mais dans le fond, elles rêvent bien sûr d’imiter 1998 et 2018, d’accrocher une étoile de championne du monde à leur maillot. Parfois, c’est bien aussi de copier sur les garçons.

Calendier, villes hôtes, retransmission

  • Calendrier

La Coupe du monde féminine, dont le tirage au sort se tient samedi 8 décembre, aura lieu en France du vendredi 7 juin au dimanche 7 juillet 2019. Les 24 équipes seront réparties en six groupes. La phase de poules se déroulera jusqu’au 20 juin. Les huitièmes de finale les 22, 23, 24 et 25 juin. Les quarts de finale les 27, 28 et 29 juin. Les demi-finales les 2 et 3 juillet, et la finale le 7.

  • Villes hôtes

Neuf villes ont été retenues : Grenoble, Le Havre, Lyon, Montpellier, Nice, Paris, Reims, Rennes et Valenciennes. Le match d’ouverture se tiendra à Paris, les demi-finales et la finale à Lyon.

  • Retransmission

Les matchs seront diffusés conjointement par TF1 et Canal+. Le groupe TF1 proposera en exclusivité et en clair les 25 meilleures affiches, dont tous les matchs des Bleues. De son côté, Canal+ diffusera l’ensemble des rencontres pour ses abonnés, soit 52 matchs.