John Kelly, à droite, le 4 mai 2018. / Carlos Barria / REUTERS

L’ancien général des « marines » a fini par lâcher prise. Donald Trump a annoncé samedi 8 décembre que John Kelly, le « chief of staff » (chef de cabinet) de la Maison Blanche, un rouage essentiel du pouvoir exécutif, quittera ses fonctions dans les prochaines semaines. « C’est un gars super », a ajouté le président des Etats-Unis, assurant qu’il a « beaucoup apprécié ses services ». Donald Trump n’avait pas caché après les élections de mi-mandat, au cours desquelles il a perdu la majorité à la Chambre des représentants, qu’il entendait remanier son équipe.

L’ancien militaire âgé de 68 ans, présent dans le premier cabinet du président comme secrétaire à la sécurité intérieure, avait pris la direction de la Maison Blanche en juillet 2017 pour tenter de remédier à ses dysfonctionnements. Il remplaçait alors un cacique du Parti républicain, Reince Priebus, qui avait manqué de l’autorité nécessaire pour arbitrer entre les pôles de pouvoir concurrents mis en place par Donald Trump.

Un an et demi plus tard, le départ de John Kelly témoigne de son échec. Comme pour d’autres poids lourds de l’administration, ce départ a été précédé, des semaines durant, par des « fuites » annonciatrices qui n’ont pu que saper ce qui lui restait d’autorité. L’ancien militaire avait tenté en vain de limiter l’accès du président pour éviter qu’il ne se disperse. Mais il n’a cessé de se heurter aux conseillers de la première heure, souvent extérieurs à la Maison Blanche.

Heurts sur l’immigration

Le New York Times avait rapporté en octobre, sur la base de sources restées anonymes, qu’une altercation avec le premier directeur de campagne de Donald Trump pendant la présidentielle, Corey Lewandowski, avait pratiquement tourné au pugilat en février, nécessitant l’intervention du « Secret Service » chargé de la protection du président. Quelques mois plus tard, le « chief of staff » s’était heurté cette fois-ci au conseiller à la sécurité nationale, John Bolton, au cours d’un échange verbal vigoureux, selon la presse américaine, mais démenti par la Maison Blanche.

Cet échange portait sur la lutte contre l’immigration dont est chargée actuellement une proche de John Kelly, Kirsten Nielsen, qui lui avait succédé au département de la sécurité intérieure. Donald Trump a régulièrement mis en cause son inefficacité présumée, compte tenu de la hausse mesurée au cours des derniers mois des arrestations de sans-papiers, sans doute le meilleur indicateur de cette immigration illégale. Le sort de cette dernière apparaît désormais très incertain.

Administration instable

L’administration de Donald Trump compte déjà parmi les plus instables de ces dernières décennies. Le renouvellement des postes atteint le chiffre sans précédent de 62 %, moins de deux ans après l’arrivée à la Maison Blanche du milliardaire. Très loin des 38 % mesurés pour Bill Clinton, des 33 % de George W. Bush et des 24 % de Barack Obama selon l’observatoire de la Brookings Institution, un cercle de réflexion de Washington.

Le départ de John Kelly réduit ensuite la présence des anciens militaires autour de Donald Trump. Ces derniers détenaient au début de l’année trois postes stratégiques : celui de « chief of staff », celui de conseiller à la sécurité nationale, avec H.R. McMaster, et enfin celui de secrétaire à la défense, avec l’ancien « marine » James Mattis. Ce dernier est aujourd’hui le dernier survivant du groupe et son avenir à la tête du Pentagone est également incertain. Selon la presse américaine, il aurait échoué à imposer son candidat pour le poste de chef d’état-major qui deviendra vacant à la fin de l’année prochaine.