Olivier Faure, le patron du PS, dans les anciens locaux du parti, rue de Solférino, le 30 mars 2018. / Philippe Wojazer / REUTERS

Il y a bien sûr tout ce que l’on connaît et qui a déjà été raconté mille fois : la catastrophe électorale de 2017, l’image durablement dégradée, les sondages à un chiffre… Mais, dans sa lente reconstruction, le Parti socialiste semble poursuivi par quelque chose de plus irrationnel, quelque chose qui s’apparente à de la poisse…

Pour la troisième fois en trois mois, le PS a décidé de renoncer à l’inauguration de ses nouveaux locaux d’Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), prévue le 15 décembre, pour cause de crise des « gilets jaunes ». « Cela nous paraissait peu opportun, souligne Pierre Jouvet, un des porte-parole de la formation. Nous ne voulions pas faire une inauguration dans un moment où les Français attendent des partis des réponses à leurs interrogations et à leurs angoisses. » Un élu traduit en d’autres mots : « On n’allait quand même pas accrocher des ballons et faire la fête alors que toute la France est sous tension. » Selon M. Jouvet, l’intronisation du nouveau chef de La République en marche, Stanislas Guerini, lors d’un événement qui s’est tenu le 1er décembre alors « qu’il y avait des barricades à Paris », a montré « une image déconnectée de la politique ».

« L’idée même était une erreur »

Pas question, donc, de suivre l’exemple des macronistes. A défaut de pendaison de crémaillère, le PS va organiser le 15 décembre des « rencontres citoyennes » quelque part dans Paris – le lieu n’est pas encore confirmé – pour phosphorer sur les racines de la crise actuelle. Au programme : des tables rondes avec des chercheurs, des syndicalistes et des élus, suivies d’un discours du premier secrétaire, Olivier Faure.

L’inauguration du siège d’Ivry devait d’abord avoir lieu le 21 septembre. Mais les travaux, encore en cours, ont eu raison de la célébration, alors repoussée au 17 novembre, avec un nouveau packaging de communication. L’installation dans le bâtiment devait aller de pair avec un discours prononcé, quelques jours auparavant, par M. Faure, sur l’inventaire du quinquennat précédent. Il s’agissait symboliquement d’entamer un nouveau chapitre, en tournant la page des années Hollande. Patatras, les « gilets jaunes » ont eux aussi coché la même date du 17 novembre pour exprimer leur colère. « Le PS soutient les Français qui défendent leur pouvoir d’achat », écrit alors la formation, qui décide de reporter son événement au 15 décembre.

« A la base, l’idée même d’inaugurer les locaux était une erreur, soupire un cadre. Annoncer des reports, ça laisse penser qu’on est figés alors qu’en vérité le PS est dans les murs depuis des semaines et travaille. » Cette fois, l’inauguration d’Ivry est officiellement reportée mais officieusement remise aux calendes grecques. Le discours d’Olivier Faure sur le quinquennat Hollande devrait en revanche bien être prononcé en début d’année 2019. Histoire, enfin, de commencer à écrire une nouvelle page. Et d’éloigner le mauvais œil ?