Le lancement a été effectué à Xichang, dans le sud-ouest de la Chine, samedi à 2h23 heure locale (19h23 vendredi à Paris). / CHINA STRINGER NETWORK / REUTERS

La Chine poursuit ses ambitions spatiales. Elle a lancé, samedi 8 décembre, un module d’exploration qui doit se poser sur la face cachée de la Lune. Le véhicule baptisé Chang’e-4 – du nom de la déesse de la Lune dans la mythologie chinoise – a été lancé par une fusée Longue Marche 3B depuis le centre de lancement de Xichang, dans le sud-ouest de la Chine, samedi à 2 h 23 (19 h 23 vendredi à Paris), a annoncé l’agence de presse officielle Chine nouvelle.

C’est le début d’un long périple pour l’engin chinois, qui devrait alunir autour du 1er janvier afin d’étudier cette partie encore inexplorée de la Lune et d’y mener des expériences scientifiques Il doit notamment mener des études portant sur les basses fréquences radio, les ressources en minéraux et la culture des tomates et d’autres plantes.

Chang’e-4 sera « la première sonde de l’humanité à atterrir sur la face cachée de la Lune et à l’explorer », a déclaré le chef de la mission, He Rongwei, cité par le quotidien Global Times, publié en chinois et en anglais. « Cette mission est aussi le plus important projet d’exploration spatiale dans le monde en 2018. » La face cachée est montagneuse et accidentée, parsemée de cratères, alors que la face visible offre de nombreuses surfaces planes pour se poser. Ce n’est qu’en 1959 que les Soviétiques en ont pris les premières images.

Une communication difficile avec le robot lunaire

« Depuis dix ou vingt ans, la Chine a systématiquement parcouru à nouveau les étapes que l’Amérique et l’Union soviétique avaient franchies dans l’exploration spatiale dans les années 1960 et 1970 », explique Jonathan McDowell, astronome au Centre Harvard-Smithsonian pour l’astrophysique. « C’est une des premières fois que les Chinois entreprennent quelque chose que personne d’autre n’a encore fait. »

La Chine se prépare depuis des années à cette opération particulièrement difficile du point de vue technologique. Un des défis majeurs est de parvenir à communiquer avec le robot lunaire : la face cachée étant toujours orientée dans le sens opposé à la Terre, il n’y a pas de « ligne de mire » directe pour transmettre les signaux, sauf à installer un relais. La Chine a donc lancé en mai dernier un satellite baptisé Queqiao, positionné en orbite lunaire de façon à relayer les ordres et les données échangées entre la terre et le module.

Pendant la nuit lunaire – qui dure 14 jours terrestres –, les températures tombent à -173 degrés Celsius, et pendant la journée lunaire – aussi équivalente à 14 jours terrestres – elles peuvent atteindre 127 degrés Celsius. Et pour corser la difficulté, le Chang’e-4 a été envoyé en direction d’une région du pôle sud de la Lune, le Bassin Aitken, dont le terrain est particulièrement complexe et escarpé, selon les médias d’Etat chinois.

Un programme spatial ambitieux

C’est la deuxième fois que la Chine envoie un engin explorer la surface lunaire après le Yutu (Lapin de jade) en 2013, qui est resté actif pendant trente et un mois. Pékin prévoit déjà de lancer l’an prochain un Chang’e-5 pour recueillir des échantillons et les ramener sur Terre.

La Chine investit des milliards d’euros dans son programme spatial, piloté par l’armée. Elle place des satellites en orbite, pour son compte (observation de la Terre, télécommunications, système de géolocalisation Beidou) ou pour d’autres pays. Elle espère également envoyer un robot sur Mars et des humains sur la Lune.

Pékin a dévoilé en novembre une réplique de sa première grande station spatiale (« Palais céleste ») qui devrait être assemblée aux alentours de 2022 et succéder à la Station spatiale internationale (ISS) – qui associe Etats-Unis, Russie, Europe, Japon et Canada – dont la retraite est programmée pour 2024.

Pourquoi la Chine se lance à la conquête de la face cachée de la Lune
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