Marche pour le climat, à Paris, samedi 8 décembre. / PIROSCHKA VAN DE WOUW / REUTERS

Le climat, victime collatérale d’une révolte des « gilets jaunes » ? Des marches pour le climat sont organisées, samedi 8 décembre, à Paris et dans 175 villes de France. Les organisateurs appellent à lutter contre le changement climatique ainsi que pour plus de justice sociale dans le cadre d’un appel international soutenu par des dizaines d’ONG et syndicats, à l’occasion de la conférence climat de l’ONU, qui a lieu actuellement en Pologne. En France, ces défilés font suite à deux précédentes mobilisations, en septembre et octobre, qui avaient réuni 130 000 manifestants.

Malgré les craintes pour la sécurité, après les heurts ayant marqué les rassemblements de « gilets jaunes » samedi dernier, pas question pour les organisateurs de la marche parisienne, de reporter quand les mauvaises nouvelles s’accumulent : boom des émissions mondiales de gaz à effet de serre, accélération des impacts, grand écart entre objectifs de l’accord de Paris et actions des pays…

« On a l’impression que l’urgence n’est pas entendue, dit Yacine Ait Kaci, porte-parole de la marche. On a plus peur du réchauffement que de manifester. » Le parcours a cependant été modifié, pour l’éloigner des Champs-Elysées. Il est parti de Nation à 14 heures, direction République. La marche pour le climat parisienne a débuté dans une ambiance bon enfant, avec environ 2 000 participants, dont certains qui arboraient des « gilets jaunes ».

Nos journalistes, Stéphane Mandard et Violaine Morin, suivent le cortège :

Le WWF n’y sera pas, emboîtant le pas au ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, et à Nicolas Hulot, favorables à un report. Le « Collectif citoyen pour le climat » s’est retiré de l’organisation parisienne, appelant cependant à redescendre dans la rue en 2019.

« Fin du monde, fin de mois, changeons le système »

Le cortège devait, selon les organisateurs, être ouvert par deux banderoles : « Alarme climatique », mais aussi « Fin du monde, fin de mois, changeons le système », clin d’œil aux revendications sociales des « gilets jaunes ». Cyril Dion, le réalisateur de Demain, a d’ailleurs invité les « gilets jaunes » à venir marcher samedi, indiquant qu’une délégation prendrait la parole à Paris.

Mais tout le monde n’est pas d’accord. « C’est un mouvement si hétéroclite qu’il est difficile de s’y raccrocher », estime Audrey Pulvar, présidente de la Fondation pour la nature et l’homme, qui marchera à Paris. Ailleurs, des discussions étaient lancées, comme à Marseille ou Bayonne. A Rennes, ils sont les bienvenus à titre individuel. Lyon a ouvert la marche samedi matin, et la préfecture a comptabilisé 7 000 personnes, contre environ 15 000 lors de sa précédente édition.

L’appel à marcher pour le climat avait été lancé sur Facebook par Maxime Lelong, un entrepreneur de 27 ans qui n’avait jusque-là jamais manifesté. Après un été marqué par une série de catastrophes climatiques et par la démission fracassante de Nicolas Hulot du ministère de la transition écologique et solidaire, une nouvelle onde de choc a lieu début octobre avec le rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat – le GIEC – exhortant à des transformations « sans précédent » de la société pour limiter le réchauffement à 1,5 °C.