Un immeuble après une frappe aérienne, Idlib, Syrie, le 31 mai 2016. / OMAR HAJ KADOUR / AFP

Les Etats-Unis ont accusé vendredi 7 décembre la Russie d’avoir propagé la thèse d’une attaque chimique dans la ville d’Alep, conduite selon le régime syrien par des « groupes de l’opposition », l’objectif de Damas et de Moscou étant de « saper » un cessez-le-feu fragile dans la province rebelle d’Idlib. Washington assure au contraire que c’est le régime syrien de Bachar Al-Assad qui a utilisé des gaz lacrymogènes à l’encontre de civils le 24 novembre, pour faire croire à l’idée d’une attaque au chlore menée par les rebelles, a déclaré le porte-parole du département d’Etat, Robert Palladino, dans un communiqué.

Le ministère de la défense russe avait assuré que des rebelles avaient lancé des grenades contenant du chlore dans la ville d’Alep, tenue par le régime. Les médias syriens avaient rapporté qu’une centaine de personnes étaient hospitalisées pour des difficultés respiratoires. Washington a déclaré avoir des « informations crédibles » montrant que ce récit était faux. « Les Etats-Unis sont très préoccupés du fait que des responsables prorégime ont gardé le contrôle du site de l’attaque dans sa suite immédiate, leur permettant potentiellement de fabriquer des échantillons et de contaminer le site avant une enquête en bonne et due forme par l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques » (OIAC), a déclaré M. Palladino.

Menacer le cessez-le feu

« Nous mettons en garde la Russie et le régime contre toute manipulation du site de l’attaque présumée et les appelons à assurer la sécurité d’inspecteurs impartiaux, indépendants, afin que les responsables puissent rendre des comptes », a-t-il ajouté. Selon lui, la Russie et la Syrie ont « utilisé » cette attaque présumée comme une opportunité pour saper la confiance dans le cessez-le-feu d’Idlib, ultime grand bastion de l’opposition au président Bachar Al-Assad. La Russie avait répondu par des frappes aériennes sur la province d’Idlib, fragilisant cette trêve en vigueur depuis la mi-septembre.

Les Etats-Unis – ainsi que d’autres gouvernements occidentaux, l’ONU et des organisations de défense des droits humains – ont régulièrement accusé le régime syrien d’attaques chimiques. Le 4 avril 2017, une attaque au gaz sarin à Khan Cheikhoun a fait plus de 80 morts, dont plus de 30 enfants selon l’OSDH. En octobre 2017, les experts de l’ONU et de l’OIAC ont désigné comme responsable le régime syrien. La Russie a rejeté les conclusions des enquêteurs.

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