Bryan.

C’est mon père qui m’a proposé d’aller dans un internat militaire pour y suivre ma première et ma terminale scientifique. J’ai dit oui tout de suite. Le lycée était à La Flèche, à une heure du Mans. Il avait 100 % de réussite au bac. Le programme allait me changer : sport tous les jours, deux heures d’études quotidiennes obligatoires, et un devoir surveillé de type bac tous les samedis.

Lit au carré et sport tous les jours

En arrivant là-bas, on se fait attribuer un matricule. Moi, j’étais 8237D. Tous les matins, un militaire faisait une revue de chambre : impossible d’aller en cours tant que les lits n’étaient pas faits au carré. Il y avait des rassemblements tous les jours avec l’ordre du jour et le lever de drapeau à certaines occasions. On devait aussi apprendre à marcher au pas, car pendant les commémorations comme celles du 11-Novembre, nous défilions dans la ville en tenue.

Je faisais douze heures de natation par semaine. Avec mes potes, c’était tractions et pompes dans la chambre le soir après les cours, jusqu’à ce qu’on n’en puisse plus et qu’on s’écroule. Quand je revois mes photos d’avant, je me rends compte que j’étais un peu maigre. Pendant l’internat, je me suis beaucoup développé physiquement – d’ailleurs c’était l’une de mes motivations pour y aller. Je me suis fait aussi de vrais amis : quand on vit vingt-quatre heures sur vingt-quatre ensemble pendant deux ans, cela crée des liens forts.

Absorbé par la vie associative

Et puis, il y a eu le bac : la pression des 100 % de réussite à respecter. J’ai eu mon bac S option SVT. A la fin de l’année, le lycée a organisé une grande célébration réunissant les prépas et les lycéens. Une page se tournait.

En septembre, je suis arrivé à la fac, à Paris Descartes. Je m’étais inscrit en licence de sciences pour la santé. C’était pour moi une nouvelle vie. Après deux années de lycée militaire, de discipline, de traditions à respecter, c’était un changement radical. J’ai découvert la liberté et les joies de la vie étudiante : les week-ends d’intégration, les soirées… L’une de mes amies était au bureau événementiel de l’association étudiante. Je les ai rejoints. De fil en aiguille, je suis devenu vice-président, et je me suis fait absorber par tous ces événements, fêtes, et par la vie associative.

A côté de tout cela, les cours, qui demandaient beaucoup de travail, m’ont paru superflus. Je me suis mis à procrastiner. Je n’arrivais plus à étudier. Je profitais de cette liberté, je n’arrivais plus à me discipliner. A la place, je vivais au jour le jour : faire la fête avec des amis aussi souvent que possible, boire régulièrement avec eux, faire des nouvelles rencontres autour d’une bière, sortir avec des filles, enchaîner les « conquêtes ».

Un diplôme d’un an pour trouver ma voie

Mais après trois ans à me consacrer à la vie associative étudiante, et à la fête plutôt qu’aux cours, j’ai décidé de me reprendre en main. Je n’ai pas validé ma licence, je n’avais pas les notes nécessaires, et cela ne me plaisait plus.

Cette rentrée, je me suis inscrit dans une formation proposée à l’université de Paris Descartes, qui s’appelle le Paréo. C’est un diplôme universitaire en un an, qui aide les jeunes à trouver leur voie dans les études supérieures, construire leur projet professionnel et acquérir les bonnes méthodes avant de recommencer des études. C’est une année pour réfléchir à ce que je veux faire, et apprendre à mieux profiter de cette nouvelle liberté que m’offre l’université. Cela m’a permis de faire la distinction entre le fait d’aimer les sciences (pour la culture générale) et le fait de vouloir en faire mon métier plus tard, ce qui, à la réflexion, ne me plairait pas.

Maintenant, ça y est : je sais dans quelle direction je veux m’engager. Je vais tenter les concours des écoles de commerce, ou bien m’inscrire dans un DUT en techniques de commercialisation, ou encore dans une licence en éco-gestion.

La zone d’expression prioritaire (ZEP) accompagne la prise de parole des 15-25 ans

La zone d’expression prioritaire (ZEP) est un dispositif d’accompagnement à l’expression des jeunes de 15 à 25 ans par des journalistes professionnels. Par l’intermédiaire d’ateliers d’écriture dans des lycées, universités, associations étudiantes ou encore dans des structures d’insertion, ils témoignent de leur quotidien et de l’actualité qui les concernent.

Tous leurs récits sont à retrouver sur Le Monde Campus et sur la-zep.fr.