Le blocage de centres commerciaux, les dégradations matérielles et les difficultés de circulation dans le pays auraient entraîné la perte de 0,1 point de croissance. / THOMAS SAMSON / AFP

Les troubles liés aux manifestations des « gilets jaunes » feront perdre 0,1 point de croissance à la France sur le dernier trimestre de cette année, a estimé lundi 10 décembre Bruno Le Maire. Le ministre des finances a cependant refusé de revoir à la baisse la croissance pour l’ensemble de l’année, attendue à 1,7 % par le gouvernement.

« Ce n’est pas rattrapable, nous sommes dans les derniers jours de l’année, a-t-il affirmé sur RTL. Ce qui compte maintenant, c’est que nous puissions mettre un terme à cette crise et retrouver tout simplement la paix et la concorde entre les Français. »

Une analyse quantitative à laquelle souscrit également la Banque de France, qui a annoncé, à la suite du ministre, diviser par deux le taux de croissance du PIB français qu’elle prévoit pour le quatrième trimestre, le faisant passer de 0,4 % à 0,2 %. « L’activité des services décélère sous l’effet du mouvement [des « gilets jaunes »]. Les transports, la restauration et la réparation automobile régressent », ainsi que l’hôtellerie, constate notamment la banque centrale française sur la base d’une enquête de conjoncture. Les autres services, et notamment les services aux entreprises, « restent dynamiques ».

Rien à voir avec Mai 68

Cette perte de croissance n’est pour autant pas comparable avec les épisodes de Mai 1968 ou de novembre-décembre 1995. Durant ces deux mouvements sociaux, l’économie française avait été confrontée à des « blocages de production », quand, actuellement, les blocages concernent davantage la distribution, soulignait Denis Ferrand, directeur général de l’institut Rexecode, interrogé par Le Monde au début de décembre.

Ce dernier rappelle en effet qu’en 1968, la croissance s’était effondrée de 5,3 % au deuxième trimestre, pour rebondir violemment de 8 % au troisième. En 1995, c’est entre 0,2 et 0,3 point de PIB qui s’était évaporé en fin d’année. Pour Philippe Waechter, économiste en chef chez Ostrum Asset Management, la configuration actuelle ressemble plus aux événements de 2010, avec les mobilisations contre la réforme des retraites durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy.

« Gilets jaunes » : peut-on comparer le mouvement aux révoltes du passé ?
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