Discours d'Emmanuel Macron : la réponse aux « gilets jaunes »
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Au terme de trois semaines d’agitation sociale sur le thème du pouvoir d’achat, Emmanuel Macron a annoncé une augmentation du revenu des travailleurs au smic de 100 euros à partir du 1er janvier, l’annulation de la hausse de la CSG pour les retraités touchant moins de 2 000 euros par mois et une défiscalisation des heures supplémentaires.

  • L’extrême droite fustige un président « déconnecté » qui refuse de changer de modèle

« Macron recule pour mieux sauter ! », estime Marine Le Pen sur Twitter. « Il refuse d’admettre que c’est le modèle dont il est le champion qui est contesté », écrit la présidente du Rassemblement national.

Pour son vice-président, Steeve Briois, « classes moyennes et chômeurs, c’est-à-dire une bonne partie des actifs français, sont les grands oubliés de ce #Macron20h ».

Très acrimonieux depuis le début de la crise, le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan a décrit sur Periscope « un grand numéro de théâtre » présidentiel. « Il va continuer la même politique avec un petit paquet cadeau et un petit ruban en couleur. La même politique, cela veut dire la même spoliation des Français qui travaillent », a insisté le député de l’Essonne. Le président de Debout la France souhaite que les Français retournent aux urnes.

Florian Philippot, fondateur des Patriotes, estime pour sa part dans un communiqué que le chef de l’Etat « a envoyé de la poudre de perlimpinpin aux Français et montre qu’il est toujours totalement déconnecté des souffrances du peuple ».

  • La droite déplore une « smicardisation » de la société

Bruno Retailleau, président du groupe Les Républicains (LR) au Sénat, a reconnu que le président avait fait des « constats justes » mais déploré qu’il ne s’attaque pas à la baisse de la dépense publique. « Il ne peut pas y avoir de baisses d’impôts s’il n’y a pas de baisse des dépenses publiques », a-t-il déclaré sur France 2. « A concentrer les aides sur le smic, on va smicardiser la société française », a-t-il aussi déploré. Pour le député LR Eric Ciotti, M. Macron « se contente de donner quelques miettes aux Français en colère ».

  • La gauche reproche au chef de l’Etat de préserver les plus riches

Dénonçant un président qui « se trompe d’époque », Jean-Luc Mélenchon a confirmé depuis l’Assemblée nationale son soutien aux contestataires, dont certains appellent à manifester de nouveau samedi prochain. Le chef de file de La France insoumise (LFI) a repris le thème du « président des riches », leitmotiv des « gilets jaunes », en affirmant que « toutes les mesures qu’il a annoncées seront payées par les contribuables et les assurés sociaux, aucune par les grandes fortunes et les profits ». Pour la députée LFI Clémentine Autain, le pouvoir en place « ne change pas de logiciel » : « La hausse du SMIC sera payée par l’impôt. Pas de retour de l’ISF. Rien sur l’écologie », écrit-elle dans un communiqué.

« On attend une vraie redistribution des richesses », a abondé sur BFM-TV le fondateur du mouvement Génération. s, Benoît Hamon. L’ancien candidat à la présidentielle a déploré la non-remise en cause de la suppression de l’impôt sur la fortune (ISF), l’absence de contribution des « grandes entreprises polluantes » ou encore « des banques et des actionnaires ».

Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, est lui aussi allé sur ce terrain. « Le cap n’est pas modifié », a-t-il déploré sur France 2, estimant que le gouvernement aurait pu toucher aux « 20 milliards » correspondant au « doublement en 2019 du CICE », le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi en passe d’être transformé en baisse de charges pérenne. « Le nouveau monde c’est du Sarkozy. Les heures supplémentaires défiscalisées seront payées par les chômeurs, les retraités et ceux qui n’en font pas ! », a-t-il affirmé sur Twitter.

Pour Yannick Jadot, tête de liste écologiste (EELV) pour les européennes, « le président@EmmanuelMacron n’a dressé aucune perspective pour une transition écologique et sociale juste ».

« Le président des riches vacille mais les riches restent ses protégés », écrit le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, sur Twitter : « La hausse du SMIC sera payée par nous ! Rien pour les petites retraites, rien pour les minima sociaux, rien pour les agents de nos services publics ! »

  • Un président « à la hauteur », pour LRM et le MoDem

Pour Richard Ferrand, président La République en marche (LRM) de l’Assemblée nationale, « les décisions immédiates et les perspectives d’avenir répondent aux attentes et aux questions soulevées par le mouvement #GiletsJaunes ». Les annonces du chef de l’État ont suscité une approbation générale dans les rangs de la majorité.

De nombreux députés La République en marche (LRM) se disaient rassurés par l’ampleur des mesures présentées. Beaucoup d’élus macronistes veulent y voir des mesures suffisamment fortes pour trouver une sortie de crise. « Ce ne sont pas des mesurettes mais des mesures significatives qui vont clairement changer la vie des gens », affirme la député de Paris, Laetitia Avia. « Les mesures annoncées sont tangibles, elles répondent aux revendications salariales et à la question du pouvoir d’achat. Elles doivent permettre à chacun de mesurer combien le président a entendu la colère qui s’est exprimée ces dernières semaines », estime à son tour le député de l’Eure, Bruno Questel. « Qu’il s’agisse du parlement ou de la relation aux Français, les conditions sont désormais réunies pour un débat apaisé », veut-il croire.

Le groupe des députés MoDem estime qu’Emmanuel Macron « s’est montré à la hauteur de la situation en décrétant l’urgence économique et sociale ». « Il a su formuler non seulement des propositions concrètes et immédiates, mais aussi une vision qui pourra fonder le nouveau contrat social et civique entre tous les Français que le Mouvement démocrate appelait de ses vœux », souligne le groupe dans un communiqué.