Le premier ministre Edouard Philippe devant l’Assemblée nationale le 11 décembre. / Julien Muguet / Hans Lucas pour «Le Monde»

Les députés socialistes, Insoumis et communistes ont déposé ensemble, mardi 11 décembre, une motion de censure contre le gouvernement pour sa gestion de la crise des « gilets jaunes », en dépit des mesures annoncées par Emmanuel Macron lundi soir.

Les députés socialistes, dont les signatures étaient nécessaires pour déclencher la motion, attendaient l’allocution du chef de l’Etat avant de décider de se joindre ou non aux deux autres groupes de gauche. Ils s’y sont finalement ralliés à l’unanimité.

Les députés PS ont souhaité « faire entendre la voix et les propositions concrètes des socialistes », a indiqué leur porte-parole, Boris Vallaud. Le député des Landes a estimé qu’il n’y avait pas eu de « changement de cap » lundi soir et qu’Emmanuel Macron avait apporté des réponses « ni justes ni responsables » à la « triple crise, sociale, environnementale et démocratique », laissant aussi « beaucoup de zones d’ombre » sur les mesures et leur financement.

La motion devra être soumise au vote de l’Assemblée nationale au moins 48 heures après son dépôt, en vertu de l’article 49.2 de la Constitution, soit pas avant jeudi. Pour faire tomber le gouvernement, il lui faudrait réunir une majorité, ce qui est impossible au vu du contingent de la gauche (62 élus au total) par rapport aux 577 députés que compte l’Assemblée.

« Aucune mesure de justice fiscale, rien sur l’ISF »

Le groupe Les Républicains ne va pas s’associer à la motion ni la voter. Son président, Christian Jacob, juge que « ce n’est pas la réponse qui est attendue par l’opinion publique ».

De son côté, Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, a regretté mardi sur BFMTV que le chef de l’Etat n’ait annoncé « aucune mesure de justice fiscale, rien sur l’ISF, rien pour taxer les dividendes des multinationales. [...] Rien pour les services publics, pour la jeunesse. » Le député communiste (Nord) a également estimé que la hausse du smic n’était « pas juste pour les salariés du public »  qui ne sont pas concernés « ni pour tous les salariés qui sont au-dessus du smic ».

Les trois groupes de gauche avaient déjà surmonté en juillet leurs divisions pour déposer une motion de censure commune contre le gouvernement sur l’affaire Benalla. Fait inédit depuis 1980, deux motions simultanées avaient alors été défendues, Les Républicains en ayant aussi déposé une. C’était alors la première fois que l’opposition avait recours à cette procédure depuis l’élection d’Emmanuel Macron.

Plus de 100 motions de censure ont été déposées depuis 1958. Une seule a été adoptée, en 1962, faisant chuter le gouvernement de Georges Pompidou.