Le stade « Marakana » (son ancien nom, en allusion au Maracana de Rio de Janeiro), avec sa tribune Nord animée par les « Delje », le groupe ultra sans qui rien ne se fait à l’Etoile rouge de Belgrade, jouit d’une réputation de citadelle imprenable. / Vladimir Zivojinovic / Le Monde

Mardi soir 11 décembre à Belgrade, le Paris-Saint-Germain de Thomas Tuchel a le choix : il peut s’inscrire dans la tradition du Paris-Saint-Germain version qatarie et se qualifier, avec un match nul ou une victoire, pour les huitièmes de finale de la Ligue des champions ; ou entrer dans l’histoire et renouer avec une tradition plus ancienne du club, celle des grandes débâcles qui font rire l’Europe et parler les supporteurs parisiens des décennies plus tard.

En effet, une défaite à Belgrade associée à une victoire de Liverpool contre Naples éliminerait le Paris-Saint-Germain de la Ligue des champions à un moment où on ne l’attend plus, deux semaines après sa victoire contre Liverpool (2-1). Le PSG de Tuchel rejoindrait celui de Luis Fernandez, sorti du deuxième tour de la compétition à La Corogne à l’issue d’une défaite 4-3 alors qu’il menait 3-0 en Espagne ; ou celui de Vahid Halilhodzic, battu à domicile par le CSKA Moscou alors qu’une victoire garantissait au PSG une place en huitièmes de finale de la Ligue des champions.

Réputation de citadelle imprenable

L’équipe qui a pris six buts il y a deux mois et demi au Parc des princes - et aurait pu en encaisser le double - peut-elle dominer un Paris Saint-Germain au complet dans son antre ouverte aux quatre vents, le stade Rajko-Mitic ? Si ce n’était ce penchant parisien à vouloir déraper en beauté, rien n’indique que ce puisse être le cas.

Certes, le stade « Marakana » (son ancien nom, en allusion au Maracana de Rio de Janeiro), avec sa tribune Nord animée par les « Delje », le groupe ultra sans qui rien ne se fait à l’Etoile rouge de Belgrade, jouit d’une réputation de citadelle imprenable.

Propos de l’entraîneur serbe, Vladan Milojevic, en conférence de presse à la veille du match : « Si c’était une compétition entre fans, les nôtres seraient déjà qualifiés. » Et le Real Madrid ne l’aurait jamais gagnée.

Malheureusement pour l’Etoile rouge, la Ligue des champions oppose des joueurs, et les meilleurs ne sont pas de son côté : « Je ne pense pas que l’ambiance suffira à neutraliser le PSG, qui a beaucoup d’expérience », a admis Vladan Milojevic.

Neymar de retour

Liverpool, battu 2-0, et Naples, tenu en échec 0-0, n’ont pas marqué dans la capitale serbe dans cette campagne de Ligue des champions et l’Etoile rouge est invaincue à domicile depuis une réception d’Arsenal en Ligue Europa, en octobre 2017.

Cela aidera le PSG à lutter contre un possible sentiment de suffisance qui pourrait lui être fatal et commence à s’installer en Ligue 1, au vu de ses dernières prestations à Bordeaux (2-2) et Strasbourg (1-1).

Thomas Tuchel n’aura toutefois pas manqué de noter, à l’étude des matches européens de l’Etoile rouge, que Liverpool et Naples ont tiré au but respectivement 22 et 20 fois et touché trois fois les montants au total. « Il faudra accélérer les circuits de passe, bien jouer les uns pour les autres et finaliser nos actions car on aura des opportunités si on est à notre niveau », a prophétisé Kylian Mbappé lundi.

Neymar, remis de sa blessure aux adducteurs contractée il y a neuf jours, sera là pour ça, lui qui a repris l’entraînement collectif lundi soir.

Les scénarios pour le PSG

Le Paris Saint-Germain sera qualifié pour les huitièmes de finale de la Ligue des champions si :

- il gagne à Belgrade

- il fait match nul et Liverpool ne gagne pas

- il fait match nul et Liverpool gagne par plus d’un but d’écart, ou par un but d’écart avec moins de trois buts marqués par Naples.

Le Paris Saint-Germain sera éliminé si :

- il fait match nul et Liverpool bat Naples 4-3, 5-4, 6-5....

- il perd et Liverpool gagne.

« La joie du peuple serbe si l’on gagne »

Zvezdan Terzic, le directeur général de l’Etoile rouge de Belgrade. / Vladimir Zivojinovic pour " Le Monde"

L’effectif parisien a pu découvrir la pelouse du Marakana, qui brûlera d’espoir ce soir : celui d’une qualification pour les seizièmes de finale de la Ligue Europa. Elle serait acquise en cas de victoire et de défaite simultanée de Liverpool à domicile contre Naples. L’Etoile rouge vivrait un printemps européen pour la deuxième fois d’affilée, ce qui ne lui est plus arrivé depuis son époque faste, au début des années 1990.

Au siège du club champion d’Europe en 1992, où s’alignent les photos jaunies des gloires du « Crna Zvezda », on attend Paris avec un état d’esprit différent de celui, lymphatique, du match aller. « On les avait beaucoup respectés. Chez nous, on est une autre équipe », dit l’attaquant franco-comorien El Fardou Ben Mohammed.

Le directeur général Zvezdan Terzic, un œil sur les comptes précaires du club, l’autre sur sa cote de popularité : « D’abord, il y a la possibilité d’être troisième. Ensuite, il y a 2,7 millions d’euros pour nous si l’on gagne. Et le troisième point, le plus important, c’est la joie du peuple serbe si l’on gagne. Le jour où l’Etoile rouge a battu Liverpool, c’est sans doute l’une des plus grandes journées pour les Serbes depuis longtemps. »

Pour les Parisiens, ce match peut aussi être l’un de ceux dont on se souvient une éternité. Mais uniquement en cas de défaite.