« La Citadelle ne peut pas être réduite à des propos de quelques personnes qui n’ont aucune légitimité, ce sont des personnes de passage qui n’ont jamais participé à des actions de Génération identitaire », a réagi Aurélien Verhassel, responsable lillois du groupuscule d’extrême droite. / FRANCOIS LO PRESTI / AFP

Après la diffusion d’un documentaire choc sur un bar privé d’ultra-droite du centre-ville de Lille, le parquet a décidé mercredi d’ouvrir une enquête préliminaire « au regard des violences et des propos tels qu’ils apparaissent dans ce reportage ».

Diffusé dimanche sur Al-Jazira et d’une durée d’une cinquantaine de minutes, le premier volet de Generation Hate montre notamment plusieurs personnes filmées en caméra cachée qui se vantent de ratonnades.

« Le procureur a décidé d’ordonner une enquête préliminaire, confiée à la direction départementale de la sécurité publique (DDSP) du Nord, en vue de caractériser des infractions pénales susceptibles d’entraîner des poursuites au-delà des mesures administratives relevant des autorités compétentes », a expliqué le procureur de Lille, Thierry Pocquet du Haut-Jussé, dans un communiqué.

Demande du préfet et de la maire de Lille

Le magistrat a pris connaissance dimanche du documentaire « pour lequel il a ensuite reçu, ce jour, des signalements au titre de l’article 40 du code de procédure pénale par madame la maire de Lille et par monsieur le préfet des Hauts-de-France ».

Martine Aubry, maire socialiste de Lille, avait déclaré mardi dans un communiqué avoir pris connaissance « avec horreur » du documentaire « révélant des propos insupportables de membres de Génération identitaire », réclamant « la fermeture de La Citadelle qui n’aurait jamais dû ouvrir à Lille ».

En septembre 2016, l’ouverture de ce lieu, situé à une centaine de mètres de la célèbre Grand Place, accessible uniquement aux adhérents et qui n’a pas pignon sur rue, avait provoqué des remous et une manifestation réunissant environ 500 personnes contre son implantation.

Dans Generation Hate, des membres de Génération identitaire sont filmés, notamment dans les locaux du bar, qui ressemble à un estaminet typique des Flandres. Plusieurs personnes racontent des actes d’une grande violence et des images montrent même l’attaque d’une jeune femme qu’ils désignent comme maghrébine. On les voit aussi trinquer au Troisième Reich avant cette agression.

🇫🇷Al Jazeera Investigations – Generation Hate Part 1
Durée : 50:44

« La Citadelle ne peut pas être réduite à des propos de quelques personnes qui n’ont aucune légitimité, ce sont des personnes de passage qui n’ont jamais participé à des actions de Génération identitaire », a réagi mercredi Aurélien Verhassel, responsable lillois du groupuscule, qui revendique 800 adhérents.

Le sujet d’Al-Jazira affirme aussi que des connexions existent entre Génération identitaire et le Rassemblement national (ex-FN), parti de Marine Le Pen.

« Les identitaires n’ont pas à faire de politique électoraliste, pour une simple raison, c’est qu’il y a en France un parti, le Front national, on se reconnaît » en lui, affirme, par ailleurs, un autre membre de Génération identitaire. Aurélien Verhassel se targue aussi dans ce documentaire d’écrire certains discours du Rassemblement national (ex-FN).

Interrogé lors d’un point de presse, le préfet du Nord, Michel Lalande, a déclaré mercredi qu’il n’écartait pas une éventuelle fermeture administrative. « Par rapport aux droits qui m’incombent, c’est-à-dire le côté administratif, et tout ce qui touche à la police des débits de boisson en particulier, je regarde effectivement ce volet-là », a-t-il dit.