Des supporteurs du Chakhtar Donetsk, lors du match contre le FC Marioupol, le 7 décembre. / EVGENIYA MAKSYMOVA / AFP

L’Olympique lyonnais s’apprête à jouer, mercredi 12 décembre, son avenir en Ligue des champions au stade olympique de Kiev. Non pas contre le mythique Dynamo. Mais face au… Chakhtar Donetsk. C’est en effet dans la capitale ukrainienne que le club de football emblématique du Donbass, devenu quasi itinérant depuis le début du conflit ukrainien, à l’été 2014, a trouvé refuge pour cette rencontre européenne, à la suite de la mise en place, fin novembre, de la loi martiale, décrétée par le gouvernement.

Exilé loin de son Arena d’une capacité de 54 000 places, écrin ultramoderne théâtre d’une demi-finale de l’Euro 2012 et depuis endommagé par des bombardements, le Chakhtar ne joue plus à domicile devant un public qui lui était acquis en très grand nombre, notamment lors des belles affiches.

Cela ne l’a pas empêché de remporter en quatre ans, grâce au soutien renouvelé de son milliardaire de propriétaire (Rinat Akhmetov), trois titres nationaux, trois coupes nationales et d’atteindre par deux fois les huitièmes de la Ligue des champions (2015 et 2018).

Après Lviv, Kharkiv

Au début de son itinérance forcée, le Chakhtar a d’abord déménagé à Lviv, à 1 000 km à l’ouest, loin de la zone de conflit entre les séparatistes prorusses et les forces gouvernementales, boudé par les locaux et surtout loin de ses supporteurs. Trop loin, puisqu’en 2017, un nouveau déménagement a été nécessaire afin de se rapprocher d’eux : le Chakhtar n’évolue désormais « plus qu’à » 300 km au nord de son fief, à Kharkiv, autre localité à forte présence russe. L’affluence peut y atteindre des chiffres plus que raisonnables en Ligue des champions : 37 000 face à Manchester City le 23 octobre par exemple, ou 28 000 contre Hoffenheim le 19 septembre. En championnat, on tourne autour de 10 000 spectateurs.

Après le 26 novembre, l’adversaire de Lyon a dû reprendre son baluchon en Coupe d’Europe. En cause, un incident armé entre des navires ukrainiens et russes au large de la Crimée qui a conduit le président ukrainien, Petro Porochenko, à signer un décret qui instaure pour deux mois la loi martiale sur une partie du territoire : les régions côtières des mers Noire et d’Azov, ainsi que les dix régions frontalières du pays. L’oblast de Kharkiv est concerné.

Difficile dès lors de disputer un match de Ligue des champions dans ces conditions. L’UEFA a été tenue de réagir. « Aucune rencontre de l’UEFA ne pourra se dérouler dans des lieux où la loi martiale est en vigueur », a averti Giorgio Marchetti, responsable des compétitions de l’instance européenne.

« Les avions français ne sont pas assurés »

Délocalisée à Kiev, sur les terres du rival sportif de Donetsk, la rencontre décisive, que l’OL ne doit pas perdre, se déroulera donc dans un drôle de contexte et devant une affluence qui sera moindre. Mais il y aura toujours plus de spectateurs qu’au match aller, où les deux équipes s’étaient affrontées à huis clos en raison d’une sanction touchant le club lyonnais.

Au soir de la 5e journée du groupe F, à l’issue d’un match nul contre City et avant que l’UEFA ne prenne sa décision, le président Jean-Michel Aulas avait tenté de tirer profit de la situation : « Nous n’avons pas trop envie d’aller à Kharkiv. Il y a beaucoup d’insécurité en ce moment. Nous avons même du mal à trouver un avion pour aller là-bas car les avions français ne sont pas assurés. »

En pleine crise des « gilets jaunes », la réponse ukrainienne, non dénuée d’ironie, ne s’était pas fait attendre par l’intermédiaire du directeur des services du Chakhtar, Vadim Gunko. « D’après les dernières images que j’ai vues de la France, c’est beaucoup plus calme et sûr ici… On peut aussi donner à M. Aulas le contact de la société qui nous affrète l’avion, car j’ai lu qu’il avait des difficultés pour en trouver un pour venir », avait répliqué le dirigeant.

A Kharkiv ou à Kiev, l’équation ne change pas pour le Chakhtar. Seule la victoire permettra de se qualifier pour la suite de la compétition.