Le pape François célèbre Pacques, le 1er avril, au Vatican, à Rome (Italie). / ANDREAS SOLARO / AFP

Les affaires de pédophilie qui ont ébranlé l’Eglise ces derniers mois continuent à avoir des répercussions au plus haut niveau de la hiérarchie. Le pape a écarté de son cercle de proches conseillers le cardinal George Pell, poursuivi en Australie pour agressions sexuelles contre des enfants, et le cardinal Francisco Errázuriz, soupçonné d’avoir tu au Chili les agissements d’un prêtre pédophile, a annoncé, mercredi 12 décembre, le Vatican. Les deux hauts prélats faisaient partie d’un conseil de neuf cardinaux conseillers de tous les continents, baptisé « C9 », chargé d’aider le pape François à réformer l’administration du Saint-Siège.

Le pape a écrit fin octobre aux cardinaux quittant cette instance, « en les remerciant pour leur travail accompli durant cinq années », a fait savoir, mercredi, le directeur de la salle de presse du Vatican, Greg Burke. La nomination de nouveaux membres n’est pas prévue pour l’instant, a-t-il ajouté lors d’un point de presse.

Présomption d’innocence

Le pape avait officiellement mis en disponibilité temporaire le cardinal Pell, voici dix-huit mois, pour qu’il puisse se défendre devant la justice australienne. Il n’est jamais revenu à Rome. Mgr Pell, 77 ans, reste toutefois officiellement à la tête du puissant secrétariat pour l’économie institué par le pape François pour mettre de l’ordre dans les finances du Saint-Siège. L’échéance de ce poste-clé de cinq ans tombe, néanmoins, à la fin du mois de février.

Désireux de respecter la présomption d’innocence, le pape n’a jamais cédé aux appels de certains de ses conseillers pour choisir un nouveau chef à l’économie, même si les dépenses du Saint-Siège s’avèrent actuellement en croissance « inacceptable », a relevé cette semaine un haut prélat de la curie.

Opacité

Le cardinal chilien Francisco Javier Errázuriz, montré du doigt pour son silence par des victimes d’un prêtre pédophile au Chili dans le cadre d’un vaste scandale qui déchire le pays, a également perdu sa place de membre du prestigieux « C9 ».

Il semblerait avoir fort mal conseillé le pape François, dont la défense erronée d’un évêque chilien, cloué au pilori par des victimes d’abus sexuels, avait transformé en fiasco son voyage au Chili en janvier 2018.

Après une rencontre au Vatican avec le pape François, le cardinal Errazuriz avait annoncé lui-même mi-novembre qu’il s’était « retiré » du « C9 ». « Ce n’est pas une démission, je me suis retiré à la fin de la période pour laquelle j’ai été nommé », avait insisté le haut prélat dans un entretien à un journal chilien. L’archevêque émérite de Santiago est âgé de 85 ans.

Enfin, un troisième cardinal, le Congolais Laurent Monsengwo, ne siégera plus dans le conseil. Cette grande figure de l’Eglise catholique africaine, qui a longtemps joué un rôle politique de premier plan en République démocratique du Congo, vient de céder son fauteuil d’archevêque de Kinshasa à l’âge de 79 ans.

Ce conseil de cardinaux (au départ avec huit membres) avait été institué en mars 2013, un mois exactement après l’élection du pape François, pour réformer grâce à leurs suggestions l’administration centrale de l’Eglise, souvent contestée pour son opacité et ses scandales.

Si la plupart des mandats au sein des institutions du Saint-Siège sont d’une durée de cinq ans, aucune précision n’avait été donnée sur les règles de fonctionnement de ce conseil appelé à perdurer.

L’Eglise et la pédophilie

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