Des gendarmes patrouillent dans Strasbourg, au marché de Noël, où une attaque meurtrière s’est déroulée mardi 11 décembre. / VINCENT KESSLER / REUTERS

Le profil de l’auteur de l’attaque meurtrière sur le marché de Noël de Strasbourg se dessine peu à peu, alors que ce dernier est toujours en fuite, mercredi 12 décembre. Le suspect, un Strasbourgeois de 29 ans, connu des services spécialisés pour radicalisation, présente un lourd passé judiciaire. « Il est très connu des services de police et de justice », a confirmé Rémi Heitz, le procureur de la République de Paris.

Si son identité n’a pas été divulguée publiquement, elle est connue des services de renseignement et des forces de l’ordre, qui ont notamment reçu la photo du suspect. Sur cette photo d’identité, consultée par l’Agence France-Presse (AFP), le jeune homme a les yeux foncés et les cheveux noirs, sourcils épais et courte barbe.

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Condamné en France, en Allemagne et en Suisse

Né à Strasbourg en 1989, l’individu est connu comme « délinquant multirécidiviste depuis son plus jeune âge », notamment pour des faits de violences, vols ou encore destructions, commis en France, en Allemagne et en Suisse. Présentant un « casier judiciaire important » — 27 condamnations au total — le suspect a été « incarcéré à de nombreuses reprises », a fait savoir le procureur de la République.

Sur son parcours carcéral, la ministre de la justice, Nicole Belloubet, a précisé sur Public Sénat mercredi qu’il avait « effectué en France deux peines de prison de deux ans chacune, qu’il avait purgées ». « Il est sorti de prison il y a trois ans, de sa dernière condamnation », a-t-elle ajouté. Il a également été condamné à « deux ans et trois mois de prison en 2016 pour cambriolages » en Allemagne, a précisé à un porte-parole du ministère de l’intérieur de la région de Bade-Wurtemberg, où l’intéressé avait sévi. Il a purgé un peu plus d’un an en Allemagne avant d’être expulsé en France, a-t-il ajouté.

C’est lors de ce dernier passage en prison en France, de 2013 à 2015, que le suspect se serait radicalisé. A cette époque, il a attiré l’attention des services de renseignement pour des violences, pour la radicalisation de sa pratique religieuse, et son prosélytisme. En prison, l’homme « incitait à la pratique de la religion sous une forme radicale, mais rien ne permettait de détecter un passage à l’acte dans sa vie courante », a précisé le secrétaire d’Etat à l’intérieur, Laurent Nunez, sur France Inter, mercredi matin.

Suivi de « manière assez sérieuse »

C’est à ce titre qu’il a été « fiché S », faisant état d’un suivi de « manière assez sérieuse », depuis sa sortie de prison à la fin de 2015. Considéré comme faisant partie du haut du spectre de surveillance, c’est la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) qui assurait dernièrement ce suivi de façon « active », selon M. Nunez. Ce « radicalisé » n’a « jamais été connu pour des délits liés au terrorisme », a insisté le secrétaire d’Etat à l’intérieur, démentant qu’il ait essayé de se rendre en Syrie.

Le secrétaire d’Etat a aussi appelé à la prudence, quant à la motivation terroriste, même si la section antiterroriste du parquet de Paris s’est saisie de l’enquête pour « assassinats et tentatives d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste ». Lors de sa conférence de presse, le procureur de la République de Paris s’est avancé sur cette piste, déclarant : « Le terrorisme a une nouvelle fois frappé notre territoire à Strasbourg» Et de préciser que des « témoignages » récoltés par les enquêteurs montrent que le tireur a prononcé les mots « Allah akbar ! » au moment de la fusillade.

Avant l’attaque de mardi, le fuyard était déjà recherché dans une affaire de vol à main armée avec « sa bande de malfrats » en août 2018 « qui aurait mal tourné », avec une tentative d’homicide, selon une source proche. Il devait pour cette affaire être interpellé mardi matin par les gendarmes et les fonctionnaires de la DGSI, mais l’homme n’était pas chez lui. Une grenade et un pistolet ont été retrouvés à son domicile.

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