Gilbert Rozon a été inculpé, mercredi 12 décembre, pour viol et attentat à la pudeur, a annoncé le procureur du Québec. Les faits se seraient produits en 1979, a précisé le directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) du Québec dans un communiqué.

Dans le sillage de l’affaire Weinstein aux Etats-Unis, l’homme d’affaires et producteur québécois, fondateur en 1983 du festival Juste pour rire à Montréal et juré en France de l’émission de M6 « La France a un incroyable talent », avait démissionné de plusieurs postes d’importance en octobre 2017 après la publication au Québec de témoignages de femmes l’accusant de harcèlement ou d’agression sexuels.

La police de Montréal avait recommandé au procureur de déposer des accusations au pénal contre Gilbert Rozon concernant quatorze victimes présumées, mais le magistrat en a décidé autrement après avoir analysé l’ensemble des éléments à charge. A propos de ces « treize autres dossiers pour lesquels il ne dépose pas d’accusations », le DPCP a précisé avoir informé les « victimes qui le désiraient des motifs de ses décisions et a répondu à leurs questions ».

« Je vais continuer à me défendre »

En droit pénal, « en raison du principe de la présomption d’innocence, la poursuite doit (…) faire une démonstration hors de tout doute raisonnable de la culpabilité de l’accusé devant le tribunal », a motivé le procureur. Le DPCP « ne révélera ni l’identité des (…) victimes ni les faits relatifs aux dossiers », a-t-il ajouté.

« J’ai appris ce matin le dépôt d’accusations à mon encontre concernant un dossier présumé datant d’il y a près de quarante ans », a réagi Gilbert Rozon mercredi dans un bref communiqué. « Je vais continuer à me défendre devant la justice et réserve tout commentaire pour cette instance. » Le retentissement de cette affaire avait aussi amené les chaînes françaises de télévision M6 et C8 à déprogrammer des émissions auxquelles Gilbert Rozon était associé.

Un collectif de femmes, présumées victimes de l’ancien producteur, a obtenu au printemps de la Cour supérieure du Québec la permission d’entreprendre une action collective en justice au civil contre Gilbert Rozon. Selon ce collectif de femmes appelées Les Courageuses, Gilbert Rozon aurait fait « au moins vingt victimes sur une période de trente-quatre ans, de 1982 à 2016 ». M. Rozon, 64 ans, réfute leurs accusations et a lui-même obtenu l’autorisation d’une instance supérieure de faire appel de la décision autorisant un recours collectif en justice contre lui.