Fragilisé par cette crise, Edouard Philippe s’est déjà soumis la semaine dernière au vote de l’Assemblée, qui avait approuvé par 358 voix, contre 194, les premières mesures notamment d’abandon de la hausse de la taxe carbone. / LAURENCE GEAI POUR « LE MONDE »

Nouvel épisode, jeudi 13 décembre, à l’Assemblée nationale dans la crise des « gilets jaunes » : la gauche soumet Edouard Philippe, pour la deuxième fois depuis son arrivée à la tête du gouvernement, à l’épreuve d’une motion de censure.

Premier signataire, André Chassaigne (Parti communiste français) doit ouvrir à 16 h 30 les débats, qui s’achèveront en fin de journée par un scrutin dont les résultats ne devraient pas être connus avant 19 h 30. Socialistes, communistes et « insoumis » n’ont cependant aucune chance de faire tomber le gouvernement, ces élus totalisant 62 voix, loin de la majorité des 577 députés.

Dans leur motion, les députés de gauche estiment que les annonces faites par Emmanuel Macron lundi soir (baisse de la contribution sociale généralisée (CSG), les smicards augmentés de 100 euros mensuels, heures supplémentaires défiscalisées…), « ni justes ni responsables, ne sont pas de nature à répondre à la colère et aux revendications des Français ». Refusant « la politique sociale et fiscale injuste conduite depuis dix-huit mois », la gauche exige de « changer radicalement de cap », à deux jours d’un nouveau samedi de mobilisation, pour lequel Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise) est un des rares responsables politiques à encore appeler à manifester.

Edouard Philippe, fragilisé par cette crise

Fragilisé par cette crise, Edouard Philippe s’est déjà soumis la semaine dernière au vote de l’Assemblée, qui avait approuvé par 358 voix, contre 194, les premières mesures notamment d’abandon de la hausse de la taxe carbone. Le groupe Les Républicains (LR) ne va pas voter jeudi la motion, son président, Christian Jacob, jugeant que « ce n’est pas la réponse qui est attendue par l’opinion publique ».

Les députés du Rassemblement national (RN, ex-FN) vont voter la motion, a indiqué jeudi la présidente du RN, Marine Le Pen, qui avait pourtant dénoncé récemment une volonté de la gauche de « se faire de la publicité sur le dos de la crise » des « gilets jaunes », alors que les extrêmes veulent éviter d’être taxés de récupération de ce mouvement populaire né sur les réseaux sociaux.. « Chaque occasion de dire que nous sommes en opposition absolument totale avec la politique qui est menée par Emmanuel Macron, je la saisirai », a expliqué sur LCI la dirigeante du parti d’extrême droite.

Les trois groupes de gauche avaient déjà surmonté en juillet leurs divisions pour déposer une motion de censure commune sur l’affaire Benalla. Fait inédit depuis 1980, deux motions simultanées avaient alors été défendues, LR en ayant aussi déposé une. C’était alors la première fois que l’opposition avait recours à cette procédure depuis l’élection d’Emmanuel Macron.

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