Un drone d’Alphabet transportant son chargement / Alphabet

Il y avait longtemps que l’on n’avait pas entendu parler du projet Wing d’Alphabet. La maison mère de Google a lancé depuis 2014 un vaste programme visant à constituer un maillage opérationnel de livraison par drone à destination des particuliers. Après avoir testé la distribution de produits divers et variés (fast-food, produits pharmaceutiques…) dans le sud-est de l’Australie, la société vient d’annoncer qu’une nouvelle expérimentation grandeur nature débutera au printemps 2019 en Finlande, dans la région d’Helsinki.

Le choix de cette destination est dicté, selon Alphabet, par l’intérêt supposé des Finnois pour le projet, « reconnus comme étant les premiers à accueillir les nouvelles technologies ». Mais aussi par la volonté de tester la livraison dans des conditions climatiques particulières. « Nous sommes confiants sur le fait que si nos drones peuvent livrer là-bas ils pourront le faire n’importe où ensuite », assure Alphabet.

En réalité, il semble que l’attitude plutôt favorable des autorités finlandaises face aux projets impliquant des drones ait au moins autant pesé que les considérations climatiques. L’expérience qu’Alphabet prévoit d’engager en Finlande doit aussi permettre de tester les conditions de livraison dans un milieu autrement plus dense que le bush australien. D’ores et déjà, un site Internet a été lancé pour recueillir les souhaits des futurs clients intéressés par l’éventualité de se faire livrer par drone.

« Une empreinte carbone vingt-deux fois inférieure » L’objectif du projet Wing est d’assurer des livraisons par voie aérienne avec un temps de parcours inférieur à dix minutes, en passant des accords avec des distributeurs locaux et en utilisant une application ad hoc. L’entreprise assure avoir réalisé jusqu’à présent quelque 55 000 opérations auprès de particuliers et estime que son approche se caractérise par « une empreinte carbone vingt-deux fois inférieure » aux modes de livraison classiques. Les drones utilisés, qui peuvent transporter des chargements de 1,5 kilo maximum, sont équipés d’une poulie permettant de descendre au sol un paquet devant le domicile du client.

BURRITOS BY DRONE! We’re teaming up with Project Wing to fly burritos!
Durée : 02:50

Alphabet, après avoir testé plusieurs configurations, semble avoir opté pour des drones assez lourds – on considère généralement qu’un appareil peut transporter une charge équivalente au tiers de son poids – présentant une structure de VTOL (Vertical Take-Off and Landing) et capables de décoller et d’atterrir comme un hélicoptère puis de voler comme un petit avion.

Pas vraiment discret – La structure est assez complexe ; l’engin, outre les deux hélices qui lui permettent de voler horizontalement, peut en compter jusqu’à douze autres afin d’assurer son décollage et son maintien en vol stationnaire au moment de la dépose du chargement. Un drone VTOL présente l’avantage de voler beaucoup plus vite et de disposer d’une autonomie sensiblement supérieure à celle d’un multicoptère conventionnel. Revers de la médaille : toutes ses hélices ne contribuent pas à sa discrétion acoustique. Un désagrément qui a, semble-t-il, fait l’objet de récriminations.

Enfin, les tests engagés par le projet Wing visent à peaufiner la capacité des drones, dotés de capteurs, à se repérer lors de leurs déplacements, gérés en mode autonome, et éviter les obstacles fixes. Plus largement, il s’agit aussi d’avancer dans la mise en place d’un système de régulation du trafic des drones en liaison avec les autorités en charge de l’aviation civile.

Dans ce domaine, Alphabet-Google cherche à faire d’une pierre deux coups : sécuriser son réseau de livraison tout en jetant les bases d’un système de gestion du trafic aérien à basse altitude (150-300 m) qui pourrait ultérieurement se généraliser. La conception de tels réseaux fait l’objet d’une intense compétition entre de nombreuses entités, comme la NASA ou Thales.