Des bougies déposées près du marché de Noël à Strasbourg, en hommage aux victimes, le 12 décembre 2018. / Sebastian Gollnow/picture-alliance/dpa/AP Images

Des centaines de bougies, des mots, des dessins d’enfants, des fleurs… Malgré un froid vif, de nombreux Strasbourgeois et touristes s’arrêtent quelques instants pour se recueillir au pied de l’imposante statue du général Kléber, en plein centre de Strasbourg, jeudi 13 décembre. Professeur d’espagnol au lycée René-Cassin, Soraya Elbyari dépose des petits mots rédigés par ses élèves sur cet autel improvisé d’hommage aux victimes de la fusillade de mardi (au moins trois morts, une personne en état de mort cérébrale et douze blessés) : « Le marché de Noël ne sera plus pareil, mais il est important de montrer qu’on est ensemble. »

« [Mes élèves] étaient choqués, il y avait de la haine, de la tristesse. On n’a pas fait cours, ils avaient besoin de parler. Beaucoup ont pleuré alors que ce sont des grands, des lycéens », raconte l’enseignante.

« Tous unis contre la barbarie »

« Je suis Strasbourg », « Nos pensées vont aux victimes », « Tous unis contre la barbarie », ou « Je suis musulman et je condamne d’une fermeté absolue, ce n’est pas ça l’islam », peut-on lire sur les mots laissés par les passants. Toutes les illuminations de la ville ont été éteintes et le grand sapin de 30 mètres de haut qui domine la place Kléber n’est plus éclairé.

« Je suis Strasbourg », dans les rues de la ville alsacienne. / Christophe Ena / AP

La fermeture, mercredi, de l’emblématique marché a plongé les rues de la capitale alsacienne dans une torpeur inhabituelle. Beaucoup s’étonnaient cependant que les volets des 300 chalets de bois restent encore clos jeudi. Le maire de la ville, Roland Ries, souhaitait le rouvrir. Mais le préfet du Bas-Rhin, Jean-Luc Marx, a estimé qu’avec l’assaillant toujours en fuite, les conditions de sécurité n’étaient pas réunies.

« Aujourd’hui, on a pas mal de visiteurs et les gens sont surpris que le marché de Noël ne soit pas ouvert », affirme Nadia Boes, conseillère en séjour à l’office du tourisme, au pied de la cathédrale où un temps de prière œcuménique est prévu à 18 heures. Les nombreuses patrouilles de policiers et militaires dans les rues du centre semblent rassurer. « On ressent beaucoup plus de tristesse que d’inquiétude », relève-t-elle.

Minute de silence dans les institutions

Les institutions rendent également hommage aux victimes. Le Parlement européen, qui siège cette semaine à Strasbourg, a observé une minute de silence mercredi. A Paris, le Sénat a observé un moment de recueillement jeudi, comme l’Assemblée nationale la veille. Dénonçant « une lâche attaque terroriste » et appelant à « rester unis », son président Gérard Larcher a adressé « au nom du Sénat tout entier » ses « sincères condoléances aux familles des victimes ». A l’Assemblée nationale, des hommages émus venant de tous les bancs ont suivi celui du président Richard Ferrand.

Le club de football local, le Racing club de Strasbourg, a décidé lui aussi de saluer la mémoire des victimes et « de marquer [son] attachement à [sa] ville », a souligné jeudi son président et ancien international, Marc Keller. Les joueurs de Strasbourg évolueront samedi à Reims avec un maillot spécial, vierge de toute publicité, dans le cadre de la 18e journée de Ligue 1.