LES CHOIX DE LA MATINALE

En cette fin de semaine, « La Matinale du Monde » vous propose, entre autres, d’admirer les impressionnantes marionnettes à taille humaine de la compagnie Plexus Polaire au Carreau du Temple ; de voir en tableaux le déclin de la République de Venise au Grand Palais ; d’assister à une représentation de cuisine en direct au Théâtre de Sartrouville et des Yvelines…

FILM D’ANIMATION. « Rezo », de Leo Gabriadze, au Forum des images

« Rezo », film d’animation de Leo Gabriadze. / BAZELEVS STUDIO

Un film merveilleux est projeté une seule fois, le vendredi 14 décembre, au Forum des images : Rezo, de Leo Gabriadze. C’est un voyage dans le temps de l’enfance du marionnettiste géorgien Rezo Gabriadze, dont Ramona, le dernier spectacle, a illuminé le Festival d’Avignon. On y voyait deux locomotives soviétiques tomber amoureuses l’une de l’autre, et se chercher, à travers les montagnes et les plis de l’histoire.

Il y avait du rêve et de la folie, de la fantaisie et une poésie comme seul Rezo Gabriadze sait en donner à ses marionnettes. Ce n’est pas sans raison que l’on appelle « l’ange de Tbilissi » cet homme de 82 ans, dont Rezo nous dessine le portrait. Pour ce faire, son fils Leo a animé les dessins de son père, qui est aussi peintre, scénariste et sculpteur.

On entre ainsi dans un monde enchanté et mélancolique, où un enfant prend les chemins de traverse pour aller à l’école, où une fourmi pleure sur une terre rouge du sang de la guerre, où la fiction toujours embrasse la réalité, dans un mouvement qui ressemble à une valse sans fin du temps. Brigitte Salino

« Rezo », de Leo Gabriadze (1 h 03). Dans le cadre de la 16e édition du Carrefour du cinéma d’animation. Forum des images, au Forum des Halles, Paris 1er. Tél. : 01-44-76-63-00. Tarifs : 5 € et 6 €. Le 14 décembre à 17 h 30.

MARIONNETTES. La « Chambre noire », de Plexus Polaire, au Carreau du Temple

« Chambre noire », de et avec Yngvild Aspeli (compagnie Plexus Polaire). / BENOÎT SCHUPP

En s’inspirant du roman de la Suédoise Sara Stridsberg, La Faculté des rêves (2006), la metteuse en scène, comédienne et marionnettiste norvégienne Yngvild Aspeli (compagnie Plexus Polaire) retrace le destin tragique de Valerie Jean Solanas, l’intellectuelle féministe américaine, auteure du manifeste S.C.U.M. (Society for Cutting Up Men), publié en 1967, qui s’illustra en tentant d’assassiner Andy Warhol.

Pour incarner cette figure complexe, au visage double, à la fois démentiel et visionnaire, Yngvild Aspeli mêle habilement marionnettes portées, à taille humaine, projections vidéo et musique live (avec percussions et synthétiseur). Elle dresse le portrait saisissant et dérangeant d’une femme hors du commun, entre féminisme et folie – Valerie Jean Solanas fut internée à plusieurs reprises dans des hôpitaux psychiatriques. Cristina Marino

« Chambre noire », de et avec Yngvild Aspeli (Cie Plexus Polaire). Au Carreau du Temple, 2, rue Perrée, Paris 3e. Avec Le Mouffetard – Théâtre des arts de la marionnette. Tarifs : 10 €, 13 €, 15 € et 20 €. En anglais surtitré. Les 14 et 15 décembre à 19 h 30, le 16 décembre à 17 heures.

LYRIQUE. La solaire Pretty Yende en récital, au Théâtre des Champs-Elysées

La soprano sud-africaine Pretty Yende, donnera un récital au Théâtre des Champs-Elysées, le 15 décembre. / GREGOR HOHENBERG / SONY MUSIC

La Sud-Africaine Pretty Yende possède un véritable trésor vocal. Un timbre à la fois ambré et lumineux, riche, soyeux, dense. Une vocalité rayonnante au charme irrésistible, des graves capiteux, des aigus dardés comme des lames de feu, la chaleur du soleil et l’attraction de la lune. Avec cela, un souffle qui semble inépuisable, une ligne d’un galbe et d’une homogénéité exceptionnels.

Les grandes scènes lyriques en ont fait leurs choux gras, à commencer par le Metropolitan Opera de New York où elle a fait ses débuts en 2013 dans Le Comte Ory, de Rossini, aux côtés de Juan Diego Florez, tandis que Paris la sacrait reine du bel canto, d’abord dans Le Barbier de Séville et plus encore dans Lucia di Lammermoor, de Donizetti, dont elle fit un triomphe. Pour son récital au Théâtre des Champs-Elysées, la soprano a choisi Haendel et Mozart. Marie-Aude Roux

Récital Pretty Yende (soprano), La Cappella Gabetta, Andrès Gabetta (direction). Théâtre des Champs-Elysées, 15, avenue Montaigne, Paris 8e. Tél. : 01-49-52-50-50. Tarifs : de 33 € à 104 €. Le 15 décembre à 20 heures.

EXPOSITION. La fin de la République de Venise, au Grand Palais

Détail de « Scène de carnaval » ou « Le Menuet » (1754-1755), de Giandomenico Tiepolo, huile sur toile, 80,5 x 105 cm. / RMN-GRAND PALAIS (MUSÉE DU LOUVRE) / FRANCK RAUX

Au Grand Palais, à Paris, une exposition retrace la période qui précéda le déclin de la Sérénissime, au XVIIIe siècle. Déclin économique, déclin artistique (Canaletto, Piazzetta ou les Tiepolo père et fils sont bons, mais pas comparables aux Titien, Tintoret ou Véronèse qui les ont précédés), mais aussi déclin moral.

Paradoxalement, c’est ce dernier qui fait de Venise la principale destination des « touristes » de l’Europe d’alors : le carnaval y dure six mois, les courtisanes – nombreuses – y jouissent d’une réputation non usurpée, les théâtres se multiplient, on joue de la – bonne – musique partout. Des derniers feux qui s’éteindront, et la République avec eux, sous la pression des troupes du général Bonaparte, et la démission du dernier Doge, le 12 mai 1797. Harry Bellet

« Eblouissante Venise ! Venise, les arts et l’Europe au XVIIIe siècle », galeries nationales du Grand Palais, Paris 8e. Tarif : 14 €. Jusqu’au 21 janvier 2019.

DANSE. La fête pour tous avec Freestyle, à La Villette

Affiche (détail) de l’évènement Freestyle à La Villette. / DR

Pour la quatrième édition de l’évènement Freestyle, La Villette met en avant l’élan du participatif et de la fête pour tous avec une soirée d’ouverture Open Mode animée par des DJs en tout genre et une équipe de danseurs de choc, La Mona Dance Team.

Des ateliers et des stands de jeunes créateurs, influencés par la culture japonaise, des expositions, seront ouverts pendant toute la durée de la manifestation.

Freestyle, qui soutient la danse hip-hop, Double Dutch, Dancehall Fit, le street-art et la glisse, avec une rampe de skate pour les acrobates et même un parcours pour les trottinettes, présente aussi un concours I Love This Danse Kids. Des cours, des initiations, des battles et même un Little Freestyle à partir de 18 mois. L’ambiance est chaleureuse, entre copains, et en famille. Gratuit par-dessus le marché. Rosita Boisseau

Freestyle. Grande Halle de La Villette, 211, avenue Jean-Jaurès, Paris 19e. Tél. : 01-40-03-75-75. Gratuit. Du 14 au 16 décembre.

THÉÂTRE D’OBJETS. Bienvenue en « cuisine », au Théâtre de Sartrouville et des Yvelines

« Ma cuisine », mise en scène de Sylvain Maurice, avec Laurent Grais, Nadine Berland et Brice Coupey. / ELISABETH CARECCHIO

Avec Ma cuisine, son spectacle créé le 10 décembre au Théâtre de Sartrouville et des Yvelines-Centre dramatique national (CDN), le metteur en scène Sylvain Maurice (avec l’aide d’Aurélie Hubeau, de Thomas Quillardet et de Philippe Rodriguez-Jorda, pour le texte) convie le public à un mélange insolite de théâtre d’objets, de cuisine, de vidéo, de récit de vie et de musique.

Sur scène, le comédien et marionnettiste Brice Coupey prépare une série de plats en direct, le temps de la représentation, entouré d’un musicien, le batteur Laurent Grais, qui utilise, entre autres, des ustensiles de cuisine comme instruments, et d’une comédienne, Nadine Berland, qui raconte des histoires et lit des cartes postales (et parfois chante).

Grâce au recours à la vidéo permettant de multiplier les angles de vision, tantôt sur les aliments travaillés, tantôt sur le ou les préparateur(s), le spectacle prend une dimension originale et très concrète. Avec en prime, pour les gourmands, une dégustation des plats préparés à la fin de chaque représentation. C. Mo.

« Ma cuisine » (création 2018), texte et mise en scène : Sylvain Maurice. Théâtre de Sartrouville et des Yvelines-CDN, place Jacques-Brel, Sartrouville. Tél. : 01-30-86-77-79. Les lundi et mardi à 20 h 30, le jeudi à 19 h 30, le vendredi à 20 heures, le samedi à 18 heures. Jusqu’au 20 décembre.

MUSIQUES. Winter Camp Festival, à La Bellevilloise et à La Maroquinerie

Affiche (détail) du Winter Camp Festival. / DR

Dans sa note de présentation, le Winter Camp Festival indique son attention aux « musiques actuelles émergentes ». Lesquelles, dans la programmation de la 6e édition de ce festival parisien, organisée à La Bellevilloise et à La Maroquinerie, peuvent être aussi bien « la danse tribale et tropicale en club, la scène pop anglaise, la scène féminine soul/hip-hop, le free jazz… »

Une invitation à la découverte et à la confrontation des approches, avec notamment pour les deux derniers jours MILK Live Music, mené par Yannis Philippakis du groupe Foals, l’électro un rien minimaliste mais dansante de Dagga Domes (Maroquinerie, 14 décembre), les rappeuses Flohio et Lean Chihiro, le DJ Yuksek (Bellevilloise, 14 décembre), Bruxas, Meridian Brothers et le Supersonic de Thomas de Pourquery (Maroquinerie, 15 décembre). Sylvain Siclier

Winter Camp Festival à La Bellevilloise, 19-21, rue Boyer, et à La Maroquinerie, 23, rue Boyer, Paris 20e. Mo Gambetta. Vendredi 14 et samedi 15 décembre à 20 heures. 22 €. Soirée Winter Camp Clubbing à La Bellevilloise, à partir de 23 h 55, le 14 décembre. 17 €.

RÉCIT. « Le Petit Prince » en langue des signes, à l’International Visual Theatre

« Le Petit Prince », d’après Antoine de Saint-Exupéry à l’International Visual Theatre (IVT). / INTERNATIONAL VISUAL THEATRE (IVT) / VINCENT QUENOT

Afin de rendre accessible aux enfants sourds le célèbre conte d’Antoine de Saint-Exupéry, l’International Visual Theatre (IVT) et le metteur en scène Hrysto (avec Ludovic Ducasse et Delphine Leleu) ont décidé de l’adapter en langue des signes française (LSF).

Fidèle à l’esprit du texte de Saint-Exupéry, enfantin et naïf en apparence, mais riche en significations cachées, cette adaptation invite à s’interroger sur des valeurs fondamentales que l’on a souvent tendance à oublier en grandissant : l’amitié, l’amour, l’imagination, la franchise, etc. L’occasion de partager une soirée entre sourds et entendants autour de ce récit poétique. C. Mo.

« Le Petit Prince » (création 2018), d’après le texte de Saint-Exupéry. Mise en scène : Hrysto. International Visual Theatre (IVT), 7, cité Chaptal, Paris 9e. Tél. : 01-53-16-18-18. Tarifs : 9 €, 12 €, 15 € et 24 €. Le mercredi à 15 heures, le jeudi à 19 heures, le vendredi à 20 heures, le samedi à 18 heures et le dimanche à 16 heures. Jusqu’au 20 décembre.