Pas de ministre des finances de la zone euro, ni de Fonds monétaire européen, mais un premier pas vers la construction d’un budget européen. Les dirigeants de l’Union européenne (UE) réunis à Bruxelles vendredi 14 décembre se sont entendus sur la création d’un instrument budgétaire pour les 19 pays ayant adopté la monnaie unique.

Après dix-huit mois de débats acharnés entre les ministres des finances, ces avancées permettront de renforcer le système financier européen, mais restent moins ambitieuses que la vaste refonte de l’union monétaire défendue par la France.

Faciliter la convergence

Les ministres européens se sont vu confier un mandat pour s’accorder d’ici à juin 2019 sur les caractéristiques essentielles de ce budget de la zone euro, prudemment appelé « instrument budgétaire » afin d’apaiser les inquiétudes des pays les plus réticents.

Ce budget, dont le montant reste à déterminer, doit s’inscrire dans le cadre du budget pluriannuel de l’UE. Il aura pour objet de faciliter la convergence des 19 pays ayant adopté la monnaie unique.

« Il y a un an, beaucoup considéraient que c’était impossible. Ces dernières semaines, nous avons pu convaincre nos partenaires les plus réticents », s’est félicité vendredi Emmanuel Macron. Le résultat est pourtant bien loin de son projet : le président français souhaitait un budget propre à l’Union monétaire de plusieurs dizaines de milliards d’euros, avec une fonction stabilisatrice pour venir en aide aux pays ayant subi un choc économique.

La plupart des réformes approuvées vendredi avaient été validées au préalable par la France et l’Allemagne, moteurs de l’unité européenne, qui représentent près de la moitié de l’économie de la zone euro.

Le Mécanisme européen de stabilité élargi

Le processus s’est ensuite enlisé en raison de l’affaiblissement du gouvernement allemand et de l’irritation de petits Etats européens. Emmenés par les Néerlandais, ces pays craignaient que l’avenir de l’UE soit dicté par les plus grandes puissances du bloc. S’ils totalisent à eux tous le même PIB que la France, leur influence s’est accrue ces derniers mois, avec l’appui discret de Berlin, contribuant à revoir largement à la baisse les ambitions pour la zone euro.

Le premier ministre néerlandais, Mark Rutte, s’est réjoui qu’un « compromis ait pu être trouvé avec des éléments de la proposition des Français et d’autres » pays, même si certains auraient aimé qu’on « aille beaucoup plus loin ». « Nous avançons, mais pas assez rapidement », a pour sa part regretté le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker.

Autre volet de la réforme, un accord sur l’extension des responsabilités du Mécanisme européen de stabilité (MES), le pompier des pays de la zone euro qui connaissent de graves problèmes d’endettement, a été bien plus facile à obtenir. Ce MES se verra doté de nouveaux pouvoirs pour évaluer la situation économique des pays, en coopération avec la Commission. Il deviendra aussi une sorte de prêteur en dernier ressort pour les banques en grande difficulté.