Le Parti socialiste fait le choix du rassemblement. A près de cinq mois des élections européennes, la formation se dit prête à chercher l’union avec les autres partis de gauche (hors La France insoumise, LFI) pour faire liste commune. Samedi 15 décembre, en clôture d’un Conseil national, le parlement du PS, le premier secrétaire Olivier Faure a estimé qu’il était de la « responsabilité » du parti « de contribuer de toutes [ses] forces » à cette unité.

Si les échanges s’avèrent fructueux, ce serait la première fois que le Parti socialiste ne présente pas de liste en son nom propre. Mais tout est dans le « si »… Le plus dur reste en effet à faire : parvenir à rassembler tous ceux qui, à gauche, comptent s’investir dans l’élection – Génération. s, fondé par Benoît Hamon ; le Parti communiste ; Europe écologie-Les Verts (EELV) ; mais aussi Place publique, le mouvement du philosophe Raphaël Glucksman.

« Sortir des égoïsmes »

« La gauche est fragmentée comme jamais » et le rassemblement est « difficile, peut-être même impossible à ce stade », a reconnu M. Faure samedi « mais je ne veux pas que nous devions en porter la responsabilité ». Ce « combat », a-t-il souligné, « suppose de sortir des égoïsmes, des luttes de clan et d’ego ».

« [Aux européennes], seuls, les uns et les autres, nous ferons tous entre 2 et 10 %. Parfait. Parfait pour l’extrême droite qui sera la seule alternative parce que, eux, ils sont au-delà de 20 %, voire de 30 %. Parfait pour le pouvoir actuel qui dans une défaite pourra encore prétendre qu’il est le rempart contre le chaos. Mais à gauche où sera la victoire ? »

Le chef des socialistes a notamment fait un clin d’œil appuyé à M. Hamon, qui a quitté le PS en juillet 2017, en demandant à « sortir des divisions [qui sont] artificielles pour la plupart puisque nous étions dans le même parti il y a quelques mois encore ». Benoît Hamon, qui s’est lui-même déclaré candidat aux européennes, exclut en effet toute alliance avec ses anciens camarades. « Il ne faut pas agréger tous les contraires pour que chacun sauve sa peau », disait-il dans une interview au Monde le 6 décembre.

Convaincre Yannick Jadot, candidat d’EELV aux européennes, s’apparente également à une mission impossible : l’écologiste a déjà prévenu qu’il n’entendait pas participer à une alliance de gauche.

Réunion avec Place publique

Le PS regarde de près les sondages, qui le placent systématiquement en mauvaise posture. En revanche, une étude commandée à l’Ifop par Place publique place une liste d’union à 14 %, devant LFI (11,5 %) et tout près de la liste LRM-MoDem (15 %). « On a une responsabilité collective, expliquait Olivier Faure plus tôt cette semaine. Au moment où la popularité d’Emmanuel Macron est au plus bas, est-ce qu’on peut challenger un parti présidentiel à 15 % ? Nous, on dit oui. »

« Favorable à toutes les initiatives visant au rassemblement de la gauche pro-européenne, écologiste, réformiste », M. Faure se rendra à une réunion organisée par Place publique le 20 décembre. Le mouvement a invité ce jour-là toutes les forces de gauche à « débattre et proposer ensemble des solutions rapides et durables » pour sortir de la crise sociale.

M. Faure assure que dans le même temps, les discussions avec Ségolène Royal en vue des européennes, se poursuivent. L’ancienne ministre de l’écologie n’exclut pas de prendre la tête d’une liste qu’elle souhaite élargie et fera connaître sa décision fin janvier. Mais la candidate à la présidentielle de 2017 est un chiffon rouge pour nombre de possibles partenaires du PS.

Il y a un mois, le porte-parole de Génération. s, Mehdi Ouraoui, a ainsi qualifié Mme Royal et François Hollande de « duo toxique » et de « glyphosate de la gauche » – des propos qui ont plus qu’irrité l’intéressée. Avant, peut-être, de se rassembler, la gauche va devoir apprendre à se parler.