Un hommage à la militante des droits de l’homme et élue municipale de Rio, Marielle Franco, assassinée en mars. A Sao Paulo, le 10 décembre. / NACHO DOCE / REUTERS

L’élue brésilienne Marielle Franco, assassinée en mars à Rio de Janeiro, a été tuée par des groupes criminels car elle menaçait leurs intérêts dans des affaires d’appropriations foncières illégales. C’est ce qu’a affirmé vendredi 14 décembre un responsable de la sécurité de l’Etat de Rio.

« Elle se battait dans une zone contrôlée par des miliciens, où des intérêts économiques de toutes sortes sont en jeu », a expliqué le général Richard Nunes, dans un entretien au quotidien Estado de S. Paulo. Et ce dernier d’assurer que c’est ce qui a conduit au meurtre de la conseillère municipale et de son chauffeur.

Selon le général Nunes, les milices, des groupes para-policiers formé d’agents ou d’ex-agents de sécurité, ont de nombreux intérêts fonciers dans les favelas. « Il y a de graves problèmes d’urbanisation et d’occupation de terres », notamment dans les quartiers ouest de Rio.

Marielle Franco se battait pour « sensibiliser » les gens de ces quartiers sur la question de la propriété foncière. « Cela a causé de l’instabilité et c’est là que arrivons » à son assassinat, a ajouté M. Nunes.

Tentative de blocage des investigations

Marielle Franco, une conseillère municipale de Rio de Janeiro fortement engagée contre le racisme, l’homophobie et la violence policière a été abattue dans sa voiture avec son chauffeur le soir du 14 mars. Elle avait 38 ans. Depuis, plusieurs suspects ont été arrêtés, mais l’enquête piétine.

Les autorités fédérales soupçonnent notamment l’existence d’une organisation de « fonctionnaires et miliciens » qui cherchent à bloquer les investigations sur ce meurtre. Une deuxième enquête sur ces soupçons a été ouverte.

Jeudi, la police civile de Rio a lancé plusieurs mandats d’arrêt et ordonné des perquisitions. Le conseiller municipal Marcello Siciliano, qui pourrait avoir planifié l’assassinat avec un ancien policier, a été interrogé vendredi.

Un rapport de la police civile de Rio, diffusé jeudi dans la presse, a aussi révélé que des miliciens avaient élaboré un plan pour assassiner le député Marcelo Freixo (PSOL, gauche), mentor politique de Marielle Franco et promoteur d’une enquête parlementaire qui, en 2008, avait démasqué les puissantes milices.

Brésil : l'assassinat de la militante Marielle Franco suscite une vague d'indignation sans précédent
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